Prises de paroles

 

Dimanche 24 février 2013
2ème dimanche de Carême

" C'est ta face, Seigneur, que je cherche ! "

Lectures
• Livre de la Genèse (Gn 15, 5-12.17-18)
• Lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens (Ph 3, 17-4, 1)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 9, 28b-36)

Entrée en prière par les chants

La transfiguration,
Moment de fulgurance que nul ne peut emprisonner et l’apôtre Pierre moins que quiconque ;
La transfiguration,
Lieu d’une parole, celle de Dieu qui donne identité à son Fils pour que nous l’écoutions ;
La transfiguration,
Lieu et temps du déplacement,
Il nous faut atteindre la colline, recevoir pour redescendre sans comprendre encore qu’il va ressusciter d’entre les morts ;
Tu nous révèles à ton mystère

Alain Cabantous

Bienvenue à tous, à chacune et à chacun, familiers des lieux ou gens de passage venus célébrer avec nous. Bienvenue également aux enfants qui aujourd’hui nous préparent une petite surprise.
En ce 2è dimanche du temps de carême, nous voici rassemblés au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit.
« Vraiment », nous dit Jésus en Luc 9.27, « certains présents ici même ne goûteront pas la mort avant d’avoir vu le Royaume de Dieu »
Cette vision du Royaume de Dieu, les textes de ce dimanche nous la rendent plus tangible car ils parlent sur un mode très visuel et sonore à notre sensibilité et à notre imagination, et ce en 3 temps :
• Le temps de l’alliance, dans le livre de la genèse.
• Un temps d’intense communion, dans l’évangile de Luc où Jésus se manifeste aux trois disciples dans une vision des plus révélatrices.
• Puis ce qu’on peut appeler Le temps de l’Eglise, par la voix de ST Paul qui, inlassablement, nous rappelle aux réalités d’en haut, nous rappelle la nécessité de nous laisser transformer par cet esprit de communion qui l’unit au Père, et nous à Lui.
Entrons maintenant dans la célébration en priant le psaume 26.

Alain Clément

Homélie
Le verset du psaume d’aujourd’hui, Montre moi ta face, renvoie en fait au désespoir du psalmiste, mais aussi à celui de Jésus sur la croix (dans Mathieu) : Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?

Le récit de la Transfiguration apporte un élément de réponse à l’énigmatique silence de Dieu. La plupart des exégètes pensent qu’il correspond à un procédé littéraire permettant à l’évangéliste de rappeler à l’auditeur ou au lecteur que les gestes et les paroles de Jésus durant son ministère ne peuvent se comprendre dans leur profondeur que si on se rappelle que cet homme de Nazareth (dont on raconte l’histoire) est mort et a ressuscité. Ce que ne pouvaient savoir et, donc, comprendre, les disciples.

Et qui est donc ce Jésus « mort et ressuscité » que révèle la Transfiguration ? Jésus, nouvel Adam (Paul), est l’homme libre (ou qui accède à sa liberté) et qui va jusqu’au bout de cette liberté, qui l’assume pleinement. C’est en cela qu’il est « Fils de Dieu », et que l’on peut parler de « filiation ». Il est Fils dans la mesure où il vit de la liberté que lui donne (le don) le Père. La Transfiguration est, à travers Jésus, la révélation de qui est l’homme (l’homme ou la femme), vraiment homme. Et cette identité-là passe par la liberté. Cette Transfiguration nous renvoie donc à notre propre histoire.

Pour faire passer cette réalité, Luc fait appel à un langage (une représentation qui est aussi une mise en scène). Pas un mythe. Pas une légende. Mais une poésie qui permet à l’âme de parler à l’âme, au-delà de la raison. A l’archaïque, au-delà des peurs et des angoisses.

A l’Eglise d’aujourd’hui d’user de la même audace que Luc. A elle d’inventer un nouveau langage pour dire aux hommes d’aujourd’hui, dans cette société post-moderne, qu’être homme, c’est inventer l’homme dans une nouvelle liberté. Et quand je parle de l’Eglise, je pense d’abord à la communauté de Saint-Merri. Cette communauté invente déjà un langage pour dire l’homme et, à travers lui, pour dire Dieu : des concerts de musique contemporaine à la solidarité des sans-papiers, pour ne prendre que ces exemples, une parole se dit sur le réel de l’homme d’aujourd’hui. Mais il s’agit de poursuivre cette créativité et d’être sans cesse en éveil : le signe n’est signe que dans la mesure où il participe à la nouveauté, que s’il est « événement ».

Que les oiseaux du ciel de Saint-Merri, qui sont aujourd’hui invisibles mais dont on entend encore battre les ailes, continuent de voler dans notre imaginaire.

Daniel Duigou

Seigneur
Dans l’Evangile que nous avons lu aujourd’hui, nous venons de voir tes disciples peiner à comprendre leur situation et chercher à s’installer dans le sublime. Ce n’est pas la seule fois qu’ils ont eu du mal à te suivre…
Et pourtant c’est grâce à eux et à travers leurs successeurs que nous est parvenue ta Bonne Nouvelle…
Au moment où va être désigné notre nouveau Pape, envoie nous ton Esprit pour que nous gardions au cœur la confiance et l’Espérance qui a fait tenir ton Eglise jusqu’à nous malgré ses faiblesses et ses mal entendus.

Martine Roger-Machart