Prises de paroles

 

Veillée pascale

30 mars

" Un monde nouveau est déjà né "

Lectures
• Genèse 1 ~ Ezéchiel 47, 1-12
• Isaïe 55, 1-3a ~ Exode 14
• 1 Corinthiens 5, 17-21 ~ Luc 24, 1-12


Acccueil

Chers amis de près et de loin. Qui que vous soyez, bienvenus !
Bienvenus pour faire Eglise dans la communion entre nous et avec tous les hommes du vaste monde.
Il n’est pas difficile d’être sur la même longueur d’ondes que les ténèbres du Vendredi Saint. Mais nous venons célébrer que la ténèbre et la mort ne sont pas les derniers mots. Nous sommes ici pour célébrer la joie, le printemps, le neuf, le regard insolite, l’eau vive, la création nouvelle, la libération originelle, la vraie.
Ecoutons, chantons, partageons la parole reçue et la table du ressuscité. Vivons !

Jesus Asurmendi

Séquence Genèse - Ezequiel
Et Dieu vit que cela était bon
Du bon ? mais où est-il ? ce qui saute aux yeux c’est le taux de chômage, la guerre au Mali, les morts dans la rue...
C’est sûrement que le bon est «à venir»
Et bien non : ce qui est «bon» est déjà là !
C’est ce que nous dit le récit de la Genèse que nous allons entendre : le bon est déjà là car «créer» ce n'est pas fabriquer ce qui n’existait pas mais c’est établir des relations nouvelles entre ce qui existe déjà mais qui est confondu et chaotique.
Et c’est aussi ce que nous dira Ezequiel à travers cette belle image de l’eau qui coule partout. Il nous dit que la vie naît du bas, de ce torrent qui pénètre partout et qui rend vivant tout ce qu'il touche
Le monde nouveau est déjà là. On attend le modèle économique idéal qui va finir avec le chômage et le modèle politique juste qui va finir avec les guerres. Mais le monde nouveau n'est pas dans ces modèles attendus, il est déjà là, au milieu du chômage et de la guerre, dans chaque geste et chaque relation qui nous fait passer du statut de victime à celui de créateur d'un nouveau possible.
Et Dieu vit que cela était bon

Séquence Isaïe - Exode
Ecoutez et vous vivrez
Ecouter quoi ? les promesses d’un lendemain meilleur ? d’une croissance qui finira par arriver ? et des guerres qui finiront par s’achever ?
Et bien non : il s’agit d’écouter la vie qui fourmille déjà aux entrailles de cette terre dégradée et fatiguée
C’est ce que nous dira Isaïe : la vie vient de l'écoute d’une parole qui comme la pluie pénètre la terre et la fait germer. Ce n'est pas dans le grand projet qui éclate, qui est visible de partout, qui rassure et s'impose comme vérité évidente. Non, c'est dans la parole qui ne fait pas du bruit mais qui perce le coeur.
C’est aussi ce que raconte l’exode : la vie c'est de l'ordre du passage, de la traversée, de la libération. Elle est moins dans le but à atteindre que dans la manière d'y arriver. Chaque liberté intérieure que nous avons conquise, c’est comme une mer rouge que nous avons traversée. On cherche le monde nouveau dans le bon projet, le bon plan d'action, la bonne stratégie, mais il est dans la germination de l’inattendu plutôt que dans la réalisation de ce qui est attendu.
Écoutez et vous vivrez

Séquence Corinthiens - Evangile
Le monde nouveau est déjà né
Mais où est-il ? Dans les usines qui ferment les unes après les autres ? Dans la Syrie déchirée par une guerre sans fin ? Dans nos sociétés de plus en plus individualistes et concurrentielles ?
Eh oui, il est bien là, mais nous ne le voyons pas.
St. Paul nous donne une clé pour le voir, il nous parle de réconciliation. Ça peut sembler étrange, mais j’entends par là qu’il nous invite à sortir de la logique de l'opposition du bien contre le mal (du travail contre le chômage, de la paix contre la guerre, de la coopération contre la concurrence) pour rentrer dans celle de la réconciliation : du bien qui traverse le mal, du nouveau qui émerge, non pas malgré, mais grâce et à ce qui est devenu vieux.
C’est aussi l’invitation de l’Évangile que nous allons ré-entendre : pourquoi cherchez vous le Vivant parmi les morts ? C'est délirant, ça ne tient pas debout. C'est de l'illusion, de la fantaisie, du rêve... Oui, en effet, car c'est de l'inattendu. Nous sommes dans des sociétés où le contrôle et la maîtrise sont des valeurs absolues. Et l'évangile nous dit au contraire : lâchez prise ! Le nouveau est justement là où nous ne l'attendons pas, et il est déjà bien présent parmi nous.
Pourquoi cherchez vous le Vivant parmi les morts ?

Elena Lasida

 

CREDO
Nous croyons en Dieu, force créatrice et joie qui nous met en mouvement.
Nous croyons que Dieu nous a confié le monde et nous appelle à en être co-créateurs.
Que face aux forces de destructions, Il compte sur nous pour remettre l'homme au centre de la création
Nous croyons en Jésus Christ qui est venu sur la terre et qui inscrit notre histoire dans la promesse de Dieu.
Nous croyons que par sa mort et sa résurrection Il nous invite à traverser nos morts quotidiennes pour faire émerger une vie renouvelée et créatrice.
Nous croyons que l'Esprit souffle où Il veut, qu'Il nous libère de tout dogmatisme et nous apprend à croire en accueillant le doute.
Nous croyons que l'Eglise véritable dépasse les frontières des Eglises visibles, que la diversité du monde est constitutive de l'Eglise et qu'aucune institution humaine ne peut s'emparer de ce qui appartient à Dieu seul.
Nous croyons que nous sommes appelés à œuvrer pour la justice, ensemble, là où nous sommes et que le royaume commence ici et maintenant.

RENONCIATION AU MAL
Nous savons que nous sommes confrontés au mal dans nos vies. Nous vivons des moments où nous nous détournons de nos prochains et de Dieu.
Qui un jour n'est pas confronté :
A des sentiments d'égoïsme, de mépris des autres, de rancune.
A la tentation de faire sienne la loi du plus fort,
A une société donnant parfois à ce qui est mal l'apparence du bien.
A une compétitivité pas toujours honnête…
Face à tout ce mal, nous choisissons la Vie et voulons grandir.
En menant une vie droite et responsable pour faire des choix qui ne nous rendent pas complices du
Mal.
En nous efforçant d'ouvrir les yeux et changer le regard sur la misère des autres et en cultivant
Passionnément le sens du partage,
En bâtissant ensemble un monde plus juste, plus solidaire et fraternel
En ayant sur les autres le regard que Dieu a sur nous :
- Miséricordieux
- Prêt au pardon
- Humble
- Soucieux de justice envers tous…

Prière universelle

1. Quand nous gouverne la peur de perdre, pour nous-même, pour nos entreprises, nos pays, nos églises... à l'aide ¦ viens vite nous sortir de là !Et si nos fragilités étaient un appel à ne tracer de croix sur aucun pays, aucune personne. Un appel à moins régenter, à plus de profondeur, de liberté, plus d'humanité, de solidarité ?
Du côté de Rome nous avons été surpris ces derniers temps. Que ça continue !
Ressuscite là-bas, ressuscite en chacun des peuples et en chacun de nous, regards et manières de faire ! Prenons ensemble toute croix, tout chantier de paix à bras le corps. Ta sève n'a d'autre écorce pour y jaillir, nul autre bois pour y flamber de vie.

2. Quand englués dans l'air du temps nous faisons de la crise nos alibi militants ou gestionnaires... quand nous ne voyons plus en l'autre qu'un soixante-huitard attardé, un gaucho, des unités de temps de travail, un réac, un nanti, ou des millions...
À l'aide viens nous sortir de là ! Fais craquer nos programmes, fais voler nos bannières, nos certitudes, nos sondages et les cases de nos tableaux Excel !

3. Quand nous ne voyons plus en l'autre ou en nous-même, qu'une racaille, qu'un assisté, qu'un pauvre type, qu'une vieille fille, qu'un éclopé, qu'un cas psy, qu' un homo ou qu'un homophobe...
Quand sûrs de notre bon droit nous ne voyons plus en l'enfant qu'un objet de revendications ou un bouclier pour défendre des certitudes...
À l'aide viens nous sortir de là... décentre et creuse nos manières d'aimer, de discerner et de nous parler.
Ressuscite notre regard, viens faire toutes choses nouvelles et nous apprendre à recevoir de celui dont on n'attendait rien !

A Nègre

Méditation à la manière d’une prière eucharistique

Il est bon, Dieu notre Père, il est juste et vivifiant de te remercier toujours mais plus encore en cette nuit où nous célébrons la victoire de la vie sur la mort, en et par Jésus Christ, ton Fils.
C’est le printemps, le temps du renouveau.
Merci pour cette création, pour la terre qui malgré tout est si souvent belle et enchanteresse. Merci pour la nature qui nous fait du bien et dont nous pouvons toujours dire que c’est bon.
Merci pour le neuf, qui est déjà là, qui vise les personnes, à ne pas confondre avec la mode, les vitrines, les paillettes.
Merci pour Séverine qui est entrée aujourd’hui dans la communion des disciples du Christ. Merci pour sa joie et son dynamisme.
Merci pour Eric qui a été confirmée aujourd’hui dans sa foi dont nous devrons tous être avec lui les témoins.
Merci pour la lumière qui nous fait voir le monde et nos frères.
Merci pour la lumière du Christ qui change notre regard, nous fait discerner et vivre.
Merci surtout pour ton Fils, notre Seigneur Jésus, le crucifié ressuscité.
Pour lui et par lui nous te louons en chantant.

Oui, nous pouvons aujourd’hui encore parler de la croix. Mais de l’autre côté, du côté de la Vie. Pourquoi cherchez-vous le crucifié alors qu’il est le Vivant? Qui l’aurait cru? Qui l’aurait dit ? C’est ton œuvre, c’est ton jour, le jour du Seigneur. C’est par ton Esprit que tu as réalisé ce geste inouï. Traverser la mort pour en faire sortir la vie. Que pouvons-nous désirer d’autre que de voir encore et toujours actualiser ton action ? Que ton Esprit fasse de ce pain et de ce vin les signes visibles de la présence vivante parmi nous du corps et du sang de ton Fils, notre Seigneur Jésus.

Oui, aujourd’hui de manière singulière, plus intense nous célébrons la mort de Jésus, ton Fils, et nous proclamons avec une force particulière sa résurrection dans la joie de l’espérance, l’espérance de son retour.
En vue de parcourir le chemin qui est devant nous, les chemins du monde, pour sortir dans les périphéries, pour faire notre travail de témoins dans la discrétion et l’humilité nous avons besoin de ton Esprit ; qu’il fasse d’abord de nous tous et de tous ceux qui partagent le repas du Seigneur ressuscité, un seul corps, celui du Christ, ton Eglise. Prions aujourd’hui d’une manière particulière pour François, le nouvel évêque de Rome. Il célèbre sa première Pâque à Rome. Qu’il ait force et lucidité. Joie et paix. Prions aussi pour l’évêque de Paris, André, et pour tous ceux qui d’une manière ou d’autre servent leurs frères.

Jesus Asurmendi