Prises de paroles

 

Dimanche 9 décembre 2012
2ème dimanche de l'Avent


" Tout le monde verra le salut de Dieu"

. Lectures
• Livre de Baruc (Ba 5, 1-9)
• Lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens (Ph 1, 4-6.8-11)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 3, 1-6)

Bonjour à tous, soyez les bienvenus vous qui êtes venus partager le pain et la parole, que vous soyiez de passage ou amis de la communauté.
Aujourd’hui, 2ème dimanche de l’avent, nous nous réjouissons parce qu’ensemble, peuple de Dieu, nous quitterons les terres d’exil pour aller voir le salut de Dieu.

La célébration a été préparée principalement par le pôle solidarité qui essaie par ses actions, là où nous sommes, d’apporter des pierres pour combler les ravins et aplanir la terre, afin que tout homme puisse vivre dans la dignité.
Ensemble, comme Paul le demande aux Philippiens, enveloppés dans un manteau de justice telle que Dieu la souhaite, nous essayons de discerner ce qui le plus important pour que tout homme vive.

Marie-José Lecat-Deschamps

Baruc, Luc et Paul - trois textes en parfaite cohérence, en parfaite résonnance, avec des changements de tonalité.
- Baruc qui nous fait rêver
- Jean le Baptiste qui nous ramène à la réalité
- Paul qui nous donne les moyens d’avancer

C’est peu dire que l’Ancien Testament est habité de contrastes saisissants, allant de violences extrêmes à des bonheurs intenses, d’un Dieu punisseur à un Dieu plein de tendresse.

Aujourd’hui, nous pouvons savourer la joie et la force du livre de Baruc. Dieu annonce et promet la sortie de l’exil… « Dieu conduira Israël dans la joie à la lumière de sa gloire, lui donnant comme escorte sa miséricorde et sa justice ».

Attendre et espérer ! L’attente, un état qui recouvre tant de situations. Attendre une naissance bien sûr mais aussi attendre un verdict, l’issue d’une opération, le retour d’un enfant, le rendez-vous avec l’amour de sa vie, attendre dans la confiance, mais aussi parfois dans l’angoisse. Et pourtant, le pire n’est-il pas de ne plus rien attendre !

L’avent serait-il l’attente d’un Messie, qui va venir tout arranger en arrêtant les guerres et en apportant à tous la paix et la prospérité.


Notre église ne serait-elle alors qu’une simple salle d’attente, d’ailleurs très moyennement confortable, surtout en plein hiver.

C’est alors Luc toujours pragmatique qui vient perturber l’attente et se mettre en travers : le Seigneur ne viendra que si on lui prépare le chemin ! C’est Dieu qui nous fait entrer dans son histoire pour accomplir et faire advenir le Royaume. C’est en aplanissant la route que nous accompagnons sa venue.

Il faut remarquer au passage que Luc inscrit son récit avec précision dans le temps et la géographie et qu’il mentionne des provinces juives et païennes.

A travers nos déserts, pour combler les ravins, pour abaisser les collines, pour rendre droits les passages tortueux, quels chemins allons nous tracer ?

C’est là que l’apôtre Paul nous donne courage et confiance : l’amour que nous nous portons doit nous faire progresser dans la connaissance vraie et la parfaite clairvoyance qui nous fait discerner ce qui est le plus important.

Clairvoyance et discernement, c’est le cœur et l’intelligence guidés par l’amour. Clairvoyance et discernement, d’abord avec nos propres contradictions : comment rejoindre les exclus en vérité, si nous sommes nous-mêmes auteurs ou complices d’exclusions dans nos familles, dans notre communauté, dans notre société.

Nous savons bien dans le secret de notre cœur ce qu’il faut redresser, les jugements qu’il faut réviser, les amnisties qu’il faudrait décider. C’est à moi de discerner ce que je dois abattre pour voir l’éclaircie.

Quant à nos actions de solidarité, elles doivent s’inscrire dans la recherche inlassable de solutions politiques dans un contexte où les précarisations se développent, parfois à notre insu. Même si nous pouvons ressentir un sentiment d’impuissance devant cette mondialisation qui pourrait laisser croire que nous ne pouvons plus rien maitriser, les initiatives et les engagements ne manquent pas pour ouvrir de nouveaux chemins vers des sociétés plus équitables qui fassent prévaloir les droits de l’homme, la fraternité et la Justice.

Clairvoyance et discernement !

Nous ne devons pas défausser ces contradictions, mais au contraire les affronter, car la Vérité se retire sans bruit lorsque le compromis s’installe (la compromission…).(1)

Alors dans le désert, préparons le chemin du Seigneur. C’est lui qui nous attend encore et encore… C’est en le reconnaissant à travers le pauvre, le malade, le prisonnier, en les mettant en capacité d’ouvrir leurs propres chemins que nous cheminons avec Lui.

Ouvreurs de chemins, nous sommes de la Vérité avec l’immense cohorte des saints et saintes de Dieu qui n’ont jamais fait parler d’eux, mais qui héros du quotidien, ont aplani les routes déformées pour que tout homme puisse voir le salut de Dieu.
Comme l’avait prédit Isaïe, tous les peuples sont appelés au festin…

(1) Au cours de la célébration, c’est le mot « compromis » qui a été prononcé, consciemment ou inconsciemment ? C’est pourtant le mot compromission qu’il faut retenir, mais la frontière entre les deux notions implique une très grande vigilance ! (note de l’auteur)

Jean-Marc Lavallart

Méditation à la manière d’une prière eucharistique
Nous te remercions Dieu notre Père pour toutes ces paroles entendues aujourd’hui : ces paroles qui consolent et rendent la joie aux exilés. Aux juifs de l’époque et à tous les exilés de l’histoire humaine.
Pour ces paroles de Paul, paroles de tendresse, d’encouragement, de fraternité dans la mission commune. Dans les paroles de l’Apôtre, nous entendons ta voix.
Nous te rendons grâce pour les paroles de l’Evangile selon Luc. Car il nous met les pieds sur terre, dans la boue de l’histoire, avec princes et empereurs.
Mais Luc aussi nous parle, comme Paul et Baruch, de chemins à préparer, et il s’adresse à chacun de nous, et à tous. C’est pour cela également que nous te remercions, car la solidarité est un fait, une réalité. Et font vivre un peu mieux tous et chacun. Aujourd’hui pour moi, demain pour toi. Les uns pour les autres.
Nous te remercions pour ces mots, ces gestes, ces regards qui nous font entendre, voir et découvrir les autres. Pour les autres qui nous permettent de devenir prochains.
Mais ne t’inquiète pas, Dieu notre Père. Nous n’oublions pas que ton Fils s’est approché de nous, qu’il est devenu l’un de nous. C’est surtout pour Lui et par Lui que nous te louons et nous te chantons.

Des promesses ? Nous en avons entendues souvent. Mais nous savons bien qu’elles n’engagent que ceux qui les croient…Et pourtant nous croyons dans tes promesses. Nous croyons dans les paroles de ton Fils, notre Seigneur Jésus. Car quand la solidarité prend des chemins coûteux, difficiles et à hauts risques, quand l’amour s’exprime et parle sur une croix…Alors ton Esprit parle aussi. Alors le Crucifié devient le Ressuscité. C’est pour cela que maintenant nous te demandons que ce même Esprit nous pousse à vivre, et qu’il fasse de ce pain et de ce vin, pauvres signes de notre précieuse existence, les signes du Corps et du Sang du Christ, de sa présence parmi nous.
Notre credo ? Le voici : la proclamation de ta mort, Seigneur Jésus, la célébration de ta résurrection et l’attente joyeuse de ton retour définitif parmi nous. Voilà notre foi. En résumé, en condensé.
Mais notre foi ne se dévoile pas en chimères. Elle ne se déploie pas en illusions vaines. Tu ne nous proposes pas des mirages et des apparences. Les paroles prophétiques et évangéliques nous offrent un programme d’action. A réaliser avec Toi, grâce à la force de ton Esprit que nous demandons une fois encore. Grâce à un discernement accru et toujours éveillé. Car ton Esprit est la source du discernement.
Une fois que tous ceux et celles qui partagent le repas du Seigneur seront devenus grâce à l’Esprit, le vrai Corps du Christ, comment préparer le chemin du Seigneur pour qu’il arrive et soit la source de vie pour tous ? Que chacun de nous et tous ensemble, que ton Eglise provoque fraternité et crée solidarité. Qu’elle prépare le chemin du Seigneur non pas à base de doctrines, de systèmes, de sublimes abstractions, mais en donnant à voir une manière de vivre avec les autres qui attire, se communique et fait vivre.

Jésus Asurmendi