Prises de paroles

 

Dimanche 6 mars 2011
9ème dimanche

"Bâtissons sur le roc" - Mt 7, 24 -

Lectures
• Livre du Deutéronome (Dt 11, 18.26-28)
• 1ère lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (Rm 3, 21-25a.28)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 7, 21-27)

Accueil
Alors bienvenue à tous, les d’ici et les d’ailleurs, les réguliers et les aléatoires, bienvenue à St Merri.
Bâtissons sur le roc - nous est il suggéré.
La première maison des trois petits cochons, celle de paille, c’est celle qui est construite de parlotes et de beaux discours, sans tenir compte de l’autre, ni a fortiori de Dieu. Vous connaissez la fin de l’histoire.
La deuxième maison, de bois, est celle qui est construite en agissant, ou en suivant la Loi. C’est pas mal déjà. Mais ça ne suffit pas tout à fait.
La troisième maison, celle qui est bâtie sur le roc, est celle qui est construite sur le faire, mais avec la foi. Et même si on n’est pas très sûr de ce que ça veut dire, ça comprend au moins le fait d’accepter que Dieu nous accompagne, qu’on peut prendre le risque d’avancer car lui est là.
C’est cette maison là qu’il nous faut construire aujourd’hui ensemble.

Valérie Lepeltier

Entrée en prière par les chants
Bref écho au texte de Paul aux Romains u ce matin à partir de ce poème chanté de Didier Rimaud* qui nous souffle ce que nous oublions trop souvent ;
Vous savez bien que tout est grâce.
C’est bien ici le sens de notre foi.
Oui de notre foi si fragile et qui, pourtant, nous sauve et nous sort des impasses pour nous guider aux lieux déserts,
elle qui nous justifie comme enfants de Dieu, cette découverte libératrice de Martin Luther.

Elle qui dépasse la loi en descellant le Livre, non que la loi soit inutile mais parce que, pour Paul, elle est limitée aux fils d’Israël
Et que, normative, répétitive, ritualisée, elle finit par cacher le Dieu de vie.

La foi est cette grâce qui transcende la loi dans la mesure où, elle est offerte généreusement à tout homme et non plus simplement au peuple élu.
Puisque nous sommes tous pécheurs, tous nous pouvons espérer la grâce.
Devenue ce merveilleux sentier ouvert à l’universel
elle embrasse toutes les races pour que tout homme soit libéré.

Mais cette grâce divine qui nous vient sans être due, tient pour nous sa source de la mort et de la résurrection du Christ Jésus.
C’est parce qu’il étend les bras, que l’on peut franchir la mer, que l’on peut lever les yeux vers Dieu et vers la terre de ses frères
C’est bien depuis ce jour du sang versé que nous savons et que nous chantons pour les siècles des siècles que, oui, tout est grâce.

Alain Cabantous

Nous venons d’entendre successivement : « L’homme est justifié par la foi, indépendamment des œuvres de la Loi » puis : « Il faut faire la volonté de mon Père » N’est-ce pas contradictoire ? Faut-il croire ou faire ?
Qu’est-ce que la volonté de son Père pour Jésus sinon la Loi ? En juif religieux et pratiquant, il affirme qu’il n’est pas venu abroger cette Loi, mais l’accomplir et lorsque quelqu’un lui demande quel est le premier commandement, il n’invente rien. Il cite mot à mot deux des livres de la Loi : Deutéronome 6, le shema Israël, « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée » puis Lévitique 19 « Tu aimeras ton prochain comme toi-même »
Mais, qu’est-ce qu’aimer Dieu ? Nombre de paraboles nous rappellent que c’est Dieu qui nous aime le premier, qu’il nous attend, qu’il s’offre à nous sans aucun préalable. Dieu n’est qu’amour, disait Varillon. Aimer Dieu ne peut plus être alors que se laisser envahir, dans la mesure de nos limites, par cet amour illimité. C’est se laisser ajuster à cet amour. C’est avoir la Foi.
Alors, que peut faire cette foi en chacun de nous ? Luther, que le texte de Paul que nous venons d’entendre avait sauvé d’une angoisse mortelle, a écrit cela magnifiquement : « A cette foi s’enchaîne bientôt tout spontanément une très douce affection du cœur qui dilate et nourrit l’esprit de l’homme de telle sorte qu’il est ravi en Christ ce testateur si généreux et bienveillant et qu’il devient un tout autre homme, un homme nouveau. » En réponse à cet amour, l’homme nouveau peut, à son tour, aimer Dieu qu’il ne voit pas, bien sûr, mais aussi son prochain qu’il voit.
Mais, qu’est-ce qu’aimer son prochain ? Je ne crois pas que cela relève de l’affection ou de l’amitié, mais de la volonté que tous les hommes, même nos ennemis, puissent vivre dignement. Notons tout de suite que cela n’est pas réservé aux chrétiens. Le nombre impressionnant de personnes d’une autre foi religieuse ou sans religion qui, croyant en l’homme, se dépensent dans les multiples associations d’aide suffit à nous le rappeler. Pour nous, parce que chrétiens, ce ne doit pas être un impératif, mais une nécessité que d’avoir le goût de l’autre, de nous tourner vers nos proches, nos voisins, nos collègues de travail, ceux que nous croisons dans le métro ou ceux qui passent dans cette église, mais aussi vers les immigrés, les sans logis, les sans travail. C’en est certainement une aussi que de voter pour une société plus juste, plus accueillante et plus fraternelle.
Nous voici revenus à notre interrogation de départ : Croire ou faire ? C’est bien croire qui nous fait faire. Qui osera dire, qu’aujourd’hui, la foi, foi en l’amour de Dieu ou foi en la dignité de l’homme, ne peut déplacer des montagnes, par exemple celles qui s’appellent Ben Ali, Moubarak en attendant Kadhafi ?

Hubert Lassus

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