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Dimanche 7 novembre2010
32ème dimanche
"Notre Dieu est le Dieu des vivants"
Lectures
• Second livre des Martyrs d'Israël (2 M 7,1-2.9-14)
• Seconde lettre de St Paul Apôtre aux Thessaloniciens (2
Th 2, 16-3,5)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 20, 27-38)
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Après le long WE précédent, nous voici revenus plus
nombreux.
Nous souhaitons la bienvenue à tous : les habitués, ceux
que le hasard nous offre, les Etrangers qui ont pénétré
dans notre belle église.
Nous sommes heureux de louer Dieu et de chanter ensemble.
Les textes d'aujourd'hui sont plutôt rudes.
Le 1er testament, avec les Maccabées, nous parle d'un Dieu qui
permet de faire mourir ses enfants au nom d'une loi à respecter.
Mais déjà le mot Résurrection apparaît. Il
y a des massacres.
Cela nous ramène à l'horreur vécue dernièrement
par les Chrétiens d'Orient à Bagdad, désarmés
devant le terrorisme, la violence absurde.
Les Chiites, le lendemain, aussi à Bagdad qui deviennent quantité
négligeable.
Avec l'Evangile, nous trouvons heureusement un Dieu de Vie, qui est source
de l'amour, comme nous le chanterons.
Avec l'Evangile, nous faisons le pari de la Vie, en Jésus-Christ
qui donne force et vitalité.
Jésus dit que celui qui croit en lui ne mourra jamais.
Ceci est à vivre dès maintenant : nous pouvons sortir vivants
du désespoir et du deuil.
Catherine Martin Laprade
Après lecture des Macchabées (2M 7, 1-2
et 9-14)
Le texte que vous venez d’entendre nous a posé beaucoup de
questions Mercredi soir, dans le petit groupe réuni pour préparer
cette célébration : persécutions, crimes, suppression
de ceux qui ne pensent pas de la même façon… dans un
texte à lire aujourd’hui dans cette église.
Il fait écho - trop bien - à ce que nous entendons
chaque jour : les menaces sur les otages, le massacre dans l’église
catholique syriaque de Bagdad, la semaine dernière. Culture de
mort, la mort violente de ceux qui représentent « l’ennemi
» pour être à la « une ». Une société
- la nôtre - où la réalité de la
mort n’a plus vraiment sa place, est édulcorée : le
mot même n’est pas souvent prononcé. On dit plus volontiers
: il nous a quittés, il a disparu, il a été emporté
par la maladie.
La Toussaint, notre fête, qui devrait être un jour joyeux,
prend souvent la couleur des chrysanthèmes et la mélancolie
des cimetières : on confond Toussaint et Jour des Morts. Ou bien,
on en fait la fête d’Halloween. Culture de la mort…
sous des formes bien différentes !
Pourtant ce texte des Martyrs d’Israël que nous lisons aujourd’hui
n’est pas que massacres. Ce texte assez tardif de l’Ancien
Testament est une des premières annonces de résurrection
: « Puisque nous mourons par fidélité à ses
lois, le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle.
»
Il y est question aussi de fidélité, fidélité
du croyant, fidélité de Dieu qui est Dieu de vie.
Hélène Perrin
A propos de Luc 20,27-38
Culture de mort, culture de vie. La mort est partout et la culture de
mort l’accompagne, la cultive et l’amplifie. Elles s’imposent
sauf aux sourds et aux aveugles.
Les saducéens, crispés sur « toute la Torah et rien
que la Torah » ne voient pas, n’entendent pas, ne lisent pas
la vie. On les comprend. La vie ne s’impose pas. La culture de la
vie est une affaire d’interprétation. Une question de choix,
une histoire de signes, de détails, d’indices, de mots, de
phrases, de rencontres, de regards, de gestes, de flashes, d’actions
petites ou grandes. Notre parcours devient ainsi un récit, une
intrigue faite de tout cela et de bien d’autres choses qui provoque
une vision et une compréhension de moi-même et des autres
qui nous arrache de la mort. Un itinéraire fait surtout d’un
dialogue avec Jésus de Nazareth, le Christ de Dieu qui crée
la confiance, anime l’espérance, galvanise l’amour
et donne le sens de la vie.
Notre Dieu, le Dieu des vivants, en quoi et comment nous fait-il vivre
?
Jésus Asurmendi
Méditation à la manière d’une Prière
Eucharistique
Il est bon et juste de te glorifier, de te louer et de te rendre grâce
en ce jour, réunis par toi, Dieu le Vivant. Toi, notre Dieu qui
n’es pas le Dieu des morts, mais des vivants.
Nous te remercions par tant d’hommes et de femmes qui par leur vie,
allant parfois jusqu’à donner leur mort, témoignent
et disent leur foi et leur espérance.
Nous te remercions ardemment car tu nous ouvres toujours notre intelligence
et notre cœur pour lire et comprendre nos récits de vie et
ceux des autres, pour discerner et interpréter les signes, les
paroles, les regards, les rencontres.
Nous te remercions surtout car en Jésus ton Fils et notre Christ,
tu nous donnes la clé de lecture pour traverser la culture de mort
qui nous menace tous les jours. Par Lui nous passons de la mort à
la vie, des ténèbres à la lumière, de l’esclavage
à la liberté, de la désolation à la danse,
du silence à la parole.
Pour Lui et par Lui nous te louons et nous te chantons.
Les affiliés à la culture de la mort n’étaient
pas seulement les saducéens. Ils ont été très
nombreux à ne pas supporter le prophète ambulant sorti de
Nazareth. Beaucoup de ceux-là n’ont pas vu les signes de
vie, même Lazare revenu à la vie. Ils ont tenté le
tout pour le tout. Cela ne peut plus continuer. Il faut arracher de la
terre des morts ce germe de vie. Ils ont planté le poteau, sec,
de la croix. Mais par toi, Dieu notre Père, l’arbre mort
de la croix est devenu l’arbre de Vie, Jésus, ton Fils. Que
par ton Esprit ce pain et ce vin deviennent les signes véritables
de la présence du Vivant, du corps et du sang de Jésus notre
Christ.
Notre louange, Dieu notre Père, est mémorial. Oui mémorial
de la mort et de la résurrection de Jésus ton Fils, notre
Seigneur. Enracinés dans cette espérance nous proclamons
que nous l’attendons.
Réconfortés que nous sommes par tout ce que tu as fait
pour nous nous pouvons te prier encore. Tout d’abord pour notre
communauté et pour tous ceux qui partagent le repas du Seigneur,
pour l’Eglise. Que l’Esprit fasse de nous tous, un seul corps,
le Corps du Christ.
Et voici la prière de nos frères d’Irak. Nous
te la présentons avec eux et pour eux.
Notre Calvaire est lourd et il nous paraît long. Le carnage qui
a eu lieu à la cathédrale Notre Dame du Perpétuel
Secours de Bagdad, avec 58 morts, parmi lesquels deux jeunes prêtres
et 67 blessés dont un prêtre, nous a profondément
secoués. Nous perdons la patience, mais nous ne perdons pas la
foi et l'espérance. Cet événement d'une telle ampleur
qui se produit juste après la tenue du Synode nous choque encore
plus. Ce dont nous avons besoin c'est de votre prière et de votre
soutien fraternel et moral. Votre amitié nous encourage à
rester sur notre terre, à persévérer et à
espérer.
Sans cela nous nous sentons seuls et isolés.
Nous avons besoin de votre compassion face à tout ce qui vient
toucher la vie des innocents, chrétiens et musulmans. Restez avec
nous, restez avec nous jusqu'à ce que soit passé le fléau.
Que le Seigneur nous protège tous.
Le 2 novembre 2010
Jésus Asurmendi
A PROPOS DES ROMS...
Lettre de Gustave Flaubert du 12 juin 1867 à George
Sand: Correspondance, éd. de la Pléiade tome 5, pp. 653-654
« Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement
de Bohén1iens qui s'étaient établis à Rouen.
Voilà la troisième fois que j'en vois. Et toujours avec
un nouveau plaisir. L'admirable, c'est qu'ils excitaient la haine des
bourgeois, bien qu’inoffensifs comme des moutons. Je me suis fait
très mal voir de la foule en leur donnant quelques sols. Et j'ai
entendu de jolis mots à la Prudhomme.
Cette haine-là tient à quelque chose de très profond
et de complexe.
On la retrouve chez tous les gens d'ordre. C'est la haine qu'on porte
au Bédouin, à l'Hérétique, au Philosophe,
au solitaire, au poète.
Et il y a de la peur dans cette haine. Moi qui suis toujours pour les
minorités, elle m'exaspère. Du jour où je ne serai
plus indigné, je tomberai à plat, comme une poupée
à qui on retire son bâton.»
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