Prises de paroles

 


Dimanche 24juin 2012

Nativité de saint Jean-Baptiste

"Que sera donc cet enfant ?"

Lectures
• Livre d'Isaïe (Is 49, 1-6)
• Livre des Actes des Apôtres (Ac 13, 22-26)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 1, 57…80)

Bonjour à toutes et à tous .Soyez les bienvenus dans cette église aujourd'hui fête de la saint Jean Baptiste.
Lors de la préparation nous n'avons prévu pour la célébration de ce matin ni feux de joie, ni cueillette de plantes médicinales, ni danses paysannes. Mais plutôt une méditation sur cette phrase de l'évangile de Luc Que sera donc cet enfant?
Voilà bien une interpellation naturelle de parents face à une naissance, face à un avenir. Mais, à lire les textes de ce matin, ce n'est pas ainsi que s'interroge notre Père.Dans l'intimité de notre relation personnelle et confiante à Dieul lui qui s'est répété notre nom dès notre conception (ps. 138), nous savons qu'il sait ce qu'il faut faire advenir en nous afin que nous devenions ce à quoi nous sommes promis.
A condition que nous acceptions d'accueillir ses dons pour construire notre relation aux autres. Et si nous recevons le soleil de sa Parole dans le cœur, le feu de son Esprit et, sans faillir, le pain de sa table, Alors nous pourrons devenir femmes et hommes de témoignage au chant apaisant et à la marche sûre.

Alain Cabantous

Que sera donc cet enfant ?

Qui ne se l’est pas posée cette question, devant une petite boule de chair qui crie sous le bonnet un peu ridicule qu’on plante aujourd’hui sur la tête des nouveaux-nés?
Que sera donc cet enfant ? Il n’est pas complètement formé, il paraît si faible dans les bras de son géant de père ou contre la poitrine généreuse de sa mère. Et pourtant il est appelé à vivre plus longtemps qu’eux, il habite déjà la maison de demain que ses parents ne peuvent visiter, pas même en rêve, comme dit le poète. Car les parents et les grands-parents rêvent : il sera pianiste comme son père ou ingénieur comme sa mère, militant comme ses parents, bon chrétien, il réalisera ce qu’on n’a pas pu ou pas su réaliser. Nous lui transmettrons « nos valeurs ».
Et à l’adolescence c’est la même question : Que sera donc cet enfant qui fait aujourd’hui les quatre cents coups, qui gâche ses talents, après tout ce qu’on a fait pour lui, qui récompense bien mal le soin et l’attention dont il a été entouré ? « Je me suis fatigué pour rien, c’est en pure perte que j’ai usé mes forces » dit Isaïe.
Dès sa naissance Jean-Baptiste sème le trouble parmi les siens. « Jean ? Personne dans la famille ne porte ce nom là ! » Et quand, devenu plus grand, il décide de partir vivre au désert, de faire la route, cette rupture n’a pas dû être facile à accepter pour Zacharie et Elisabeth. Il en a fait voir à ses parents, comme son cousin Jésus en a fait voir aux siens !
Luc raconte au début de son évangile comment le vieux Zacharie a été puni pour n’avoir pas fait confiance à l’ange Gabriel qui lui annonçait qu’il aurait un fils de sa femme stérile. La leçon aura-t-elle porté ? Zacharie aura-t-il gardé confiance quand il lui faudra attendre une nouvelle gestation, celle d’un prophète? « Il alla vivre au désert… jusqu’au jour où il devait être manifesté à Israël », précise Luc. Ce temps a pu paraître long à ses parents. Que sera donc cet enfant ? Et Zacharie a-t-il vécu assez longtemps pour apprendre que son fils a fini décapité, sur l’ordre du roi, pour une histoire de femmes ?
Pourtant les trois textes et le psaume de ce jour nous le redisent : « Nous sommes dans la main de Dieu. » Cet enfant est dans la main de Dieu.
On disait naguère aux enfants du caté : « Attention, Dieu voit tout, Dieu sait tout » et nous nous sentions comme menacés en permanence par une super vidéo-surveillance. Rien de cela dans les textes d’aujourd’hui , au contraire, des mots de chair, à la fois forts et tendres: « tu m ‘as tissé dans le ventre de ma mère, mes os n‘étaient pas cachés pour toi ». Bouleversante intimité entre Dieu et l’homme !
Que sera donc cet enfant ? Quel que soit le chemin qu’il prendra ce sera un chemin familier à Dieu, cet enfant a du prix aux yeux de Dieu.
Et nous sommes tous enfants de Dieu.

Jean Verrier