Prises de paroles

 

Dimanche 10octobre 2010
28ème dimanche

"On n'enchaîne pas la Parole de Dieu"

Lectures
• Second Livre des Rois (2 R 5, 14-17)
• Lettre de saint Paul Apôtre à Timothée (2 Tm 2, 8-13)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 17, 11-19)


Introduction
Au regard des lectures de ce jour, ils sont au moins onze à voir le ciel advenir pour eux : un général syrien, neufs Juifs et un samaritain
Tous lépreux, tous purifiés.
La guérison, c’est ici la possibilité de pouvoir vivre à nouveau au milieu des leurs. Mais un seul d’entre eux fera aussi de son ciel une demeure avec Dieu grâce à son chemin de conversion ;
Ce matin, dans notre assemblée, c’est peut-être notre engagement dans le monde,
acte d’humanité et acte de foi, au nom de notre confiance totale au Christ ressuscité, comme l’écrit Paul,
qui nous offre une partie de la réponse à la question de savoir où commence aujourd’hui le ciel ?

Oui, aujourd’hui, et non encore demain,
Oui, ici et non là-bas, vers l’horizon nécessairement en fuite, comme en rêve
Le ciel, je ne sais où il finit et s’il finit
je ne sais s’il est peuplé de tout ce que l’on dit,
Mais je crois que ses commencements renouvelés sont au seuil même de nos rencontres, de nos engagements, de nos relations
Et ce sont nos yeux, nos mains, nos pieds, notre corporalité entière où Dieu s’incarne qui, en esquissant la géographie d’une terre nouvelle, s’offre comme l’entrée d’un ciel nouveau.

Alain Cabantous

Evangile de Luc,17,11-19 : Commentaire
Comme en écho à l’histoire du syrien Naaman cet évangile nous rapporte l’épisode de la guérison par Jésus de 10 lépreux.
Dans les deux cas on sent bien qu’il ne s’agit pas seulement de guérir le corps mais de toucher l’être en profondeur en l’engageant dans une démarche d’humilité, d’observance, d’obéissance. Le général Naaman doit d’abord descendre de ses grands chevaux avant que sa peau…et son cœur ne redeviennent semblables à ceux d’un petit enfant. De même, tous ceux qui un jour ont entrepris une psychothérapie pour guérir de leurs névroses savent que cela passe nécessairement par une phase aride et douloureuse d’acceptation, d’acceptation de son vécu tel qu’il a été et tel qu’il est, pour ensuite pouvoir reprendre confiance et se frayer un espace de liberté et peut-être de bonheur.
Dans la bible comme dans la vie, obéissance et liberté ne sont pas antinomiques, il y a un temps pour l’une et un temps pour l’autre, comme dirait l’ecclésiaste. On peut même dire que l’obéissance, l’observance bien comprises ouvrent des chemins de liberté. Autant la loi, les rites liturgiques, les héritages de la tradition sont des repères importants et porteurs sur nos chemins de foi, pour certains la seule voie possible, autant il importe de ne pas nous y enfermer, nous y identifier au risque de perdre de vue le but premier qui est ouverture à la vie divine.
« Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent…et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres » C’est par ces paroles du prophète que le Christ se fait connaître auprès de Jean le baptiste et c’est par ses actes de guérison et de prédication qu’il veut se faire connaître et reconnaître comme tel par ses contemporains et aussi par nous.
En obéissant à l’injonction de Jésus d’aller au temple faire constater leur guérison, les 9 lépreux n’ont aucunement démérité. Mais curieusement le Samaritain, cet étranger, ce pauvre qui n’a pas accès au temple est le premier à prendre pleinement conscience du don reçu ; au point de s’en réjouir sans réserves et de poser un acte de liberté qui ne peut être qu’une action de grâce en même temps que l’acte de reconnaissance attendu. Avec lui, nous vivons une béatitude.

Alain Clément

Après le partage du Pain

Nourris et purifiés par la Parole et le Pain partagés, laissons-les résonner en nous pour que la distance se crée et que les questions viennent, nous taraudent et nous engagent sur un chemin de conversion…..
…Conversion : point de départ qui ouvre sur ce qu’on ne connaît pas encore parce que c’est à construire et à inventer
…« Commencements renouvelés au seuil même de nos rencontres, de nos engagements »
… Ciel nouveau, ouvert à l’infini
… Ciel « présence », de cette présence étrange qui n’a pas de représentation possible
…… ou peut-être une absence…..
ce dont nous sommes à la fois très proches et infiniment séparés
… Alors où commence le ciel ?…. et qui pourrait répondre ?

Car là où le ciel commence, le ciel a déjà commencé
Là où le ciel s’achève, le ciel continue
Partout, toujours, le ciel est dans le ciel
Le ciel est une couleur
Le ciel est l’état de ce qui n’a pas d’être
Le ciel ne commence pas, il change
Le ciel n’a peut-être jamais commencé, car déjà, il était autre…..
Comment savoir ?….. mais il s’agit de notre vie.

Où commence le ciel ?
Entre les choses, dans cet espace qui menace de les engloutir mais qui peut aussi les porter comme il soutient le vol des oiseux ?
Dans la vie qui s’offre avec insolence ?
Dans cette formidable espérance qui transcende les matins au goût de cendre ?
Sous nos yeux qui contemplent la Création que Dieu nous confie ?
A nos pieds qui foulent la terre féconde ?
Dans nos mains ouvertes pour accueillir, passerelles lancées vers les autres ?
Dans ce regard bienveillant qui donne confiance ?
Dans nos voix unies pour chanter sa louange ?

Où commence aujourd’hui le ciel ?

Bernadette Capit-Lavoipierre

Où commence aujourd’hui le ciel ?

Refrain :

Où commence aujourd’hui le ciel ?
Genèse en marche d’âge en âge
Est-ce là-bas, contrée de miel,
Quand les chagrins, les peurs s’effacent ?
Est-ce vers l’horizon en fuite
Ou sur le seuil de nos rencontres ?


1-Le ciel commence dans les yeux
Ceux que Jésus a dessillés
Pour que l’aveugle que je suis
Touche la terre des humains

2-Le ciel commence avec la voix
Source des chants originels
Et des mots d’alliance fidèle
entre message et messager

3-Le ciel commence sur les lèvres
Là où s’éclaire le sourire
Signant le bonheur des vivants
Soutien des pesanteurs du jour

4-Le ciel commence avec les mains
Ouvertes encor’ sur nos calvaires
ces mains pour accueillir la vie
qui traverse toutes nos morts

5-Et le ciel commence à nos pieds
Appui de ces pas incertains
Vers les pays de l’avenir
Et des fraternités nomades

 

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