Prises de paroles

 

Mardi 25 décembre 2012
Noël

" Un sauveur nous est né "

Lectures
• Livre d'Isaïe (Is 9, 1-6)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 2, 1-14)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 2, 15-10)

Isaïe
C’est aux environs de 730 avant notre ère qu’Isaïe proclame l’oracle que nous venons d’entendre. Achaz le roi de Jérusalem était un personnage peu recommandable qui offrait des sacrifices aux idoles et avait immolé son premier fils. Comme il était en état de guerre avec la Samarie et la Syrie et ne faisait pas confiance à Yahvé, il avait mis son espoir dans le roi d’Assyrie. Il s’était fait son vassal. Aussi, lorsque son autre fils Ezéchias est associé au pouvoir, c’est pour tout le peuple l’espoir d’une ère de justice et de paix.
Près de 28 siècles après, ce texte est encore d’une brûlante actualité: Ce n’est plus un, mais des peuples qui se traînaient dans les ténèbres et qui ont vu se lever une grande lumière, une lumière de liberté et de justice. Ils ont été remplis de joie, ils ont pensé que c’était le printemps. Si la Birmanie semble sur une bonne voie, la Syrie n’a encore pour lumière que celle des incendies et des explosions. Quant aux autres, les dirigeants arrivés au pouvoir, après quelques petites concessions, ont rapidement mis la lampe sous le boisseau. Un certain ordre règne de nouveau en Libye, en Russie, en Tunisie, au Yémen, mais qui sait ce qui peut couver sous les cendres. En Egypte, beaucoup ont refusé de laisser mourir cet élan, ils ont pris goût à la lumière, ils ont l’espérance chevillée au corps, c’est une source de vie qu’ils ne veulent pas laisser tarir.
Et nous, en cette veillée de Noël 2012, alors que nous fêtons un Dieu fait homme, pouvons-nous nous tourner vers lui sans nous tourner, avec lui, vers les hommes ? Savons-nous discerner des lumières, ou même des lueurs annonciatrices d’une société plus juste, une société dont le profit ne soit pas la valeur fondamentale ? C’est peut-être un rêve béat, mais j’entrevois quelques éclaircies. Je m’imagine que l’attribution du prix Nobel de la Paix à l’Union Européenne est un appel à plus de solidarité entre les états membres. Que la nouvelle réglementation des banques d’affaires devrait pouvoir diminuer la prégnance de l’argent. Que l’appel à loger les sans abri, même s’il est exprimé avec quelque maladresse, va dans le sens du message de Jésus. Que le vaste élan de solidarité envers les plus démunis qui agite Athènes ces jours-ci nous montre un bon coté de l’humanité. Il y a d’autres exemples, je vous les laisse trouver.
Dans ces périodes difficiles, sans occulter ce qui va mal, il importe que nous sachions chercher ce qui est positif et prendre une part active à sa réussite. Pour moi, c’est cela l’espérance de Noël.
A cette espérance, j’ajouterai une petite joie : je souhaite bon anniversaire à Jacqueline qui vient de nous lire Isaïe. Elle a 85 ans ce jour de Noël.

Hubert Lassus

Prière de louange
Père,
Dans la crèche où est né ton Fils :

Nous contemplons la beauté : celle d’un nouveau né, celle d’une nouvelle mère, celle d’un homme qui va grandir et vivre et aimer, celle d’une femme qui va encore grandir, et vivre et aimer.

Nous contemplons la joie de ceux qui ont transmis la vie, et la joie de ceux qui l’accueillent à son commencement, quand dans l’instant présent tout l’avenir est encore contenu.

Nous contemplons la stupeur de l’enfant qui découvre de proche en proche l’immensité du monde, d’abord les cris, puis les lumières, puis les caresses,
la joie d’être pris dans les bras, et déjà la douleur d’en être séparé.

Nous contemplons la Joie du Père qui l’a engendré, qui l’a aimé, qui l’a choisi, qui lui a donné son Esprit pour qu’il aille vers chacun et vers tous, et que par lui chacun et tous soient adoptés, soient aimés, soient choisis, pour recevoir l’Esprit de Justice et de liberté.

Nous contemplons tout ce que Dieu peut nous montrer de lui, qui est visible dans un enfant si petit, si humble, si fragile, si vivant, si joyeux, si lumineux, si heureux. De Dieu, il sera désormais le visage, la parole, et le souffle.

Il aura sur chacun de ceux qu’il va croiser un regard juste, un regard pur, un regard qui force le respect et qui libère des servitudes, des mensonges, et des exils. Mais alors Dieu nous ressemble tant qu’on a du mal à le croire. C’est comme s’il était l’un de nous.

Pour le croire il faudra que nous parvenions à nous aimer nous-mêmes, à nous aimer les uns les autres comme il nous a aimé.

Jacques Merienne

 

La naissance de Jésus, l'enfant,
c'est comme la naissance d'une nouvelle humanité, celle qui se laisse aimer
par ce Dieu de tendresse
et qui permet à tous ses enfants, séparés, meurtris, exilés, rejetés de se réconcilier pas à pas d'abord avec eux-mêmes comme avec ceux qu'ils croisent et qui veillent sur eux.
La naissance de Jésus, le Fils reconnu
c'est comme la naissance d'une nouvelle fraternité,
la possibilité de regarder femmes et hommes de la famille, du travail, de la ville, de l'ailleurs
comme façonnés de la même chair, comme vivants du même souffle, comme animés du même esprit.
La naissance de Jésus le Christ
c'est comme le signe d'une naissance dans l'Esprit de notre résurrection quotidienne,
jusqu'à l'offrande de notre vie pour qu'advienne un monde plus juste, toujours mû par l'espérance du jour qui vient
avant que le royaume promis ne nous soit offert dans l'éternité de Dieu.

Alain Cabantous

C'est bien au cœur de tout homme que le Christ est venu apporter la paix, trésor inestimable que chacun de nous, prophète plutôt qu'artisan, doit choyer et offrir au monde afin de rendre celui-ci plus juste.

Pourtant la paix du Christ n'est pas synonyme d'angélisme. Elle est exigence, elle ne souffre aucun compromis et c'est là sa violence. Elle est comme l'aboutissement inachevé d'une conversion qui conduit à discerner l'essentiel.

Suivre le Christ est parfois synonyme de rupture avec l'ordre établi... travailler à un monde plus juste, lutter contre la misère, toutes les misères, celles qui dressent les montagnes et creusent les ravins ; ainsi, œuvrer à l'avènement de ce monde de paix c'est prendre des risques pour sa tranquillité, sa famille, sa réputation, sa carrière, sa vie parfois. C'est faire preuve d'audace en empruntant des chemins souvent périlleux..

Bénédicte Renard