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Dimanche3 Février
2013
4ème dimanche
" L'amour ne passera jamais "
Lectures
• Livre de Jérémie (Jr 1, 4-5.17-19)
• 1ère lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
(1 Co 12, 31-31, 13)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 4, 21-30)
Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans
la joie pour l'écoute,
le partage, la célébration de la Bonne Nouvelle de ce matin:
L'amour ne passera jamais, non, l'amour ne passera jamais.
Confrontés aux réalités donc aux limites imposées
par notre condition humaine,
Que saisissons-nous vraiment de cet Amour, de cette charité incommensurable
de Dieu ?
Sinon des bribes, des instants, des fractions
parce que la connaissance que nous en avons n'est que partielle/
ne peut en être que partielle , la perception, passagère
; la réception restreinte, les dons réduits.
Et pourtant la force de cette Bonne Nouvelle est toute entière
dans
la permanence active de cet Amour,
unique manifestation de Dieu parmi les hommes,
dans son offrande à nous tous renouvelée
dans l'assurance de son indispensable gratuité
NON l'Amour jamais ne passera.
Alain Cabantous
1ère lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Voilà un texte rabâché, limpide mais difficile.
Limpide parce que le message est clair, difficile parce qu'amour et charité
sont vite connotés. L'amour dont il est question c'est le mot agapé,
qui peut se traduire par "vouloir du bien".
Lors de la préparation, nous avons partagé trois méditations.
Tout d'abord, ce texte nous a semblé un message d'humilité
et de simplicité.
Vous cherchez à obtenir ce qu'il y a de meilleur, questionne Paul
? Il répond en indiquant une voie à suivre, une humble piste,
un itinéraire à embuches, une expérience partielle,
une connaissance limitée, une "image obscure dans un miroir"
dit-il.
Le chemin de l’ouverture à l'autre, d'une charité
pure et sincère pour aujourd'hui, avec toutes ses limites, sa fragilité.
Quand Paul dit « s’il me manque l’amour », on
dirait « si je manque de souffle ». L'expérience d'accepter
le souffle qui naît en chacun et qui le porte vers l'autre. Rien
ne sert, ni la connaissance du scientifique, ni la parole savante, ni
la fortune ou le pouvoir, ni même d'être un grand humanitaire,
sans ce souffle, cette gratuité foncière, cette bienveillance.
Sans vouloir du bien à l'autre, je ne suis rien, dit le texte.
Ce n'est pas le souffle qui m'habite qui ne vaut rien, ni même que
ma valeur soit médiocre. Pour pouvoir entrer dans l'amour de l'autre,
on sait bien que l'itinéraire passe par s'aimer soi même
suffisamment. Autrement dit c'est la foi repliée sur soi qui n'a
aucune valeur et aucun sens. Parce qu'elle nie notre réalité
d'homme ou femme appelé(e) à aimer, le projet de Dieu pour
nous. Et cela me semble un appel vers une réalité qui me
dépasse, encore un appel à l’humilité.
Ensuite, l'éloge de l'amour par Paul renvoie à des qualités
bien quotidiennes : patience, service, pas de jalousie, ni d'orgueil,
ni de rancune, etc ... Cet amour n'est pas de l'ordre de la passion. L'agapé
de Paul est tout sauf un amour de fondamentaliste. Des paroles étonnantes.
L’abnégation pourrait justifier la faiblesse de l'impuissance,
la lâcheté dans les combats à mener, l'acceptation
de l'humiliation. Bref, renoncer à sa propre humanité.
Mais non c'est tout le contraire que propose Paul. Il s'agit d'entrer
ainsi dans ce qu'il y a de plus humain dans l'humanité, l'expérience
au quotidien de totale gratuité qui n'attend rien en retour. La
passion peut bien s'effacer, mais "l'amour, lui, ne passe pas."
L'amour- agapé est une aventure obstinée, c'est une déclaration
d'éternité. Qui doit se réaliser ou se déployer
dans le temps comme elle peut, à force de gratuité. L'amour,
en général, sans ce quotidien de gratuité c'est une
imposture. Ce programme n’est pas seulement beau, poétique,
simple et fort, il rend compte de l'amour gratuit que Dieu a pour l'humanité
qui lui « ne passera jamais ».
Enfin Paul évoque une sorte d’accomplissement, grâce
à ce chemin : l'amour abolira les distances et la connaissance.
Il dit "Alors, ce sera face à face. A présent, ma connaissance
est limitée, alors, je connaîtrai comme je suis connu".
J'aime particulièrement ce "je connaitrai comme je suis connu"
: il n'y aura plus d'un côté celui qui connait et de l'autre
coté ce qui est connu.
Les deux seront uns. Ainsi l'être qui a suivi le chemin connait
Dieu et toutes choses comme il se connait lui-même, puisque tout
cela est un.
Ce texte me recentre sur l'essentiel d'une démarche spirituelle,
revenir à la simplicité, accepter et entretenir le souffle
intérieur, cheminer autant que possible vers le dépouillement
de ses connaissances, vers un face à face. Mélange entre
le charnel et le spirituel, pour Paul c'est bien une conception du destin
ultime de l'homme qui est en cause dans ses rapports avec Dieu qui est
amour.
Jacques Debouverie
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