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Dimanche 3 octobre 2010
27ème dimanche
"Réveille en toi le don de Dieu"
Lectures
• Livre d'Habacuc (Ha 1, 2-3; 2, 2-4)
• Lettre de saint Paul Apôtre à Timothée (2
Tm 1, 6-8.13-14)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 17, 5-10)
Bonjour à tous,à tous ceux qui ont blanchi la nuit, en
tout ou en partie, à ceux qui n'ont pu participer.
Oui, Saint Merri, c'était formidable et nous en sommes heureux,
fiers peut-être. Mais pourquoi, pour qui avons-nous organisé
cette fête, ouvert l'église une partie de la nuit, Pour les
touristes ou pour notre ego, ou les deux à la fois, ou pour le
Maître des lieux?
Qui avons- nous servi cette nuit, qui servons-nous en ce moment, tous
rassemblés? Comment? Pourquoi? Quelle utilité?Voilà
les questions des lectures de ce jour.
Damien Pasquier-Desvignes
Luc 17, 5-10
De dimanche en dimanche, le calendrier liturgique de cette année
nous fait lire méthodiquement l’évangile de Luc, chapitre
par chapitre. Aujourd’hui nous en sommes au chapitre 17. Dimanche
dernier c’était, au chapitre 16, la parabole du riche et
de Lazare, le dimanche précédent c’était, au
chapitre 15, les paraboles de la brebis perdue et de l’enfant prodigue.
Il est clair que toutes ces paroles n’ont pas été
dites dans cet ordre dans un discours organisé. Il s’agit
plutôt d’un recueil de paroles très incomplet.
Ces derniers dimanches nous avions des paraboles bien composées,
Aujourd’hui, nous tombons sur deux fragments, sur des paroles isolées,
concises à l’extrême, presque lapidaires. Comment les
entendre ?
Qui est ce maître si dur avec ses serviteurs, qui en exige toujours
plus, sans jamais leur donner aucune récompense ? Et qui sont les
serviteurs ? On est bien loin des relations du Père avec ses enfants.
C’est vraiment raide. Il faut essayer de ne pas en rester là.
Quand Jésus dit « Qui d’entre vous, s’il a un
serviteur, lui dira à son retour des champs… ? », il
s’adresse à nous. Il est évident que le mot serviteur
date évidemment un peu, mais il me semble qu’on peut le remplacer
par le mot moderne d’employé. Qui d’entre nous n’a
aucun employé, au moins indirectement, ne serait-ce que par l’intermédiaire
de la collectivité ? Pour ne donner qu’un seul exemple, je
pense aux employés du service propreté de la ville de Paris,
mais on peut facilement en trouver d’autres. Le maître si
dur dont Jésus parle, c’est donc nous.
Quant aux serviteurs c’est plus facile, c’est naturellement
encore nous.
Mais il n’est pas rare que Jésus se désigne lui-même
comme serviteur, et ce n’est peut-être pas un hasard s’il
nous parle de servir à manger et à boire à son maître.
Là, le maître c’est encore nous, la multitude des hommes
à laquelle il se donne en nourriture en nous invitant à
nous donner à notre tour en nourriture les uns aux autres.
Quand il dit ces paroles à ses disciples, Jésus a déjà
beaucoup donné. Il marche vers Jérusalem. Il a peut-être
envie que le maître lui permette de se reposer. Mais ce que lui
commandent son désir le plus intime et son amour pour les hommes
est trop fort : il n’a fait que ce qu’il devait faire, et
il ne peut que continuer. Toute idée de récompense est déplacée.
Il nous invite à le suivre.
Jean-Yves Lehman
(D’après Bernard Feillet, L’arbre
dans la mer)
Père,
Augmente en nous la foi.
Nous te le demandons sans savoir où cela risque de nous mener.
En nous donnant la foi tu nous donnes à nous-mêmes
tu nous donnes à nos frères.
Dans la foi il n’y a pas d'autre aventure que celle qui
concerne le devenir de notre vie,
la croissance en nous de l'humanité,
et la reconnaissance de ce que nous sommes
dans cette vie où Dieu s'annonce.
Quelle prétention et même quelle infantile légèreté
de prétendre devant Dieu avoir plus ou moins la foi!
Quel égarement aussi de revenir sans cesse
sur ce que nous croyons être notre foi.
Devant toi Père,
il n'y a que l'être que nous sommes aujourd'hui,
il n'y a que les êtres que nous avons aimés,
même si nous les avons si mal aimés.
Devant toi Père,
il n'y a aussi que cette évidence qu'il est pour nous toujours
temps d'aimer, plus dépouillés, plus vastes.
Unique devant Dieu, chacun de nous l'est aussi dans le don de l'amour.
Nous aimerions entendre ton fils nous dire :
«Moi qui suis l'Amour, raconte-moi comment tu as, toi aussi, inventé
l'amour.
Ne me dis pas comment tu m'as aimé,
Ne me dis pas comment tu as aimé mon Père
Ne me dis pas comment tu aimes Dieu
dis-moi comment tu as aimé tes frères.
Dis-moi ta vie d'homme. »
à ceux qui nous entourent
qui partagent notre vie et notre monde
nos joies, nos peines
nos doutes et nos combats
Nous aimerions, bien sûr, transmettre la foi que nous avons reçue
et qui nous a permis de ne pas être laissés à nous-mêmes.
Et pourtant nous ne pouvons prétendre, comme communauté
chrétienne,
être les seuls témoins qui pourraient éclairer leur
existence.
Nous ne savons même pas s'il serait mieux pour eux de devenir chrétiens.
Sommes-nous capables d'accepter que notre Église ne leur est peut-être
pas nécessaire?
saurons-nous accepter d’être des serviteurs inutiles ?
Mais sans oublier les paroles de ton fils :
«A qui te demande, donne !
Qui veut t'emprunter, ne te détourne pas de lui! »
Avec cela ils inventeront d'autres voies, les leurs,
des chemins qu'ils quitteront aussi au temps marqué
pour avancer dans la Voie qui est au-delà de toute voie,
celle qui conduit à l'Essentiel
et qu'il appartient à chacun de découvrir.
Jacques Merienne
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