Dimanche 23 janvier 2011
3ème dimanche
"Laissant leurs filets, ils le suivirent"
Lectures
• Livre d'Isaïe (Is 8, 23-9,3)
• 1ère lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
(1 Co 1, 10-13.17)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 4, 12-23)
Mt 4, 12-25
Saint Paul nous a parlé des disputes des Corinthiens entre les
disciples des uns ou des autres. On dirait aujourd’hui de leurs
querelles religieuses d’identité. Je propose d’utiliser
cet éclairage pour nous attarder sur un verset de l’évangile
d’aujourd’hui : celui où Jacques et Jean, les fils
de Zébédée, quittent leur barque, leurs filets et
leur père pour suivre Jésus.
Lors de la préparation de cette célébration, lundi
dernier, nos échanges sur ces deux passages, m’ont rappelé
un souvenir personnel. C’était il y a une dizaine d’années,
l’entreprise pour laquelle je travaillais organisait (elle organise
d’ailleurs encore) des stages d’une semaine de préparation
à la retraite pour ceux qui devaient la prendre un an plus tard.
Nous étions une dizaine autour d’une table, toutes catégories
hiérarchiques mélangées, je me souviens qu’il
y avait notamment un chef de région et un ouvrier d’entretien
d’un atelier de construction. L’animateur du groupe nous a
demandé de commencer par un tour de table avec la question suivante
: « Qu’est-ce que je vais perdre ? ». Chacun son tour
et à sa manière nous avons tous répondu : «
Je vais perdre mon statut », c’est-à-dire mon image,
pour moi et pour les autres, une partie de mon identité, tous avec
la même angoisse d’avoir à repartir en n’étant
plus rien, l’angoisse la plus aigüe était celle de l’ouvrier
d’entretien. Cette épreuve était pourtant une chose
bien douce à côté de celle que certains de nous connaissent,
celle du chômage de longue durée où l’épreuve
d’identité est aggravée par la précarité.
C’est ce risque d’identité qu’ont choisi Jacques
et Jean en abandonnant leur métier, leur outil de travail et leur
père pour suivre Jésus. On a peu de chances de se tromper
en disant que leur motivation n’était pas une recherche d’identité
: en faisant ce choix, ils troquaient une identité sociale plutôt
positive contre une vie errante, avec le risque de passer pour des illuminés.
Mais alors, quelle a été la raison de leur choix ? La réponse
se trouve peut-être dans la prophétie d’Isaïe
: c’est en Jésus qu’ils mettaient leur espérance.
Mais la question s’adresse aussi à chacun d’entre nous
aujourd’hui : pourquoi décider de suivre Jésus ?
Jean-Yves Lehman
Action de grâce
Père,
Il a fallu que ton Fils se sente abandonné de Toi sur la croix
pour que ton amour nous atteigne à travers lui.
Avant cela il avait fallu que quelques pécheurs du lac abandonnent
tout
et le suivent
pour que sa parole soit recueillie et transmise.
Alors que nous faut-il abandonner à notre tour
pour entrer dans la radicalité de l’Évangile
et la générosité de ton amour pour tous les hommes
?
Aujourd’hui quand nous abandonnons nos habitudes et nos certitudes
quand nous abandonnons les sécurités qui enferment et nos
pouvoirs sur les autres,
dans un mouvement inverse
beaucoup de croyants abandonnent l’Eglise
car sa parole est trop contradictoire avec leur vie,
avec leur sens de l’homme et de l’humanité
Ils l’abandonnent quand son message sert davantage une institution
obsolète qu’elle ne se met au service de l’homme et
de tout homme.
A ses disciples Ton fils a donné la paix, pas la tranquillité
il a donné la vérité, pas les dogmes,
il a donné le pardon, pas la condamnation,
Il nous a donné Ton Esprit qui nous dit
ce qu’il nous faut lâcher face à ce qu’il nous
faut recevoir
Ce qu’il nous faut abandonner face à ce qu’il nous
faut protéger
ce qu’il nous faut effacer face à ce qu’il nous faut
créer.
Ton Esprit nous dit
que les idées incrustées dans les crânes
et les structures figées des sociétés
sont plus dangereuses pour ta parole
que la turbulence des enfants qui s’élancent dans la vie
en criant et chantant
et que l’insouciance des vagabonds qui s’effondrent épuisés
sur le seuil de notre église.
C’est pourquoi nous devons toujours te rendre grâce et te
bénir en unissant nos voix à celle qui te chantent unanimes
dans les cieux…
Jacques Mérienne
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