Prises de paroles

 

Dimanche 30 décembre 2012
La Sainte famille

"Heureux les hommes dont Tu es la force,
des chemins s'ouvrent dans leur cœur."

Lectures
• Premier livre de Samuel (1 S 1, 20-22-22.24-28)
• 1ère lettre de saint Jean (1 Jn 3, 1-2.21-24)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 2, 41-52)

Lors de notre échange mercredi soir, nous avons rapproché ces textes du 1er livre de Samuel et de l’évangile de Luc et souligné deux points.

1/ Deux femmes, mères d’un fils unique, premier-né, son au premier plan et prennent la parole.
Le don qu’Anne fait de son enfant une fois sevré, peut surprendre. Mais la maternité l’a comblée, elle la supposée stérile, aimée de son mari mais humiliée par sa rivale, qui avait déjà 2 fils de son mari. Sa détresse immense et sa prière au sanctuaire de Silo avait conduit le prêtre Eli à prononcer ces paroles « Va en paix, et que le Dieu d’Israël t’accorde ce que tu lui as demandé ».

Sa réponse « Que ta servante trouve grâce à tes yeux », a été mise par Luc dans la bouche de Marie dans le récit de l’Annonciation. Au-delà des sacrifices rituels pour la naissance de l’enfant, du père, puis de la mère, Anne répond au don immense qu’elle a reçu par le don de son fils unique au Seigneur.

Dans le texte de la venue des bergers auprès de Jésus nouveau-né, messagers d’une étonnante nouvelle, l’évangéliste Luc nous a dit que Marie retenait tous ces évènements et les méditait dans son cœur. Il conclut de la même manière cette montée de Jésus à Jérusalem, qui marque plus que son passage à l’adolescence : les trois jours pendant lesquels ses parents le cherchent n’évoquent-ils pas ceux de l’absence entre sa mise au tombeau et le matin de Pâques ? Marie, comme Anne, donnera son fils.

2/ Comment la famille nous est-elle présentée dans ces textes ? Le livre de Samuel nous montre Elqana montant au temple avec sa famille : Anne n’en est pas, parce sans enfant. Dans l’évangile, Marie a ce cri du coeur : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme nous avons souffert en te cherchant, ton père et moi ! ».
La réponse de Jésus a de quoi ébranler ses parents : « C’est chez mon père que je dois être ». Nous pensons peut-être au texte de Khalil Gibran, souvent lu lors des célébrations de mariage, « Vos enfants ne sont pas vos enfants, ils sont les fils de la vie ». Plus facile à dire qu’à vivre !

L’évangile de Luc ne minore pas la force des liens familiaux, de l’amour inconditionnel d’une mère et d’un père pour leur enfant, mais il n’absolutise pas la famille, dont nous savons qu’elle peut aussi étouffer ou enfermer. D’autres liens permettent à un enfant de grandir, notamment les liens d’amitié, mais aussi le regard que d’autres adultes que les parents portent sur un enfant.
Dans le Temple, les docteurs de la loi s’émerveillent des questions et des réponses de Jésus à 12 ans. Luc ne nous présente-t-il pas ainsi le Temple comme une famille ou une communauté idéale, marquée par l’écoute et le dialogue ? Peut-être parce que Jésus est au centre, au milieu des docteurs de la loi, qui accueillent et ses questions et ses réponses.
Les communautés qui se réunissent en son nom n’ont-elles pas cette mission de faire grandir en sagesse enfants et adultes ?

Eliane Brouard

micro libre à partir de la phrase suivante :
Dans nos familles, dans nos communautés, sommes-nous passés d'une surprise pleine d'inquiétude à la confiance,dans des chemins qui s'ouvrent, dans l'aventure qui se dessine, dans la nouveauté qui jaillit ?