Papier Novembre 2006

 

 

 

DES FRUITS DE LA PRIERE « FETEZ DIEU » A SAINT-MERRI
Quelques résultats d’une enquête

« A nouveau en communion, ce que je ne parvenais plus à vivre dans d’autres églises, m’y sentant « déplacé »… »

A Saint-Merri, qu’avez-vous fait de vos sœurs et de vos frères homosexuels ? (cf. Gén. 4, 9 et 10). Chacune, chacun pourra donner une réponse personnelle, mais vous avez déjà donné une réponse collective à cette question : vous avez ouvert les portes de votre église - et le bâtiment, et la communauté - à ces SDF de la spiritualité généralement ignorés, quand ils ne sont pas exclus des communautés chrétiennes. Vous avez répondu à leur besoin essentiel d’être reconnus et accueillis en tant que groupe dans leur spécificité, et non seulement en tant qu’individus dispersés et fondus dans l’anonymat de la masse qui masque la gêne aussi bien de l’accueilli que de l’accueillant.
Sous l’appellation de « Fêtez Dieu », depuis plusieurs années l’association David et Jonathan anime une soirée de prière à Saint-Merri chaque deuxième vendredi du mois. Une enquête a été menée cette année auprès des participants à Fêtez Dieu. Des 50 questionnaires distribués, 39 nous sont parvenus en retour. Voici quelques réponses à la question sans doute la plus importante : « Qu’est-ce que je retire de la soirée de prière ? »
* sur le plan personnel : l’apaisement, le réconfort. « Un moment spirituel très fort », « je vais mieux, plus en accord avec ma foi et avec moi-même », « c’est là que je peux souligner les aspects positifs et heureux de ma vie », « source de réconfort », « je me sens plus tranquille », « un temps de grâce », « quasiment mon seul rendez-vous avec Dieu ; j’ai du mal à prier tout seul », « cela me sert à approfondir ma foi », « un temps de paix intérieure, de nourriture spirituelle ».
* sur le plan collectif : l’authenticité, le sentiment de communion, la joie intérieure partagée.
« Faire, enfin, partie d’une communauté où l’on est vraiment soi », « une concrétisation de ce que je suis venu chercher à David et Jonathan », « un moment de sincérité en commun », « sentiment d’appartenance à un même corps ; on n’est pas chrétien tout seul », « heureux de rencontrer et de partager un moment de spiritualité avec des gays », « ambiance chaleureuse, faire Un », « apprendre à découvrir et à partager la prière des autres », « à nouveau en communion, ce que je ne parvenais plus à vivre dans d’autres églises, m’y sentant « déplacé »… », « Enrichissement et diversité des sensibilités », « ne plus être seul dans la foi », « prière joyeuse, non lénifiante », « je sens quelque chose de fort que je ne peux pas expliquer », « le Notre Père, la prière des prières, reste le moment le plus fort vécu avec mes frères homos croyants », « Merci à tous de me permettre de les rencontrer avec leurs doutes, leurs souffrances, leurs espérances… »
David et Jonathan vous offre ce bouquet de témoignages qui représentent autant de raisons d’espérer

Gerardo RAMOS

QUELQUES INFORMATIONS SUR » LA MAISON DE SAINT MARTIN DE PORES »
A MONTEVIDEO EN URUGUAY


A proximité de la paroisse de « Notre Dame du rosaire et Saint Dominique » se trouve un hôpital, où des femmes du monde rural amènent leurs enfants pour des soins.
Cela pause un problème financier grave, puisque ce pays ne dispose pas de régime de sécurité sociale, à part quelques aides ponctuelles, ni de structure d’accueil pour les mamans.
Le groupe de pastorale sociale de la paroisse, mesurant la précarité de la situation, a créé
la « Casa », en 2001, afin d’accueillir celles qui sont sans ressource.
La maison, proche de l’hôpital, est louée.
Au début, la « Casa » fonctionnait comme un foyer de nuit, puis, sous la pression de la demande elle a été ouverte également dans la journée.
Un personnel permanant aide les mères à assumer et à améliorer leur situation familiale.
Par exemple : inculquer des notions d’hygiène pour certaines et création de groupes de parole permettant aux femmes d’exprimer leur souffrance devant la maladie ou la mort de leurs enfants
(le taux de mortalité infantile : 13.1, en France : 5)

Un extrait d’une des lettres envoyées par une mère au personnel et aux résidentes de la « Casa » témoigne de l’importance de cet accueil :

« Bonjour, comment allez-vous ? Je désire de tout cœur que tout marche vraiment très bien. Je vous précise que j’ai reçu les 2 lettres : celle de Milica et celle que vous avez toutes signée. Vous ne pouvez pas imaginer le plaisir qu’elles m’ont fait. Je me suis sentie tellement réconfortée de savoir qu’entre nous restent un bon souvenir et une réelle amitié. Vous savez ?

Il y a des soirs où je voyage dans l’imaginaire et je vous vois chacun et c’est tellement agréable de me souvenir de tout ce que j’ai vécu là-bas : ce fut très intense, très difficile et dur. Mais les bons moments ont tellement amorti que je me sens apaisée. Je suis de celles qui pensent que la mort ne me sépare pas de mon fils, parce que je le vois, je l’écoute et je le sens tellement en moi que parfois quand je me penche c’est comme si je le sentais endormi contre moi. Ne croyez pas que ça me fasse mal. Je ne comprends pas pourquoi tout cela m’est arrivé mais je veux vous dire que maintenant ma famille entière a mûri complètement. Nous sommes tous très unis. Nous nous parlons mais le plus important est que nous nous écoutons. Alors je pense que tout ce que nous avons vécu et souffert n’a pas été vain.

Wilma, on regrette tes grognements pour la propreté et ton éternelle préoccupation pour savoir si j’avais mangé. C’était bon de savoir que quelqu’un s’en préoccupait. Cela m’aidait à ne pas me sentir si seule.
Carmen, la nuit avant les évènements, je ne sais si tu t’en souviendras, quand je dansais et chantais avec la petite fille de Julia parce que je sentais que le lendemain tout serait différent et tu sais que ce fut ainsi. Santiago n’a pas survécu, mais à présent je sais qu’il est dans un lieu bien meilleur et qu’il ne souffre plus. A ce moment-là, je ne le savais pas. Mais maintenant, si ! Milka, ton caractère joyeux et ce rire contagieux et ces moments de « saine folie »comme tu les appelais furent très bons et apaisants bien souvent. C’est pour ça et pour beaucoup de choses qu’aujourd’hui je vous dis « merci, merci beaucoup pour être ce que vous êtes et ce que vous avez été avec moi ». Embrassez beaucoup toutes les mamans que j’ai connues, affections toutes particulières, un million de baisers et plaise à Dieu que je puisse vous voir bientôt ! Ani »

A l’origine, en 2001, les frais de fonctionnement étaient pris en charge par les cotisations de la communauté paroissiale, sous forme d’abonnement, à cela j’ajoutais la contribution de la congrégation des dominicaines. Rien n’a été demandé aux familles afin de ne priver personne de l’accueil. Mais il arrive souvent que les mamans fassent des dons en nature pour remercier de l’aide reçue (nourriture, couvertures, jouets…)

En 2002 le pays a subi une forte crise économique qui fait qu’un bon nombre de cotisants se sont trouvés dans l’incapacité d’honorer leur participation.
Des recherches de compensation d’aides ont été partiellement trouvés par des dons d’entreprises et d’institutions. (l’état ne verse rien…) Il reste malgré cela un déficit.

La commission partage a décidé d’apporter son soutien à cette cause, sa mission étant d’établir des liens avec des communautés d’horizons les plus divers.
Plus que la modestie de l’aide financière, ce don a pour signification un soutien d’espérance pour que des êtres soient debout, vivants, ici et ailleurs.

Thérèse GARNIER et Marie-Hélène PERROT

LA COMMISSION PARTAGE EN 2007


Pour 2007, la commission partage a décidé :

- d'arrêter de soutenir le projet de l'ASOPEC en Bolivie, d'une part parce que cela faisait 4 ans que nous le soutenions, et d'autre part suite à une lettre de notre correspondante là-bas que nous avons publiée dans "le papier" de juin 2006 .
- de ne pas soutenir de nouveau projet en Inde. Notre engagement pour 2006 était de permettre à Sitha Dairy de terminer un programme d’aide à des pêcheurs qui avaient tout perdu suite au tsunami et qui n’avaient pas d’autres choix que de retourner dans les terres et prendre une activité agricole.
- de continuer à financer pour la 3ème année, avec le Collectif des sans papiers du 19ème arrondissement, le projet de construction d'une école à Monea au Mali. Cette école a été inaugurée en octobre mais il y a encore de grands besoins d'équipements.
-
Une nouvelle projection du film Foroba qui raconte la vie des immigrés de Monea ici et la vie de ceux qui sont restés là-bas est prévue avec les groupes Ado.12-15 ans et Jeunes 16-18 ans de St Merri, projection qui sera ouverte à tous. Elle aura lieu le DIMANCHE 10 DECEMBRE 2006 après la célébration, dans la salle blanche.

- d'aider encore un an la Maison de San Martin de Porres en Uruguay.
- de participer au fonctionnement d'une école dans la banlieue d'Assuncion au Paraguay suite à la rencontre de Luzinha, une religieuse brésilienne, avec qui St Merri a depuis longtemps des liens. Elle a fait partie du Groupe Amérique latine ; elle est intervenue à la rencontre qui a suivi la célébration pour Don Helder Camara le 21 novembre 2004…

Luzinha viendra nous présenter ce projet à l'issue de la célébration le dimanche 26 novembre, de 13h à 14h.

Les membres de la Commission Partage ont encore d'autres projets mais souhaitent que l’ensemble de la communauté du CPHB s’implique en leur faisant des propositions. N’hésitez pas à nous contacter. Merci !


Myriam GLORIEUX pour la Commission Partage

HUMEUR DES CHRYSANTHEMES

Après la Toussaint (nous sommes tous, saints, dit mon ami le pasteur) le jour des morts.
Le plus honoré n’a pas de nom, il repose sous un arc de triomphe : flamme du souvenir, couronnes de fleurs, drapeaux, Chirac, sonnerie aux morts. La République fait bien les choses.
Pendant ce temps, dans le moindre village de France, entre l’église et la mairie, le « monument aux morts » reçoit l’hommage des vivants.
Ceux-là ne sont pas anonymes : longue liste de leurs noms. Si nombreux pour un si petit village ! On a ajouté une liste plus courte, ceux de la dernière guerre.
Je me prends à penser que ces monuments, plutôt fâcheux du point de vue artistique, sont le signe d’une vraie mutation. Avant on élevait une statue aux hommes célèbres. Nous, nous sous souvenons de nos humbles morts, âmes héroïques ou pauvres victimes terrorisées, ils ont nom.
Comme chacune de nous, unique et irremplaçable au regard du Seigneur.

Evelyne BOUFFANAIS


LES CONSOMMATEURS...


C’est souvent avec un certain mépris que l’on parle des consommateurs de St Merri, ceux qui ne s'engagent pas, les parasites en quelque sorte.
Depuis toujours cette attitude me met mal à l’aise, Pourquoi ce rejet ?
Il est tout à fait légitime de ne pas avoir d’engagement ou de ne pas vouloir entrer dans le système (puisqu’il n’est pas nécessaire d’avoir la carte du Parti pour venir !).
Il y a un temps pour tout, n’en déplaise aux moralisateurs de tout poil, un temps où l’on milite, un temps où l’on profite, un temps où l’on écoute et un temps où l’on s’exprime, un temps où l’on accueille et un temps où l’on s’invite et c’est normal !
Oui, il y a des moments - peu importe les motifs et il n’y a pas de jugements à faire - où l’on est vidé, fatigué, la tête pleine des enfants, de soucis, de doutes, de travail, de santé... que l’on ne veut que déposer lors d’un moment privilégié.
Pourquoi ne pas se réjouir de la venue de ces personnes ?

Un des principes fondateurs de la communauté est, que je sache, l’accueil, propos repris sans fin.
Accueil du passant, nécessiteux espérant une aumône ou touriste indifférent à notre foi mais seulement sensible au bâtiment, accueil du mélomane lors des concerts, accueil des sans-papiers, sans-travail, sans-logement : ce sont en quelque sorte nos « pauvres » et l’on s’en glorifierait facilement.
Mais accueillir celui qui traverse Paris, ou plus, parce qu’il souhaite tout simplement participer - consommer - une célébration, dans une communauté d’élection (donc qu’il a choisie volontairement), pour sa forme, ses expressions... parce qu’il s’y trouve bien, parce qu’il peut se décharger, ou recharger ses batteries jusqu’à sa prochaine venue, c’est moins une évidence, pourquoi ?

Ne peut-on admettre qu’on puisse choisir une communauté - une parmi d’autres bien sûr - parce que c’est un endroit où l’on respire, où l’on se construit - reconstruit -, où l’on peut être marginal par rapport aux disciplines de l’Eglise, où l’on ne pose pas de questions, mais où l’on peut se poser, où l’on n’est, normalement, pas culpabilisé, où l’on peut être soi, indépendamment de son histoire, de son statut social, de son identité (vous savez la messe des familles, celle des enfants, celle de tel ou tel groupe, d’un pays d’origine)...

Alors pourquoi ne pas témoigner une tendresse particulière à ceux qui nous apprécient (pour peut-être militer ailleurs, être vivant autrement dans la société), pourquoi ne pas leur trouver une place, ne pas être inventif comme l’amour sait l’être ? Pourquoi ne pas avoir un a priori favorable ? Positivons !
Ne jamais venir aux préparations de messe, ne pas s’inscrire à l’accueil lors de la pastorale d’été, ne pas inviter chez soi lors des réunions de carême, ne pas participer financièrement à la communauté, ne pas, ne pas ... ne sont pas péchés mortels...
Changeons notre regard sur l’autre, le différent, celui pour lequel nous estimons qu’il doit faire un effort (être comme nous). Réjouissons-nous de sa présence, de sa richesse, et donnons sans compter ni attendre de retour.

Il est bien évident que la communauté n’existe que parce que beaucoup s’investissent, réfléchissent, inventent et partagent, ce que tous apprécient à sa juste valeur.
Que l’on n’évoque plus des consommateurs, mais des marcheurs, chacun à son rythme !
Sans doute j’insiste trop, mais je souhaite que la communauté privilégie l’être au faire, pourquoi pas des Marie plus que des Marthe !

Marie-José LECAT-DESCHAMPS


LES MOTS DE LA FOI 2006-2007
En 2004, la communauté a été invitée au cours d’une célébration à citer les mots ou expressions qui disent le mieux sa foi. Regroupés en 7 thèmes, ils ont donné lieu, en 2005, à l’intervention de « spécialistes » : théologien, artiste...
Nous vous proposons, cette année, de poursuivre notre réflexion en communauté autour de : foi-sens de la vie / foi-libération / foi-amour…en commençant le vendredi 8 décembre 2006 à 19h30, sur le lien entre la foi et le sens de la vie.
Marie-Odile BARBIER-BOUVET


Centre Pastoral Halles-Beaubourg 76 rue de la Verrerie, 75004 PARIS Tél. 01 42 71 93 93
Fax. 01 42 71 53 33 www.saintmerri.org - cphb.merri @wanadoo.

 
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