Prises de paroles

 


Dimanche 14 novembre2010
33ème dimanche

"C'est par votre persévérance
que vous obtiendrez la vie"

Lectures
• Livre de Malachie (Ml 3, 19-20)
• Seconde lettre de St Paul Apôtre aux Thessaloniciens (2 Th 3, 7-12)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 21, 5-19)

Accueil

Bonjour et bienvenue à tous, en cette fin de pont du 11 novembre qui éclaircit un peu les rangs de notre communauté du centre pastoral Halles-Beaubourg.
Le ciel météorologique n’est pas clair, la paix universelle et le juste partage des biens ne sont pas à l’agenda des grands de ce monde ; quant à l’Evangile de ce jour, il ne parle pas de lendemains qui chantent.

Lors de la préparation de cette messe lundi dernier, nous avons perçu une grande continuité avec les textes et les interventions de dimanche dernier, qui plaçaient devant nous culture de vie et culture de mort.

Anticiper les fins du monde nourrit les peurs. Les épreuves à venir ne sont pas cachées aux disciples. Mais Jésus leur dit et nous dit ce matin qu’il sera à nos côtés,qu’il est à nos côtés et nous invite à lui faire confiance.

Ces épreuves ne sont pas seulement à venir mais bien présentes pour nos frères chrétiens en Irak. Entre fuir et tenir, le choix n’est pas possible pour tous. A tous, Jésus dit et nous dit : « C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie. »

Quand tout s’écroule, toutes nos assurances, même ceux sur lesquels nous comptions, sa parole est notre force et notre lumière, appel à faire grandir la vie en nous et autour de nous.

Nous allons le chanter, nous qui sommes réunis ce matin AU NOM du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Eliane Brouard

Intervention après l’Evangile

Quand tout s’écroule, que reste-t-il ?
La force de la parole qui nous habite, parce qu’elle cherche ce qui peut nous faire vivre, ce qui construit la vie.
Ne vous effrayez-pas….Moi-même, je vous inspirerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront opposer ni résistance ni contradiction.

Sur le site internet de la vie, j’ai lu cette semaine le témoignage de Mgr Casmoussa, archevêque syro-catholique de Mossoul, relatant sa capture par des islamistes en janvier 2005. Extraits lus ci-après.
« J’ai demandé l’aide de Dieu pour garder l’esprit calme et clair. ….
J’ai maintenu le dialogue avec mes ravisseurs ».

Ce témoignage nous montre, me semble-t-il, comment l’esprit des Béatitudes agit.
L’esprit nous permet de dire notre foi et notre espérance, non pas contre les autres, mais parmi eux, en empathie et à leur écoute.
Nous le chanterons tout à l’heure : l’esprit nous ouvre à toute rencontre et nous fait découvrir Jésus-Christ en accueillant nos frères.

C’est dans le quotidien de notre vie que l’esprit peut chasser les peurs, les préjugés, les représentations qui me masquent l’autre.

Il faut saluer à cet égard l’initiative de l’Amitié judéo-musulmane qui invitait la semaine dernière juifs et musulmans à aller le vendredi puis le samedi dans le lieu de prière de l’autre, ou si cela était encore trop difficile, de partager un repas ensemble le dimanche.
Et ce matin nous pouvions entendre le témoignage de l’imam de Drancy sur France Culture, invité par Victor Malka dans l’émission Maison d’études

De telles initiatives pour connaître et apprécier nos différences et nos ressemblances peuvent-elles faire reculer les affrontements entre nations, royaumes, idéologies qui instrumentalisent le politique et l’économique ? La réalité est complexe : vivre en paix les uns à côté des autres ne suffit pas. L’Europe a connu des heures sombres, si proches encore, dans l’ex-Yougoslavie et l’Afrique au Rwanda.
Pourtant il est aujourd’hui possible, non certes d’empêcher les tremblements de terre, les éruptions volcaniques et les tsunamis mais de protéger les populations exposées.
Alors pourquoi ne pas croire et espérer qu’il est possible de faire reculer le mal des affrontements fratricides ?

La parole du Christ inspire à ses disciples un langage et une sagesse qui désarment leurs adversaires.
Dans un autre Evangile, celui de Jean, Jésus dit à ses disciples : « celui qui croit en moi fera lui aussi les œuvres que je fais ; il en fera même de plus grandes parce que je vais au Père »
(Jn 14,12).
Je crois que les paroles et les actes que l’esprit du Christ nous inspire, parfois très simples mais si importants pour l’autre, font grandir notre commune humanité.
Oui, c’est par notre persévérance que nous obtiendrons la vie, pour nous-mêmes et tous nos frères.
Nous ne savons ni le jour, ni l’heure de l’avènement du Royaume en plénitude. Aux chrétiens de Thessalonique, Paul dit qu’en attendant ce jour, il convient de travailler dans le calme, de ne pas s’affairer sans rien faire.
Il reste en effet du pain sur la planche, comme nous le disons en parlant du travail encore à faire.

Eliane Brouard

Extraits de l’entretien avec Mgr Casmoussa lus pendant la célébration :

« Quand ils m'ont jeté dans le coffre de la voiture, je me suis promis de rester tranquille, de garder l'esprit calme et clair jusqu'au bout. Et j'ai demandé l'aide de Dieu pour cela. Je savais qu'un mot de travers pouvait tout faire basculer.……….
Pendant ces longues heures, j'ai maintenu le dialogue avec mes ravisseurs. Ils me posaient des tas de questions : ……..
Mon gardien m'a dit : « Cela ne sert à rien de parler, de toutes manières on va vous égorger comme un mouton ». Il m'a mis le couteau sur mon cou, un grand couteau de cuisine. Et il a dit la Shahada, la profession de foi musulmane.
J'ai essayé de rester maître de moi. Je lui ai dit : « Si vous n'avez pas d'autre alternative, si vous devez m'égorger, alors permettez-moi de prier Dieu une dernière fois. Et à haute voix, j'ai invoqué le Seigneur....« Mon Dieu, je vous remets mon âme, je vous demande pardon pour mes péchés. J'offre le sacrifice de ma vie pour la paix de l'Irak, pour que les enfants de ce pays puissent construire ce pays ». Il m'a dit alors : « Vous n'avez donc pas peur ? » J'ai répondu: « Il n'y a rien que je ne puisse me reprocher et dont je puisse avoir peur, et si c'est la volonté de Dieu que ma vie se termine ainsi, je l'accepte, après tout je vaux pas mieux que beaucoup d'autres... » Mon gardien m'a répondu : « Je jure par Dieu que ce sont là de bonnes paroles ». Alors il s'est assis devant moi... et la leçon de catéchisme a commencé !
Ensuite, mon gardien m'a briefé avant que ne vienne son chef, qu'il appelait le « Prince ». Il m'a dit exactement ce que je devais répondre, en me faisant répéter les réponses, pour être sûr que je n'allais pas le mettre en difficulté. »
Mgr Casmoussa a été libéré, peut-être doute en raison de la mobilisation mondiale autour de sa capture.

Pour lire l’entretien dans son intégralité :

http://www.lavie.fr//actualite/monde/mgr-casmoussa-irakien-chretien-sans-peur-ni-haine-02-11-2010-11204_5.php



 

 



r