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Dimanche 24 octobre 2010
30
ème dimanche
"Le Seigneur s'est prononcé en faveur des justes "
Lectures
A propos de Ben Sirah 35,12-24 et Luc 18,9-14
José Saramago, prix Nobel de littérature, serait étonné d’entendre qu’il était mis à contribution dans une messe positivement et non comme destinataire d’une déferlante d’anathèmes. Les titres de deux de ses romans peuvent résumer très bien une partie de l’évangile de Luc d’aujourd’hui: l’aveuglement et la lucidité. Le premier croque sur le vif l’attitude du pharisien. Le deuxième celle du collecteur d’ impôts.
L’aveuglement produit l’orgueil : je ne suis pas comme les autres hommes.
On ne peut pas dire que l’air que nous respirons par tous les pores de notre corps alimente une posture différente : méritocratie, individualisme, moi d’abord, ensuite et après. Aveuglement
Difficile de sortir de cette bulle pour atteindre la lucidité nécessaire.
Impossible presque de le faire tout seul sans un minimum d’ouverture à l’autre, d’écoute des autres, de ceux qui pensent autrement que nous. Jamais on n’atteindra la lucidité sans le regard et les oreilles ouverts aux autres.
Lucidité qui vient fondamentalement de l’écoute de La Parole, de la rencontre avec l’homme de Nazareth, de Jésus, le crucifié ressuscité. Illusoire d’être justifiés, d’être ajustés à Lui, à Dieu, si nos larmes, comme celles de la veuve ne coulent pas sur nos joues. Pas de larmes de culpabilité, mais larmes de lucidité, de demande, d’appel, de reconnaissance. Larmes du feu du désir de s’ajuster à Dieu.
Méditation à la manière d’une prière eucharistique
Dieu notre Père, créateur de notre monde, origine des mondes que nous ne connaissons pas encore et des réalités que nous ne pourrons jamais imaginer. Nous te remercions pour ce qui fait notre quotidien et pour tout ce qui nous passe au-dessus de la tête et nous dépasse de tous les côtés.
En ce dimanche nous te remercions plus particulièrement parce que tu nous as appelé à nous rassembler autour de ta Parole, de ton Fils Jésus notre Seigneur. Un appel à nos différences et donc à nos limites. Un appel à faire assemblée, église variée, construite des apports de tous et de chacun. Notre assemblée parle d’elle-même exprimant la nécessité les uns des autres pour sortir de l’aveuglement, de l’autisme, de la suffisance, de l’arrogance et de l’orgueil.
Nous te remercions pour les hommes et les femmes, les événements, les rencontrent qui nous ont permis la lucidité.
Nous te remercions pour ton Fils, notre Seigneur Jésus qui nous a montré la voie, s’entourant d’exclus de ceux qui ne pensent pas bien, qui ne pensent pas du tout même, des moins que rien, d’impurs, de malades de mal-portants.
Nous te remercions parce que c’est ainsi que tu nous prépares à recevoir ton salut, ta justice et nous ajuster ainsi à toi.
Pour tout cela, pour Lui et par Lui nous te remercions et nous te chantons.
Il est passé aussi par les larmes, notre Seigneur Jésus. Il n’a pas été aveuglé par tous ceux qu’il a mis debout, tous ceux qu’il a rendus à la vie, tous ceux dont il a ouvert les yeux sur eux-mêmes et sur le monde. Il a été de plus en plus lucide, il a su que son chemin monté jusqu’à la croix, jusqu’à la mort. Et il l’a assumé. Il a donné sa mort et gagné ainsi pour lui et pour tous une vie sans limites ni bornes. C’est pourquoi nous te demandons que l’Esprit, artisan de sa Pâque fasse aujourd’hui encore que ce pain et ce vin deviennent les signes visibles de sa réelle présence parmi nous.
Le mémorial de la mort et de la résurrection de ton Fils nous le faisons, et l’espérance nous la proclamons également. En te remerciant encore.
Forts de notre foi que nous venons de proclamer sûrs de ton amour que la présence de ton Fils parmi nous met en évidence, nous pouvons te prier et de demander. Comme la veuve, comme le pauvre et le malade dont les cris et les supplications traversent les cieux, nous te prions car nous savons que tu t’es manifesté en faveur des justes. Que tu as déposé les puissants et les arrogants de leurs trônes, de leur pouvoir suffisant. Nous le savons, car tu nous as invités au repas de notre Seigneur, ton Fils. Nous te prions en premier lieu pour que tous ceux qui partagent ce pain et ce vin, deviennent part ton Esprit un seul corps, le corps du Christ. Nous te prions pour que la communauté réunie autour de ta Parole, ton Fils soit une assemblée, riche de sa diversité, lucide sur elle-même et à la recherche constante et joyeuse de l’ajustement avec Toi.
Jesus Asurmendi Ruiz
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