Prises de paroles

 

Dimanche 13 mars 2011
1er dimanche de Carême

"Vous êtes comme des Dieux… ?"

Lectures
• Livre de la Genèse (Gn 2, 7-9; 3, 1-7a)
• 1ère lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (Rm 5, 12-19)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 4, 1-11)

A propos de Genèse 2,4a-3,24
Quelques rappels pour ne pas divaguer sans tout pouvoir expliquer ici.
Dans ce texte :
1) Comme dans tout mythe Il ne s’agit pas de ce qui s’est
passé un jour, fut-il le premier, mais de ce qui est et se passe aujourd’hui et toujours.
2) L’Homme n’est pas le mâle. L’Homme est le mâle et la femelle. Les deux sont également indispensables pour que l’Homme existe.
3) L’Homme est crée mortel. Ni la mort ni le travail ne sont
pas les conséquences de la transgression.
Les conséquences de la transgression sont la souffrance du travail, de l’accouchement, et, surtout, la relation brisée.
Dans ce récit Il s’agit de la place de la créature par rapport à son Créateur. Il s’agit du rôle de chacun dans leur relation.

Jésus Asurmendi

Histoire de tentation - Histoire de Vie et de Mort.

Dans la préparation mardi, il nous a semblé que cette histoire de tentation dans ce texte de la Genèse rejoint une histoire de relation (et on le verra aussi dans l’Evangile où Jésus résiste non pas tout seul mais en se référant à un autre à travers la parole de l’Ecriture)
L’homme et la femme étaient dans une relation à Dieu, ne serait-ce que par la limite posée. Toute relation nous limite et en même temps nous fait vivre. En ne respectant pas la limite, en n’y faisant pas confiance, l’homme et la femme perdent la relation et se retrouvent nus - pourrait-on dire seuls, réduits à eux-mêmes, égarés. N’est-ce pas là la vraie mort ?
Tentation d’autosuffisance. Si en soi l’autonomie est bonne, qui peut dire que la tentation d’exister par soi-même - et uniquement par soi-même - ne fait pas partie de nos vies ? Etre le meilleur (« vous serez comme des dieux »).
Nous entrons dans le Carême, avec ses 3 grands piliers : la prière, le jeûne et l’aumône.
En les vivant, nous sentirons-nous les bons, voire les meilleurs ?
Impliquée dans la Commission Partage, (pour ceux qui sont de passage, la Commission Partage est un groupe délégué de la Communauté pour soutenir des projets dans les pays du Sud) je pense plus particulièrement au don et à une réflexion que nous nous faisons inlassablement : oui, l’argent que nous donnons est important mais le sens vient de ce que nous recevons des gens de là-bas, leur vie d’hommes et de femmes qui nous étonnent, nous questionnent, nous enrichissent, nous aident à voir notre petite vie (pourrait-on dire franco-française, ou close sur elle-même, individuellement ou collectivement ?) avec plus d’amplitude ! Et ceux de là bas nous ont quelquefois exprimé clairement que notre reconnaissance de ce qu’ils vivent les aide à y croire et à poursuivre.
Oui, il nous semble que cette histoire dans ce texte nous invite à être non pas le meilleur - mais meilleur !, et à sortir de nos autosuffisances pour nous recevoir de l’autre et sans doute ainsi trouver notre pleine mesure et être des humains, des Vivants. Alors, nous serons peut-être plus fragiles mais pas nus.
Nous recevoir de Dieu. Oui, c’est le moment favorable comme nous disions en recevant les Cendres mercredi et la prière, autre pilier du Carême, en est un des moyens.

Myriam Glorieux.

Matthieu 4,1- 11
Ce texte d’Evangile de Matthieu nous décline la tentation d’autosuffisance sous ses trois modes :
- Maîtrise de la matière : « ordonne que ces pierres deviennent des pains »
- Main mise sur Dieu, pour le mettre à mon service : « Si tu es fils de Dieu, jette-toi en bas…Il donnera pour toi des ordres à ses anges… »
- Domination sur tous les êtres et toute chose, pouvoir : « Tous les royaumes du monde avec leur gloire…tout cela je te le donnerai. »

Le démon exprime cette tentation, la nôtre, très quotidienne, bien ordinaire.
Jésus casse ce processus : « Arrière Satan ! »
Et Jésus nous y invite par trois fois :
- En nous montrant le chemin d’une relation : « Ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu »
- En nous montrant le risque d’une subversion de cette relation : « Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »
- En nous ouvrant la seule voie possible, qui est de nous en remettre à plus grand que nous : « C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras et c’est lui seul que tu adoreras. »

Evelyne Holzapfel

Méditation à la manière d’une prière eucharistique

Dieu notre Père en ce temps particulier, temps de carême : de distance par rapport à notre quotidien, de prière plus intense et de solidarité plus active, nous voulons aussi te remercier. Te remercier ? Oui.
La réalité du monde et de l’univers met douloureusement les pendules à l’heure : les séismes et les tsunamis rappellent notre fragilité constitutive : nous ne sommes pas immortels ni intouchables.
Les guerres qui n’en finissent pas, qui ne sont pas prêtes de finir rappellent notre narcissisme meurtrier: nous méprisons les autres.
Les échanges, les marchés faits trop souvent de tromperie institutionnalisée rappellent notre perfidie : l’autre devient un objet.
Alors, Te remercier ? Oui. Oui parce que Ta Parole dévoile les limites de notre condition de créatures. Oui, nous te remercions parce que Jésus, notre Christ, met à nu nos ridicules prétentions à l’autosuffisance, au pouvoir, au bling-bling.
Oui nous te remercions parce que ton Fils nous met sur la voie de la vérité de notre vie d’hommes et de femmes : la vérité de la relation et de la communion.
Pour Lui et par Lui nous te louons et nous te chantons.

Tentation d’un jour, tentation de tous les jours. Du haut d’une haute montagne on lui avait promis tous les royaumes de la terre. Du haut d’une petite colline il a donné sa vie, il a donné sa mort. Du haut de la croix il a reçu la Vie. Si bas, par terre il a donné la Vie la plus haute, la Vie pour toujours. C’est ton Esprit Dieu notre Père qui a en charge maintenant cette œuvre. Qu’il fasse de ce pain et de ce vin, des signes de la réelle présence parmi nous de ton Fils, le crucifié ressuscité. Signes de son corps et de son sang.

Faire mémoire de sa mort, de sa Vie nouvelle. Proclamer que nous l’attendons. Voilà ce que nous faisons comme il nous l’a dit.
Vaste programme que de lutter chaque jour contre les sollicitations et tentations, subtiles ou grossières. Projet couteux que personne ne peut mener à bien tout seul. Situation qui nécessite des autres, de l’Autre. Choix permanents appelant obligatoirement à l’échange, à la relation. Et nous voilà devant une table ouverte, un repas offert à tous, gratuitement et sans distinction. Ton Esprit est source de communion. Qu’Il fasse de tous ceux qui partagent le repas du Seigneur un seul corps et un seul esprit, le Corps du Christ, l’Eglise : une Eglise non pas autosuffisante, donneuse de leçons, mais au service de tous. Une Eglise au service de la solidarité active, loin des miracles du devant de la scène mais à l’écoute. Une Eglise créatrice et ferment de communion.

Jésus Asurmendi


 


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