Prises de paroles

   
 


Dimanche 15 juillet 2012
15ème dimanche

"Le Seigneur m'a saisi"

Bonjour à tous.
Heureux sommes-nous de nous retrouver rassemblés par le Christ, avec le Christ.
Sommes-nous venus poussés par l’habitude, par la recherche d’une certaine sécurité, … ou pleins d’un désir semé par l’Esprit, comme le proclamait Ezéchiel dimanche dernier : « L’Esprit vint en moi, il me fit tenir debout » ?
Les deux textes du jour, Amos « Le Seigneur m’a saisi …Va » et l’Evangile de Marc où Jésus appelle les Douze et les envoie en mission nous proposent un chemin - appel pour dire et pour faire - un appel toujours urgent, aujourd’hui comme hier.
Notre foi nous assure que le Christ et l’Esprit accompagnent notre marche contre le pessimisme ambiant, la peur du changement, et pour construire un monde nouveau.

Damien Pasquier-Desvignes

Amos 7, 10-17
Marc 6, 7-13
Les deux textes offerts par la liturgie du jour, celui d’Amos le prophète et celui de l’évangéliste Marc, sont animés par une même pensée forte : Dieu appelle l’homme et l’envoie porter aux autres hommes sa Parole, dans un même désir de ramener ou d’amener le monde à Dieu.
A 750 ans d’écart, les prophètes, comme Amos, ou les disciples envoyés par Jésus parmi les Juifs et les Gentils, ont été saisis par Dieu, ils sont lumière envoyée par Dieu aux hommes pour éclairer leur vie, ils disent sa Parole, ils dénoncent le mal en puissance de réalisation, ils découvrent au monde un horizon d’espérance…
Amos entend la voix du Seigneur qui rugit, injonction irrésistible - « le Seigneur m’a saisi ! » -, il va, non pas en tant que prophète de cour, ni en tant que membre d’une confrérie de prophètes, il répond seulement à un appel personnel. Cela nous rappelle l’appel si fort de Jérémie, qui tente d’abord de se dérober, mais le Seigneur lui dit : « Ne dis pas je suis un jeune garçon car tu affronteras tous ceux vers lesquels je t’enverrai et tu parleras tout ce que je t’ordonnerai.».
Amos brave de front, dans une critique pertinente, la pensée du pouvoir dominant. Seul contre tous, il va être chassé de Béthel par les autorités en place, mais rien ne l’arrêtera, il clame d’une voix forte que l’iniquité du temps présent va conduire Israël à sa perte. Dieu l’envoie comme Jésus envoie ses disciples porter la Bonne Nouvelle. Le monde vit dans une obscurité faite d’ignorance, d’oublis et d’égoïsme, et Amos comme les disciples apportent la lumière qui peut éclairer la vie des peuples - s’ils l’accueillent. Le prix à payer pour celui qui « parle Dieu » et non pas sur Dieu est parfois lourd : solitude, prison, mauvais traitements. Mais Dieu n’hésite pas à dire : « Ne crains pas devant eux car je suis avec toi pour te délivrer ! ». Comme Il dira à Paul : «Ma grâce te suffit : ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse ». Et les disciples partent deux par deux, en écho peut-être à la parole de Jésus : là où vous serez réunis à deux ou trois en mon nom, je serai avec vous ?... Amos et les disciples n’ont pour tout viatique qu’une parole forte, celle qui étonnait les foules écoutant Jésus, « car il parlait avec autorité ». Aucun n’est dans la possession, ni dans la volonté de puissance. Le pouvoir politique peut tenter de briser Amos, il reste prophète, les maisons peuvent se fermer aux disciples prêcheurs, ils les abandonnent en secouant la poussière de leurs sandales pour s’arrêter là où on les écoutera : alors, ils plantent la Parole libératrice dans une bonne terre et peuvent dire aux malades et aux possédés : « va, ta foi t’a sauvé ! », leur redonnant ainsi la guérison, la liberté et la vie

Christian Manuel

Méditation à la manière d’une prière eucharistique
Réunis en ton nom, Dieu notre Père, invités par toi, nous voici ensemble pour te rendre grâce. Remercier ne nous est pas naturel, malgré les multiples formules que nous employons à longueur des jours. Reconnaître nos limites, reconnaître tes dons, nous coute car nous sommes trop imbus de nous-mêmes. Et pourtant, que serions-nous si ce n’étais pas toi notre origine ? Que pourrions-nous donner si tu n’avais donné ? Comment pourrions-nous vivre si nous n’étions pas portés par la voix et la présence des anciens prophètes et autres disciples partis sur les places et les chemins proclamer ta parole ?
Comment pourrions nous respirer, vivre et rire si tu ne nous envoyais pas encore des prophètes qui nous provoquent, nous dérangent, nous perturbent, nous font sortir de nos gonds, de nos habitudes ronronnantes? Comment ferions-nous sans la parole qui prend soin de nos blessures, qui dit des mots qui guérissent nos maux, qui nous accompagne pour sortir de nos prisons, nous libérant de toutes nos chaînes ?
Nous ne pouvons que te remercier une et mille fois pour ces prophètes et ces disciples d’hier et d’aujourd’hui. Mais surtout et par-dessus tout nous te rendons grâce par ton Fils, notre Seigneur Jésus, le prophète en paroles et en actes. Pour Lui et par Lui nous te remercions et nous te chantons.


Comme un vrai prophète, Jésus, notre Christ n’a pas eu une vie tranquille. On ne nous interpelle pas impunément. Lui aussi a été apostrophé : prophète, va-t-en, car ici c’est un temple royal. Un temple du pouvoir. Jeté, exilé, banni, hors de la ville. La poussière de la terre entière est tombée sur lui. On s’était cru ainsi débarrassé de lui, enfin. C’était sans compter sur toi et sur la puissance de ton Esprit. En effet, c’est par Lui qu’il est devenu le Vivant pour toujours et pour tous. Ainsi nous te demandons, Père, que ce même Esprit soit présent parmi nous et fasse de ce pain et de ce vin les signes de ton Fils, notre Seigneur, les signes de son Corps et de son Sang.
Et si nous sommes ensemble nous le sommes pour faire mémoire de Lui. Oui, nous faisons le mémorial de sa vie, de sa mort et de sa résurrection comme il nous a dit, jusqu’à ce qu’il revienne.
Va prophétiser à mon peuple Israël. Il les envoya deux par deux en leur donnant autorité pour défaire toute entrave qui nous rend esclave et pour guérir toute maladie. Nous entendons l’écho puissant de ces envois. Nous savons que ces envois et ces missions nous concernent aussi. Que ton Esprit soit de la partie, qu’il nous configure, qu’il nous rende courageux et nourrisse notre espérance. Qu’il fasse de tous ceux qui partagent le repas du Seigneur un seul corps dans l’unité de la diversité, une Eglise qui sort de ces murs, qui guérit et libère, qui dérange et perturbe les pouvoirs et prodigue paix, justice, joie.

Jésus Assurmendi