Dimanche 12 juin 2011
Pentecôte
"Tous les membres ne forment qu'un seul
corps"
Lectures
• Livre des Actes des Apôtres (Ac 2, 1-11)
• 1ère lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
(1 Co 12)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 20, 19-23
Accueil et entrée en prière par les chants.
Bienvenu à toutes et tous dans cette église du Centre Pastoral
Halles Beaubourg,
Habitués, gens de passage, Parisiens, provinciaux, étrangers
de toutes nations, peut-être Parthes et Elamites, soyez accueillis
pour faire corps autour de la célébration eucharistique
de cette Pentecôte.
Pentecôte, c’est Babel à l’envers.
Oui une Babel inversée puisque malgré nos langues, nos origines,
nos cultures, nos comportements différents nous parvenons à
nous comprendre,
parce que par la grâce de l’Esprit saint, les chrétiens,
que nous sommes, peuvent dire ensemble « Jésus, le Seigneur,
est ressuscité »
Mais au-delà de cette affirmation fondamentale de notre foi, la
Pentecôte ouvre tous les habitants de la terre à une humanité
nouvelle, jeune d’une promesse à la fois fidèle et
encore inconnue.
Alors que, comme les apôtres, nous étions murés dans
le silence, dans la peur, le Christ fait naitre pour chacun un matin de
Pâques qui peut jusqu’à défier les étoiles;
Comme les langues de feu qui se sont partagées pour venir habiter
en chaque disciple,
Comme le souffle de Jésus qui s’est répandu sur eux,
A travers ses paroles transmises par la force de l’Esprit au long
de nos histoires,
Le Seigneur marche avec nous et sa paix nous précède,
C’est son esprit qui nous fait trace de la prière,
qui nous pousse à devenir témoins de sa présence
Parce qu’hier comme aujourd’hui
« ses yeux se sont posés aux sources de nos yeux,
son regard a touché le cœur de nos silences
pour offrir à nos jours le visage de Dieu » chant L 13-12.
Alain Cabantous
commentaire
Pentecôte, fête de quoi ? De l’Esprit
Saint, des Apôtres, de l’Église ? C’est la fin
de la longue période de Pâques durant laquelle les chrétiens
revivent le récit de la Pâque, fondateur de leur identité,
de leur mission.
Retenons aujourd’hui, Pentecôte fête de l’Esprit.
Mais qu’est-ce que l’Esprit Saint ?
Nous connaissons le Père par l’histoire du peuple de Dieu
:
« tu seras mon peuple, je serai ton Dieu » Le Dieu d’une
Alliance amour-haine, faite de fusions et de trahisons.
Nous connaissons le Fils par l’histoire d’un homme : «
tout ce que nous savons de Dieu est contenu dans la vie d’un jeune
homme de Palestine » (Jean Grosjean).
Et si nous aimons tant relire les récits de sa vie que nous ont
laissé ses amis c’est que nous nous y retrouvons.
Alors comment connaissons l’Esprit ?
Par notre histoire ! et spécialement l’histoire de notre
Eglise.
C’est beaucoup plus difficile à déchiffrer que l’histoire
d’un peuple ou l’histoire d’un homme…
Il est plus simple de se faire imposer une famille que de la choisir !
Essayons de la déchiffrer pour nous, CPHB : Quel est pour nous
l’Esprit discerné dans le comportement de notre communauté
?
Pour nous deux obstacles et deux chances de rencontrer et de recevoir
l’Esprit Saint :
1er obstacle : le pardon, ici on en parle pas donc on ne le pratique peu.
C’est le déni, comme pour le péché, on ne se
confesse plus donc on ne pèche plus. On est tous comme ça,
c’est pour cela que le Concile a essayé de remplacer le mot
par « réconciliation ». Ça a marché un
temps… Pour vivre de l’Esprit il faut sortir du déni,
du refus de l’autre, la communion ça se construit jour après
jour dans l’écoute et la main ouverte.
Il ne s’agit pas des petits conflits entre nous dus aux rivalités
de pouvoir et aux mauvais caractères, il s’agit des clivages
de notre société qui traversent inévitablement notre
communauté et nous divisent, nous opposent : tout d’abord
la division Hommes Femmes (comment la vivons-nous ?), les différences
de générations, les différences d’options politiques
ou sociales (qui vont être exacerbées en année électorale),
les différences de milieux social ou économique, l’immigration
qui fait peur, les orientations sexuelles… toutes sortes de ruptures
qui appellent une réconciliation : de quoi sommes-nous capables,
en prenons-nous les moyens ?
2ème obstacle : le langage. Ici on refuse le langage traditionnel
de l’église, la Bonne Nouvelle nous voulons la traduire pour
notre temps en la détachant des jargons et des jugements stéréotypés
des églises. Nous avons raison, c’est nécessaire.
Mais le risque est de dire la même chose que tout le monde pour
ne pas choquer. Le risque est de ne pas trouver les mots justes qui disent
la justesse de la Bonne Nouvelle. Le risque est d’être non
pas inaudibles, mais muets pour être « culturellement corrects
».
La Bonne Nouvelle est une parole qui sera d’autant plus stimulante
qu’elle sera plus vivante dans notre bouche et plus incarnée
dans notre vie. Elle n’en restera pas moins pour le monde une «
parole étrangère » qu’il doit accueillir grâce
à notre témoignage. Si nous ne sommes pas des empêcheurs
de tourner en rond notre parole est vaine.
1ère chance : La coresponsabilité. Elle est connaturelle
au CPHB. Elle s’y exerce depuis plus de trente ans, évoluant
avec les générations et la prise en compte des changements
et accélérations de la société. Elle est donc
« vivante » comme doit l’être le baptême
dont elle est l’incarnation communautaire, baptisés dans
l’Esprit pour être un peuple responsable.
2ème chance : L’accueil et l’ouverture. Ils sont tels
ici que parfois certains ont l’impression qu’on n’est
plus chez nous !
« L’hospitalité pure et inconditionnelle, l’hospitalité
elle-même s’ouvre, elle est d’avance ouverte à
quiconque n’est ni attendu ni invité, à quiconque
arrive en visiteur absolument étranger, en arrivant non identifiable
et imprévisible, tout autre. Appelons cela hospitalité de
visitation et non d’invitation. La visite peut être très
dangereuse, il ne faut pas se le dissimuler ; mais une hospitalité
sans risque, une hospitalité garantie par une assurance, une hospitalité
protégée par un système d’immunité contre
le tout autre, est-ce une vraie hospitalité ? » (Jacques
Derrida)
Nous l’avons bien compris, en refusant l’hospitalité
nous risquerions de refuser l’Esprit qui vient vers nous par les
autres.
Jacques Mérienne
Prière poutr l'offertoire
Père
Différents les uns des autres,
nous sommes cependant réunis pour te rendre grâce.
Tu as envoyé ton Fils Unique pour l'humanité entière
Jésus a donné sa vie pour tous
Aujourd'hui, nous recevons tous ton Esprit Saint pour former un seul Corps
Merci
Nous te demandons de nous aider à faire l'unité entre nous
dans notre Communauté
Nous te demandons de faire évoluer l'oecuménisme; puisque
nous recevons tous le même Esprit - Apprends-nous à demander
le pardon et à pardonner
Viens toucher les cœurs de ceux qui n'arrivent pas à envisager
le pardon et qui s'acharnent à poursuivre leurs adversaires
Envoie ton Esprit sur ceux qui gouvernent les nombreux pays où
la discorde et la haine séparent les membres d'un même peuple
- Nous pensons particulièrement au Proche Orient et à l'Afrique.
Nous te prions par Jésus ton Fils, Notre Seigneur.
Marie-Louise Hugon
Préface
Père,
Ton fils nous envoie un grand frère
ton Esprit
Ne sachant pas ce qui nous attend
Nous l’accueillons ravis et surpris,
Alors viennent les questions :
« que faire de mes jours ?
que faire de mes amours, de mes amis ?
que faire de mes rires et de mes pleurs
que faire de mes mains et de mes pieds tant qu’ils fonctionnent
?
que faire du beau pays et de la belle terre que tu nous as donné
?
que faire de moi ?
que faire de toi, de nous ?
que faire d’eux qui me fuient ?
que faire d’eux qui m’envahissent ?
que faire des mots que j’ai appris ?
que faire des musiques qui traversent la tête ?
que faire de la solitude qui gonfle dans le cœur ?»
En faire une vie toute entière à inventer
inspirée par ta lumière et ta tendresse
Jacques Mérienne
|