Prises de paroles

 

Dimanche 26 septembre 2010
26ème dimanche

"Il aurait bien voulu
manger les miettes du riche…"

Lectures
• Livre d'Amos (Am 6, 1a.4-7)
• Lettre de saint Paul Apôtre à Timothée (1 Tm 6, 11-16)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 16, 19-31)

Amos 6,1.3-7
Malheureux ceux qui fondent leur tranquillité sur Sion
Et ceux qui mettent leur confiance dans la montagne de Samarie
Malheureuse l’élite des nations qui attire ainsi les israélites !
En croyant écarter le jour du malheur, vous précipitez le règne de la violence !
Allongés sur des lits d’ivoire,
Vautrés sur leurs divans
Ils se régalent de jeunes béliers
Et de veaux choisis dans les étables.
Ils improvisent au son de la harpe,
Inventant comme David des instruments,
Buvant du vin dans des coupes
Et se parfumant à l’huile des prémices…
Mais ils ne ressentent aucun tourment pour le désastre de Joseph.
C’est pourquoi, maintenant, ils vont être déportés en tête, élite des déportés
Et fini le club des vautrés !

A propos d’Amos
Confréries et clubs privés existent depuis très, très longtemps.
Notre époque n’a rien inventé. On se réunit, on se passe des tuyaux, on « s’entre-aide » entre gens du même club, des anciens de l’Ecole, entre gens du même monde, des gens bien. On fait des rallyes, on se fréquente entre nous, on s’invite entre nous…on ne fricote pas avec les autres… On n’y entre pas « comme ça » dans les clubs… Ce sont des élites, « le premier cercle », fondant leur tranquillité dans leur système, confiants dans leurs réseaux, mettant leur loyauté et leur foi dans leur pouvoir. Trouvant leur raison d’être dans la défense et la perpétuation de leur manière d’être et de vivre. Soucieux de leurs membres, préoccupés de leurs intérêts. Ne ressentant aucun tourment pour le désastre des ceux qui n’appartiennent pas au club, ne sachant même qu’ils existent…
Il y a club et club, certes. Mais ne rêvons pas. Que nous soyons membres actifs ou membres associés, peu ou prou, nous, chacun de nous fait partie du club, des clubs.
J’ironise ? J’invente ? Pas assez de nuances ? Demandons à Amos. Ni vous ni moi n’aurions jamais eu sa force ni son courage pour parler ainsi. Pour dévoiler la perversion du sens de ces élites des nations. Mais lui, il est prophète. Il l’a fait. Il y a 2740 ans. Il le fait toujours…

Jésus Asurmendi

Le riche et Lazare

Avec Luc, nous sommes encore dans des histoires d’argent… L’Evangile parle encore des riches et des pauvres : peut-être peut-on y voir un message à ceux qui veulent renvoyer les évêques dans leur sacristie. La semaine dernière, le « gérant habile », utilisait l’argent pour rétablir des relations. Aujourd’hui, on nous parle de la richesse qui enferme, qui coupe de l’autre

Le riche fait bombance, bruyamment, sans voir le pauvre qui est à côté de lui. Nous sommes en pleine actualité : la richesse se montre. En même temps elle s’enferme. Le pauvre, lui, est à la porte. On parle de lui dans la rencontre internationale du Millénium. Mais les symboles de pauvreté, comme les ROM, sont stigmatisés, eux qui ne respectent même pas la propriété privée…, et ceux qui les défendent sont méprisés : droitdel’homistes inconscients des réalités.

Parfois la réalité d’aujourd’hui vire à la caricature… Au point que pour trouver un sens, certains des riches affichent qu’ils vont donner la moitié de leur fortune à des fondations… En d’autres temps cela s’appelait du paternalisme…

Dans notre Evangile, la mort passe : on retrouve le riche, le pauvre et Abraham - pour le riche, ici commence l’enfer. Il tente de fléchir Abraham : « pour convaincre mes frères, si les morts ressuscitaient ? » Mais voilà : « Quelqu’un pourrait bien ressusciter des morts, ils ne seront pas convaincus ». Ce n’est pas le merveilleux l’extraordinaire qui donne du sens ! Au contraire, il en détourne, car il n’ouvre pas les yeux ni les oreilles, ni le cœur.

Et pourtant !
A côté des discours sur les riches qui occupent nos medias, on a entendu la voix forte du message de Tibhirine… écoute impressionnante, inattendue : 1 million de visiteurs en 15 jours. Le sens de ces vies ; pas de merveilleux, mais au quotidien, l’humanité, la fraternité, l’écoute de l’autre - bâtis sur la prière et la vie de l’Esprit.
Et là aussi, la mort passe. Et c’est elle qui révèle au grand jour le sens de ces vies ; ce sens qui était peut-être caché jusque là. Beaucoup ont été touchés par ce message.

Comment relayer cette attente perceptible chez nos contemporains ? en même temps soif d’humanité, et soif de paroles évangéliques ?Comment, au travers des interrogations de notre société, apporter de l’espoir, rechercher et donner du sens ?

Anne René-Bazin

Méditation à la manière d’une prière eucharistique
Il est juste, il est bon, nous dirions même il va de soi de te rendre grâces, de te remercier, invités par toi à nous constituer en peuple, en communauté. Réunis en ce jour de la semaine où nous célébrons la victoire de notre sauveur et Seigneur, soleil de justice, prémices des cieux nouveaux et de terres nouvelles.
Et si nous sommes appelés à contempler la beauté du ciel où qu’il soit, tacheté d’étoiles ou encombré de nuages noirs et menaçants, nous ne sommes pas destinés à être les jouets d’un merveilleux trompeur. Un monde de voix mystérieuses, des visions aveuglantes ou de secrets absconds. Tu nous as donné Moïse et les prophètes. Cela nous suffit. Nous t’en remercions de toutes nos forces.
Car les paroles et les gestes des prophètes, la parole, l’instruction qui est tout prêt de nous, nous illuminent, nous guident et nous nourrissent. Elles nous donnent sens, raison d’être et de vivre. Nous sommes ainsi poussés à te remercier dans la joie et l’allégresse. Et comme nous avons reconnu ta Parole dans Jésus de Nazareth, ton Fils, notre Seigneur, par Lui et pour lui nous te remercions et nous te chantons.

C’est lui justement, ton Fils, Jésus, notre Messie vers qui et avec qui nous allons. Lui qui est le sens de nos vies, notre horizon. C’est en lui que nous avons confiance. Nous sommes tranquilles sur la montagne, la sienne, celle du Golgotha où fut planté son trône, lui la tête du peuple. Lui qui a suivi Moïse et les prophètes en les faisant exploser de plénitude, en donnant sa vie pour tous.
Que ton Esprit, à l’œuvre et à la manœuvre, nourrisse notre faim et calme notre soif avec ce pain et ce vin, signes visibles de la réelle et invisible présence du Corps et du sang de Jésus notre Seigneur Jésus.

En te remerciant, Dieu notre Père, nous célébrons le mémorial de notre Seigneur Jésus, sa mort et sa résurrection. Et nous attendons dans l’espérance de notre désir…
Nous sommes doués, Dieu notre Père, pour tenter de repousser le jour de malheur et, au contraire, faire advenir la violence. Nous sommes très calés pour avoir des tables débordantes et de miettes insignifiantes. Que l’Esprit nous aide vigoureusement à changer tout cela. Que tous ceux qui partagent le même repas soient un seul corps d’abord, véritable Corps du Christ. Et qu’ils soient ensuite capables de transformer les miettes en banquet, pour tous et pour chacun. Dans la joie et le bonheur incontestable.

Jésus Asurmendi


 

 

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