Prises de paroles

 

Dimanche 20 mars 2011
2àme dimanche de Carême

"Il est heureux que nous soyons ici "

Lectures
• Livre de la Genèse (Gn 12, 1-4)
• 1ère lettre de saint Paul Apôtre à Timothée (2 Tm 1,8-10)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 17, 1-9)

Introduction à la célébration

Nous sommes là, en ce premier matin du printemps, avec en tête toutes ces images et infos d’apocalypse qui font en ce moment le tour du monde : ces centrales nucléaires qui flambent, ces enfants passés au détecteur de radiations, ces survivants hagards qui cherchent leur proches dans un chaos inhabitable, ces techniciens qui sont entrain de payer de leur vie leurs opérations sur les centrales. Pour ne rien dire, ailleurs, de la Lybie, de Bahreïn, de la Côte d’Ivoire à feu et à sang.

Au milieu de tant de détresse, de mort, les mots manquent, les belles spiritualités se défont. Et nous pouvons réellement nous demander ce que célébrons ce matin qui ne soit pas un déni de tant d’horreurs.

En route vers Pâques, nous prions le seul Dieu supportable : celui qui est avec nous dans les ténèbres. Nous ne connaissons pas d’autre dieu qui ait accepté d’être présent là, dans l’abîme de notre détresse, qui se soit fait compagnon de notre désolation. Nous le reconnaissons sur ces visages de douleurs et au compagnonnage de nos frères.

Nous prions le Dieu de Jésus qui n’a pas déserté l’épreuve de la traversée des abîmes pour nous sauver dans la mort. Nos le croyons : c’est là, tout en bas, qu’il nous a ouvert une brèche et qu’il fait resplendir la vie. Cette illumination ravive notre espérance, une espérance qui ne nie rien des douleurs et nous fait affronter l’insensé, le malheur, la violence, notre folie collective parfois.
Entrons à nouveau, ensemble ce matin, et avec tant de frères en humanité, dans l’évènement pascal, douloureux et lumineux.

Claude Plettner

 

Evangile de la TRANSFIGURATION Mathieu XVII 1-9

"Il est heureux que nous soyons ici !" avons-nous écrit sur le lutrin.
Phrase dite par notre ami Pierre. Je remarque qu'elle est écrite au présent, alors, pourquoi ne pas la prendre à notre compte, car elle nous concerne tous !

La scène est bien plantée : Jésus a emmené ses 3 amis à l'écart.
C'est qu'un grand évènement va avoir lieu, dont ils ne peuvent rien deviner, ni comprendre.
Jésus va leur apparaître de la lumière éblouissante du Ressuscité. Les disciples vont recevoir comme "un coup de bambou", sur la tête.
C'est vraiment le moment de s'arrêter, car le temps va prendre une autre dimension : ils font une expérience profonde ; Jésus les transforme en témoins de sa Résurrection, et ceci pour toujours, même s'ils ne comprennent pas maintenant, cela leur reviendra plus tard, après la Pentecôte. C'est ce qui nous est transmis par l'Evangile.
C'est par ce moment de Lumière qu'ils vont découvrir la VIE.
C'est alors qu'ils entendent une phrase qui s'adresse à eux, cette fois, donc à nous : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis tout mon amour ; écoutez-le !"
Ce moment de gloire va provoquer leur frayeur. C'est une expérience anticipée, un "avant-goût" de la gloire du ressuscité, destinée à les soutenir dans leur participation future au mystère de la croix et de la Résurrection.
Jésus va les toucher : "Relevez-vous, n'ayez pas peur,"
Les remettre dans la réalité, parce qu'ils ont ensemble un grave chemin à accomplir.
Ils se souviendront de ce moment de gloire dans les jours de tempête.

Pour nous, toute rencontre authentique et exceptionnelle dans la prière, peut être une Transfiguration. Cela nous soutient dans notre vie de Foi, sans nous y installer !

Catherine Martin Laprade

Père,
il est bon que nous soyons ici.
Nous sommes pour quelques minutes
loin de nos télévision, loin de nos radios et de nos journaux.
Nos sont téléphones fermés
mais nous entendons le monde.
Nous sommes bouleversés par l’angoisse
que provoquent les nouvelles du monde ces jours-ci,
entre l’ampleur des catastrophes et la violence des guerres.

Plongés dans ce monde qui entre en fusion
il est bon que nous soyons ici
pour éprouver notre foi.
L’immense malheur qui peut accabler les hommes
ne peut nous cacher l’immensité d’être un homme,
car tu nous révèles en ton fils
à quelle gloire nous pouvons atteindre,
alors que notre vie semble tenir à si peu

Ton fils après avoir prédit sa mort à ses disciples
les mena sur une montagne à l’écart,
pour quelques minutes de paix et de bonheur en ta compagnie.
Ils l’ont vu tel qu’il est
et ils se sont vus tels qu’eux-mêmes étaient en communion avec lui.
Ils en garderont l’espérance qu’ils nous ont transmise,
et dont nous avons tant besoin ces jours-ci
pour ne pas désespérer de l’homme et des hommes,
pour ne pas désespérer de nous-mêmes.

Le chantier de l’humanité jamais finie reste entier.
Notre responsabilité dans ce monde reste entière.
Notre impuissance ressentie ne doit pas nous détourner de notre tâche.
La toute puissance de ton amour nous rassemble pour aimer ce monde.
Ton fils nous sauve en offrant sa vie,
nous t’offrons son corps et son sang
tu nous accueilles dans l’Esprit.

C’est pourquoi nous pouvons t’acclamer
sur la terre et dans le ciel
en chantant

Jacques Merienne

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