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Dimanche 26 février
2011
8 ème dimanche
"Ne vous faites pas tant de souci"
Lectures
• Livre d'isaïe (Is 49, 14-15)
• 1ère lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
(1 Co 4, 1-5)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 6, 24-34)
Isaïe 49 :
Le peuple d'Israël est en Exil à Babylone et le moral est
au plus bas : il répète « Le Seigneur m'a abandonnée,»
Tout conduit à confirmer ce constat : Jérusalem est dévastée,
des étrangers s'installent dans les décombres ; si un jour
on rentrait, que retrouverait-on ? et les années passant, tous
ceux qui sont arrivés valides à Babylone après l'épreuve
de la déportation meurent les uns après les autres. Un Exil
de cinquante années, c'est très long. Dans ces conditions
déplorables, peut-on encore parler d'Alliance avec Dieu ?
La tentation est grande de croire que Dieu a oublié, que notre
Dieu nous a laissé tomber ?
Sa réponse : tendresse d’un père et la passion d’une
mère.
Évangile Matthieu 6 :
Il nous faut consentir à la mise en danger que provoque de tels
textes
Cette mise en danger est réclamée par la foi elle-même
Pour évoluer, donc pour être vivante, elle a besoin de ne
pas s’enfermer dans les certitudes
La foi est question avant d’être réponse, la foi est
recherche
« Qui trouve a mal cherché »
Premièrement :
La parole du Christ est radicale parce le Christ est radical :
il va jusqu’au bout, jusqu’à la croix.
Ce qu’il demande c’est ce qu’il a fait, et il en est
mort.
Il ne nous demande pas de le faire, il l’a fait pour nous
et il nous associe à sa vie sans concession et sans souci
Notre radicalisme ne doit pas être dans le martyr ou l’irresponsabilité
mais dans le témoignage :
servir une vision de l’homme libre, sans concessions
Ce que Jésus demande à ses disciples nous paraît extravagant,
nous ne sommes pas des petits oiseaux et pourtant chaque jour nous demandons
:
« Père donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien
»
Cela crée une brèche dans notre vie réglée,
une ouverture par laquelle on entre dans une autre vie
Que ce radicalisme de la Parole radicalise au moins un peu notre vie
et nous serons le levain dans la pâte.
cf révolution prise de risque
Deuxièmement :
Jésus nous invite à vérifier nos priorités
:
« Cherchez d'abord le Royaume de Dieu et sa justice ».
Le vrai trésor de nos vies, l’unique raison de vivre et de
mourir, c'est le projet de Dieu, qui nous est révélé
dans sa Parole.
Nous pouvons nous occuper à autre chose, cela nous arrive,
mais, tôt ou tard, nous lui revenons, parce que nous savons comme
Pierre,
que lui seul « a les paroles de la vie éternelle ».
le discours de Jésus est bien sûr une invitation à
la liberté.
« Aucun homme ne peut servir deux maîtres » Cette parole
de Jésus à ses disciples (réunis dans une petite
communauté comme la nôtre) telle que rapportée par
Matthieu est catégorique ; alors que choisissons-nous ? ….Mais
cet appel à l’abandon est irréaliste pour tout être
humain ; inapplicable même du temps de Jésus….. La
vie impose toujours des compromis, pour les laïcs comme pour les
clercs, …..même sans doute aussi pour les religieuses cloîtrées
et pour les ermites. Alors comment s’en sortir ?
Les deux maîtres aujourd’hui c’est pourtant bien d’actualité,
surtout dans notre société matériellement, intellectuellement
et techniquement à un stade déjà bien avancé.
Face à cette radicalité de Dieu, nous avons chacun d’entre
nous (avec plus ou moins d’intensité) du pouvoir, de la culture,
des réseaux d’influence et de relations, de la reconnaissance
sociale, de l’argent, et certainement encore beaucoup d’autres
biens matériels et immatériels. Faut-il donc tout abandonner
?
Ne vous faites pas tant de souci pour votre vie ! …..Pour tous ceux
qui vivent des galères à la recherche d’un emploi,
d’un logement, de papiers pour avoir le droit d’asile,…
cet appel pourrait paraître arrogant ; …..feraient-ils des
efforts déraisonnables et inutiles ?
Lors de la préparation de cette célébration, nous
avons été tentés d’opposer à notre situation
celle de François d’Assise ; il est vrai que la présence
des oiseaux, des fleurs des champs, dans ce passage assez écolo,
nous y portait facilement ; la pauvreté face à la richesse,
…….alibi trop facile !
Nous posant ces quelques questions nous avons cependant cru deviner dans
cette parole un chemin que nous sommes heureux de partager avec vous.
Cette radicalité de Dieu nous l’avons entrevue comme un but
que nous n’atteindrons, étape par étape, que si nous
acceptons de recevoir le souffle de l’Esprit.
Heureusement aucun délai ne nous est imposé car le temps
de Dieu n’est pas le temps des hommes ; il nous dit bien «
à chaque jour suffit sa peine » Ouf ! tant mieux.
Alors viens et parle-moi Seigneur, que j’entrevoie cette part de
mystère dans la Foi que tu me demandes de partager : cet appel
personnel, individuel que je ne peux entendre que dans une communauté
solidaire comme celle des disciples rassemblés sur la montagne…..
et, nous l’espérons, la nôtre aujourd’hui.
Père,
a manière dont nous tissons notre lien avec le monde
par quels mots pouvons-nous le définir :
compromission ou rébellion,
soumission ou création,
désespoir ou ambition
La manière dont ton Fils parlait de son lien avec le monde tenait
en peu de mots :
Il disait :« Il n’y a pas de souci à se faire…
»
Et il se retournait vers Toi
même sur la croix où il était seul
il réclamait ta présence et ta tendresse.
De même pour nous :
Il y a toujours un avenir puisque notre avenir c’est ton Royaume
Il y a toujours un frère puisque ton fils est là à
nos côtés
dès que nous nous tournons vers toi
Son Évangile apprend aux hommes à vivre en hommes.
à recueillir le Souffle qui a traversé le temps
inspiré en tous lieux la même foi
porté jusqu’à nous l’unique parole de la vie
éternelle
qui nous oriente aujourd’hui vers l’avant
légers et libres
C’est pour cela que nous voulons unir nos voix à celle qui
te chantent unanimes dans les cieux…
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