25 décembre 2011
Noël
"Une grande lumière se lève"
Bienvenue à vous tous, amis du Centre Pastoral Halles
Beaubourg et de la paroisse Saint-Merry
Et bienvenue à vous aussi, gens de passage, gens en voyage, venus
peut-être de province ou conduits ici par des amis.
Soyez tous les bienvenus.
Tout à l'heure une première messe a rassemblé familles
et enfants, et demain dimanche la messe du jour rassemblera d'autres pélerins
de Noël.
Ce soir nous marchons dans les ténèbres, oui notre monde
est dans les ténèbres, mais nous voulons fêter, sous
le signe de l'espérance, l'annonce d'une lumière.
Oui, notre monde a froid, notre monde est froid, mais nous, gens de partout
et de tous âges, nous voulons fêter cette nuit la chaleur
d'une communauté rassemblée et la promesse des printemps
à venir.
Réjouissons-nous car un enfant nous est né.
Jean Verrier
Les textes du prophète Isaïe et de l’évangile
de Jésus-Christ selon Saint Luc nous disent la force d’une
parole qui, au long des âges, a renouvelé la confiance et
l’espérance d’hommes et de femmes, marqués comme
nous par la fragilité, mais constitués en un peuple.
Dans les obscurités de ce monde, la force du courage, de la résistance
à l’oppression de tant d’hommes et de femmes ne sont-ils
pas des signes de d’espérance pour que grandisse la paix
pour tous ?
Un enfant nous est né, « sans tapage et sans bruit »,
un « sauveur » qui change nos regards.
Il ouvre notre avenir, par la fraternité qu’il nous donne
en partage et qui est toujours à construire.
Eliane Brouard
****
Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu
se lever une grande lumière. Sur ceux qui habitaient le pays de
l’ombre une lumière a resplendi
Le poète François Cheng fait écho à ces paroles
d’Isaïe :
Vraie Lumière
celle qui jaillit de la Nuit
Et vraie Nuit
celle d’où jaillit la Lumière
Nuit mère de lumière
En son sein lumière est
Déjà sang déjà lait
Déjà voie de tendresse
Déjà prête à mourir mais toujours renaissante,
Quelle nuit cette nuit !
Désormais
sans liens nous avancerons sur toutes les voies ouvertes au vent
au milieu de tant d’astres éclatés
pour retrouver un sol où fondre et refleurir
(Extraits de : François CHENG, Vraie lumière née
de vraie nuit, éditions du Cerf, 2009
Dans les obscurités de notre monde, jaillissent aussi des lumières.
Dans nos fragilités humaines, peuvent se révéler
nos forces.
Dans la nuit de Fukushima, les bonnes volontés japonaises se sont
levées
avec une détermination, un courage, un esprit de solidarité
étonnants, admirables.
Et face aux forces des ténèbres des dictatures et des oppressions,
des peuples arabes se sont dressés lors d’un printemps mémorable,
inattendu,
qui transcende la flambée de révolte pour devenir une résistance
obstinée à l’injustice.
Dans l’intimité de nos vies personnelles,
nous vivons des moments de fragilité, de peine, d’angoisse,
d’impuissance.
Car la vie humaine se tisse aussi de deuils, de maladies, de chômages,
d’exils,
traversés par les lumières des naissances, des re-naissances,
des solidarités et des espérances.
La vie du monde qui nous est confié, comme nos vies, sont sans
cesse à construire, à renaitre.
Notre monde occidental, si malmené aujourd’hui,
vit-il, une fois de plus dans l’histoire, la fin d’une ère
?
Peut-être le début de la fin du nucléaire ? Peut-être
le début de la fin de l’euro,
ou, on l’espère, du tout financier triomphant ?
Un peu partout, des indignés réclament un autre modèle
de développement.
Ce qui est sûr, c’est qu’il nous appartient sans cesse
de construire ce monde,
de le faire naitre et renaitre.
L’esprit de naissance que nous célébrons cette nuit
doit pouvoir rester le nôtre, dans nos engagements sociaux, politiques,
au travail ou au bureau de vote.
Et une fois chez nous, puissions-nous apprendre à regarder nos
proches, familles, amis, voisins,
avec un œil neuf, un regard d’enfant ouvert à l’avenir
et plein d’espérance.
Car l’esprit de lumière, c’est sans doute aussi l’esprit
d’enfance.
Esprit de lumière et d’enfance
Signes de naissance et d’espérance dans le monde
Nous vous proposons de partager tous ensemble nos lumières et
nos espérances
en écrivant chacun quelques mots au dos des cartes qui vont nous
être distribuées maintenant :
Un message d’espérance pour Noël, un signe de naissance
ou de renaissance
que vous aurez discerné dans le monde ou tout près de vous
Merci de déposer ces messages dans les corbeilles prévues
au moment de la communion
afin que nous puissions les redistribuer avant la fin de la célébration
pour que chacun d’entre nous puisse repartir ce soir dans le vaste
monde
avec un message d’espérance de Noël dans sa poche.
Blandine Ayoub
L’esprit d’enfance, signe d’espérance.
Cette année, la crèche installée dans l’église
nous donne à voir, et c’est un beau cadeau, des histoires
de rencontres, de liens tissés entre un artiste photographe, Nicolas
Henri, et des hommes et des femmes de 40 pays du monde.
Au point de départ de ce périple et de ces rencontres,
la relation de l’artiste à sa grand-mère, à
son grand-père, et un souvenir d’enfance de construction
de cabanes.
Une joie contagieuse déborde du cadre de ces photos, la joie qui
a mis en mouvement ceux qui content leur histoire et leurs proches, qui
ont participé à ces étonnantes réalisations.
L’esprit d’enfance n’est jamais très loin.
Beaucoup de ces hommes et ces femmes nous disent que le monde change,
que la nature, essentielle à leur vie, se dégrade. Mais
en réunissant dans ces fragiles cabanes ce qui est important à
leurs yeux, ils nous communiquent la force de vie qui les anime.
Une cabane, c’est un abri mais souvent hélas un habitat
précaire, un chez soi qui n’est plus toléré
aux portes de nos villes.
Il y a 2000 ans, en Palestine, il n’y a pas eu de place à
l’hôtel pour une mère sur le point d’accoucher,
après un long voyage. Cela commençait mal pour un Dieu venu
habiter parmi les hommes.
Pourtant, dans leur crèche, leur grotte ou leur cabane, quel rassemblement
en si peu de temps ! Les bergers émerveillés nous communiquent
encore leur joie.
Cette joie nous l’éprouvons dans la présence gratuite
de l’autre à l’autre, selon les mots de Massimo Paone,
de l’Armée du salut.
Une présence qui donne force au plus fragile, si je le regarde
comme je contemple un nouveau-né.
Eliane Brouard
La petite espérance,
texte de Péguy lu par Jacqueline
Casaubon
L’espérance, dit Dieu, voilà ce qui m’étonne.
Moi-même.
Ça c’est étonnant.
Que ces pauvres enfants voient
Comme tout ça se passe
Et qu’ils croient que demain ça ira mieux
Qu’ils voient
Comment ça se passe aujourd’hui
Et qu’ils croient que ça ira mieux demain matin…
(…)
Ça s’est étonnant
Il faut que ma grâce soit d’une force incroyable…
Et je n’en reviens pas
(…)
Cette petite espérance qui n'a l'air de rien du tout.
Cette petite fille espérance.
Immortelle.
L'Espérance est une petite fille de rien du tout.
?Qui est venue au monde le jour de Noël de l'année dernière.
?Qui joue encore avec le bonhomme Janvier.?
Avec ses petits sapins en bois d'Allemagne couverts de givre peint.?
Et avec son bœuf et son âne en bois d'Allemagne. ?Peints.
?Et avec sa crèche pleine de paille que les bêtes ne ?mangent
pas.
?Puisqu'elles sont en bois.?
C'est cette petite fille, pourtant, qui traversera les mondes.?
?Elle seule, portant les autres, qui traversera les mondes révolus.
Comme l'étoile a conduit les trois rois du fin fond?de l'Orient.?
Vers le berceau de mon fils.?
Ainsi une flamme tremblante.? Elle, seule, conduira les Vertus et les
Mondes.??
Une flamme percera des ténèbres éternelles.?
(…)
Voyez cette petite, dit Dieu, comme elle marche.
Elle sauterait à la corde dans une procession.
Elle marcherait, elle avancerait en sautant à la corde, par quelque
gageure.
Tellement elle est heureuse…
Tout ce qu’il y a de petit
Est tout ce qu’il y a de plus beau et de plus grand.
Tout ce qu’il y a de neuf
Est tout ce qu’il y a de plus beau et de grand.
Tout ce qui commence,
A une vertu qui ne se retrouve jamais plus.
Une force, une nouveauté, une fraîcheur comme l’aube,
Une jeunesse, une ardeur,
Un élan
Une naissance qui ne se trouve jamais plus.
Le premier jour est peut-être le plus beau jour
Il y a dans ce qui commence une source qui ne revient pas…
Un départ, qui ne se retrouve jamais plus
Or la petite espérance est celle qui toujours commence.
Cette naissance perpétuelle
Cette enfance perpétuelle…
Charles Peguy
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