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Dimanche 30janvier 2011
4ème dimanche
"Cherchez l'humilité,
Cherchez la justice…"
(Sophonie 2,3)
Lectures
• Livre de Sophonie (So 2, 3; 3, 12-13)
• 1ère lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
(1 Co 1, 26-31)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 5, 1-12)
Accueil
C'est vers les petits, les "sans grade", les "sans
nom" que nous tournons nos regards et nos coeurs ce matin.
C'est des simples, des humbles, des pauvres, des méprisés
et des opprimés que nous allons demander la sagesse. Subversion
aux yeux du monde et ses valeurs, c'est la faiblesse que nous allons interroger.
Car celui qui nous parle le mieux d'espérance, c'est bien le désespéré.
Celui qui nous parle le mieux le mieux de justice, c'est bien l'opprimé.
Celui qui nous parle le mieux de solidarité, c'est bien le pauvre.
Ce sont nos attentes qui ont faim et soif de réponses.
Ce sont nos manques qui réclament d'être comblés de
foi, d'espérance et d'amour.
Thomas Scolari
Commentaire
Le hasard n’est pas toujours chaotique, et parfois
il fait bien les choses. Quoi de commun entre Sophonie, la lettre aux
Corinthiens et les Béatitudes de Matthieu ? Il y a un souffle de
mouvement, une dynamique d’espoir et d’espérance dans
ces trois textes.
Si le texte de Sophonie nous paraît magnifique il ne faut pas oublier
que l’autre volet de son livre comprend une dénonciation
impitoyable du pouvoir et de l’argent, les deux mamelles de l’orgueil.
Si Matthieu résonne à nos oreilles avec une douceur certaine,
la proclamation de Jésus n’a rien de doucereuse.
Quoi de commun à ces trois textes en plus de leur beauté
?
Le bouleversement, le chamboulement, le renversement, la subversion.
Après les « programmes » de Sophonie et Mathieu, voilà
Paul qui en décortique les causes et les logiques. Aux yeux de
Dieu, selon les hommes…
Pouvoir et argent ? oui mais, ceux qui profitent à tous et d’abord
à ceux qui ne comptent pas.
Sagesse, intelligence ? Bien sûr, mais celles qui saisissent et
vivent un véritable décentrement et sont orientées
vers l’autre.
Force ? Titres ? Nom ? Renom ? Pourquoi pas ? Sauf que Dieu a choisi ce
qui est méprisé, ce qui n’est rien.
Pour que nous soyons tous quelque chose, non pas en broyant les autres,
en les dévitalisant, mais par la communion.
Car notre sagesse, notre justice, notre sanctification et notre rédemption
c’est Lui. Jésus-Christ. Le crucifié ressuscité.
Folie ? Folie pure. Heureux les fous !
Jésus Asurmendi
Action de grâces
Nous te rendons grâce, Seigneur, car...
Tu redresses les accablés, tu renverses les puissants : en Tunisie,
en Egypte et ailleurs s'exprime sous nos yeux l'aspiration à une
société plus démocratique. Beaucoup sont prêts
à risquer leur vie pour cette cause commune et à travers
eux, nous voyons combien tu es un Dieu qui aime les justes.
Tu ouvre les yeux des aveugle que nous sommes, nous qui avons la vue.
La campagne lancée la semaine dernière par la Fédération
des aveugles de France, représentant douze personnalité
une canne blanche à la main, vient nous interpeller sur la solidarité
insuffisante dont notre société fait preuve à l'égard
de ceux qui sont en situation de handicap. C'est un appel à nous
mobiliser.
Tu protèges l'étranger, tu fais justice aux opprimés
: ta préférence va à ceux qui sont exclus - sans-papiers,
sans-logement, sans-travail. A travers ceux qui les accompagnent s'exprime
une parcelle de ton amour, qui est sans exclusive.
Laurent d'Ersu
Méditation à la manière d’une
Prière Eucharistique
Dieu notre Père, ton peuple est réuni. Nous voilà
dans ta présence attirés par ton invitation et ton appel.
Ensemble pour manifester notre joie et notre gratitude. Comme souvent,
nous nous surprenons à être surpris. Car il est facile de
se laisser entrainer vers la répétition et l’inertie,
le confort du déjà connu, la tranquillité du chemin
sans-surprises. Nous te remercions vivement aujourd’hui pour le
vent qui souffle, ouvrant portes et fenêtres et décoiffant
plus d’un, nous les premiers. Certes, tout n’est pas gagné
et ne le sera jamais. Même si l’horizon de l’espérance
arrive à son terme, il se déplace aussitôt pour ouvrir
d’autres espaces et des nouveaux horizons d’espérance.
Ainsi, notre vie à chacun, bien huilée et calfeutrée
où rien n’est laissé au hasard, se lézarde,
s’écroule. Nous ne pouvons que te remercier pour l’air
frais, pour l’inattendu, pour la folie qui nous est offerte. Et
dans ce tourbillon, nos habitudes, nos compromissions, nos systèmes
et nos constitutions, où tout paraît lié et bien lié,
éclatent.
Nous te remercions bien évidemment pour ton Fils, Jésus,
notre Seigneur et Christ. Lui qui nous bouscule, folie pour nous les hommes,
sagesse pour toi, notre Dieu et Père. Sagesse qui apprend à
réussir sa vie, sagesse qui fait vivre.
Pour Lui et par Lui nous te remercions, te louant en chantant :
Dans ce monde qui est le nôtre, monde d’apparences et d’illusions,
monde de projets et programmes frelatés, monde de folie de grandeurs,
ton Fils, Dieu notre Père est un cas. Il parle non pas pour duper
les femmes et les hommes mais pour leur faire voir. Il agit non pas pour
les presser tel un citron, mais pour leur donner de quoi vivre. Quoi que
cela lui coûte, quelles qu’elles soient les conséquences.
Même si sur sa croix il fait rire les plus bêtes et sourire
les plus perfides.
La croix : folie, non-sens, non vie, échec cuisant, destinée
ridicule.
Et pourtant. Toi, le maître de la vie, tu trouves justement que
le don que dit la croix est la vraie sagesse, celle qui fait vivre. Donne-nous
ton Esprit de folie pour qu’une fois de plus ce pain et ce vin soient
le signe du corps et du sang de ton Fils, notre Seigneur Jésus.
En fidèles disciples nous faisons ce qu’il nous a dit :
le mémorial de sa mort et de sa résurrection. Et nous attendons
son retour.
Et en attendant qu’il revienne nous avons son programme : un programme
de béatitudes. Un programme pour les pauvres humbles et les humbles
pauvres. Pour ceux qui encouragent, soutiennent et font la paix et la
justice. Un programme pour ceux qui ont un cœur et pas une pierre
à la place. Pour ceux qui se mouillent jusqu’au cou. Un programme
pour que tous et chacun se trouve vivant dans la communion et de la communion.
Le partage du repas du Seigneur est le signe de ce programme et son contenu.
Que l’Esprit fasse ainsi de tous ceux qui partagent ce repas un
seul corps, le corps du Christ. Une Eglise communion. Une Eglise des Béatitudes.
Unie à tous nos frères, saints et non saints, morts et vivants.
Jésus Asurmendi
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