Prises de paroles

 


Dimanche 28 octobre 2012
30ème dimanche

"Confiance, lève-toi !"

 

Présentation du texte de He 5, 1-6

Le passage de la Lettre aux Hébreux que nous lisons aujourd’hui nous dit que le grand prêtre est pris parmi les hommes, il est un homme comme les autres. Mais il est appelé par Dieu.

Jésus aussi, à qui la Lettre aux Hébreux dévolue le titre et le rôle de Messie - prêtre, est appelé par Dieu au sacerdoce de Melkisédek. Mais c’est en se manifestant comme père que Dieu lui confère ce titre sacerdotal.

Régine Ringwald

Evangile : Mc 10, 46b-52

Qui donc est Bartimée ? Qu’est-ce qui fait qu’il suscite notre sympathie ? Sans doute le caractère vif, spontané, vrai, de son invocation : « Jésus Fils de David, aie pitié de moi ! », et de son mouvement, il bondit !

Bartimée était assis sur le bord du chemin, seul, avec son manteau pour tout bien. La foule l’ignore. Il dresse l’oreille et apprend que c’est Jésus qui passe. Jésus, il en avait entendu parler, la rumeur disait qu’il faisait des miracles … Certains même disaient qu’il était le Messie, le fils de David, annoncé par les Prophètes. Mais il savait aussi qu’il portait une attention toute particulière aux exclus, et aux plus pauvres. Peut être avait il secrètement désiré le rencontrer un jour, pensant qu’il pourrait faire quelque chose pour lui.

D’abord, la foule fait écran, comme si Jésus avait des gardes du corps. La foule des bien pensants tente de le faire taire mais rien n’y fait, Dieu est déjà à l’œuvre et c’est la foi qui lui fait redire : « Jésus fils de David aie pitié de moi ». Bartimée donne ici à Jésus un titre messianique et, pour la première fois dans l’Evangile de Marc, Jésus ne le reprend pas, le secret est levé.

Ce que la foule des disciples n’a pas entendu, Jésus l’entend. Il appelle Bartimée. Pour celui-ci, c’est le bonheur, c’est la libération ! Il court vers Jésus, et il devient le héros de la scène. La foule qui s’arrogeait le droit de lui imposer le silence lui adresse maintenant des paroles de confiance et lui facilite l’accès à Jésus : ils deviennent médiateurs actifs. En quittant son manteau, Bartimée quitte tout ce qu’il a, mais aussi toute sa misère, il se libère de son passé, et il se présente tel qu’il est.

Or voici que Jésus reprend pour Bartimée la question qu’il posait récemment aux fils de Zébédée : « que veux tu que je fasse pour toi ? » Mais Bartimée ne demande ni une place de choix, ni un pouvoir, il demande de « voir ». Ce qui l’a mis en mouvement c’est sa foi, et ce qu’il demande n’est rien d’autre que ce que donne la foi : « voir », voir de ses yeux, mais aussi voir avec les yeux de la foi, et par surcroit, le salut : « Ta foi t’a sauvé » lui dit Jésus, car c’est la foi qui sauve. Et cela s’opère sans s’encombrer de rien, sans calcul, et même sans geste : il n’y a pas dans cet épisode de geste spécifique de guérison. Celle-ci vient par la foi seule.

Mais l’histoire de Bartimée n’est pas finie : il reste une demie ligne dans le texte de Marc. «L’homme se mit à voir et il suivait Jésus sur la route ». Cette route, ne le perdons pas de vue, elle conduit directement à Jérusalem, elle est le chemin de la Passion, le chemin sur lequel Jésus marche en tête et nous appelle à le suivre.

Qu’est-il donc arrivé à Bartimée ? Il exprime une foi sans détour, il est appelé et il suit. Oui, Bartimée est bien le modèle du disciple.

Guy Ringwald

Préface

Père,

Que s’est-il passé sur notre chemin pour qu’un jour
rejetant notre manteau et bondissant comme l’aveugle Bartimé
nous nous engagions à suivre la route de Ton Fils ?

Y avait-il en nous ce trop plein de vie inemployée
qu’était pour Bartimé l’espoir de voir le jour ?

Y avait-il en nous ce trop plein de vie inemployée
qu’était pour lui l’attente d’une vie meilleure ?

Y avait-il en nous ce trop plein de vie inemployée
qu’était en lui la pauvreté et l’attente du bon vouloir des passants ?

Y avait-il en nous ce trop plein de vie inemployée
qu’était en lui comme en germe un amour prêt à éclater ?

Père,
il s’est passé dans notre histoire
ce don de la foi, ce don de l’Esprit
qui nous a fait déborder de vie
qui nous a fait nous mettre debout pour vivre toute notre espérance
Pour inventer notre propre existence
pour chercher partout des compagnons d’humanité
pour trouver et pour aimer des frères
pour rassembler une humanité assez vaste pour porter
l’immense attente de la Vie

de la vie en Toi
de notre vie.

Jacques Merienne



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