|
Dimanche 19 septembre
2010
26ème dimanche
"Restons solides sur l'essentiel"
Lectures
• Livre d'Amos (Am 8, 4-7)
• Lettre de saint Paul Apôtre à Timothée (1
Tm 2, 1-8)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 16, 1-13)
Extrait insolite que ce premier passage de l’Evangile du jour où
on semble chercher vainement une quelconque dimension spirituelle….
L’intelligence, la vivacité d’esprit, l’ingéniosité
servent donc aussi à cela : profiter du système au maximum.
Si le mauvais gestionnaire ne parait pas très compétitif,
il sait en revanche où se trouvent ses intérêts pour
assurer un avenir matériel devenu incertain.
Il suffit de s’appuyer sur un réseau constitué par
l’instauration des services mutuels, dussent-ils être illicites.
Mais au-delà de l’actualité brûlante à
laquelle nous renvoie le texte (on pourrait aisément remplacer
les barils d’huile et les sacs de grain par les prises illégales
d’intérêt et le trafic d’influence au nom du
pèze, du fric et du saint trafic), la démarche du gérant
et de ses amis complices me semble ouvrir sur un autre questionnement
:
Les relations humaines ne se réduisent-elles donc qu’à
l’ordre de l’échange, de la réciprocité
nécessaire pour entretenir une reconnaissance, faciliter une faveur,
demander ultérieurement un passe-droit ou un simple service ?
Est-il possible d’offrir ses talents, d’octroyer de son temps,
de proposer son aide sans arrière-pensée, sans calcul ?
La gratuité totale, le don absolument désintéressé
sont-ils humainement possibles dans la mesure même où nous
pouvons toujours en tirer une satisfaction personnelle qui ne se dit pas
?
L’essentiel n’est donc peut-être pas de savoir en échange
de quoi nous agissons dans la société, et dans l’Eglise,
contre quelle attente nous participons parfois avec gourmandise, ici et
ailleurs, à ce jeu du don/contre-don à l’image du
gérant roué ;
L’essentiel n’est peut-être pas même de savoir
pourquoi nous cherchons à donner … et pourquoi nous acceptons
de recevoir mais bien de savoir au nom de qui nous nous inscrivons dans
ces démarches.
Pour nous chrétiens, plongés dans la société
du profit et du spectacle, l’interrogation est probablement essentielle.
Alain Cabantous
RESTER SOLIDE SUR L’ESSENTIEL
Être digne de confiance….être solide sur l’essentiel,
comme nous l’avons traduit avec nos mots à nous.
Lorsque cette phase a surgit lors de notre préparation, je l’ai
ressentie très fortement sans toutefois pouvoir l’expliquer.
Mais un incident m’est arrivé hier en faisant mes courses,
un incident qui m’a éclairé et me donne l’occasion
d’en témoigner sous forme d’un acte de contrition.
En effet, quelques instants après un premier achat, étant
déjà sorti du magasin, je constate un manque de trois euros
dans la monnaie rendue. Je retourne dans la boutique et m’adresse
au vendeur qui ne veut rien entendre et me traite de façon expéditive.
Du coup, je m’énerve, je hausse le ton et le traite d’arnaqueur.
Lui me renvoie des noms d’oiseaux et baisse la tête, sous
le regard consterné de son employé, et moi, je m’en
vais avec le sentiment d’avoir réglé mes comptes.
Mais plus j’ai repensé à cet épisode, plus
j’ai été mal à l’aise. N’est-il
pas dit, dans un autre passage de cet évangile « donne à
quiconque te demande et ne réclame pas à celui qui te vole
» ; Je me suis aussi souvenu des paroles de Marthe Robin ; interrogée
par ses proches peu avant sa mort pour savoir ce qui, à ses yeux,
était essentiel pour un chrétien, elle a répondu
: »la fidélité dans l’amour et la justesse dans
l’accomplissement des petites choses ».
Aussi, au moment d’écrire ce commentaire, les choses étaient
claires : qui a été le plus dupe de cet argent trompeur,
celui qui peut-être a voulu gagner indûment quelques euros….ou
celui qui s’en est bruyamment scandalisé au point de dégrader
la relation et d’humilier un homme devant les autres ? Il y avait
sans doute une manière plus fraternelle de se faire entendre….et
après tout, vérifier sa monnaie au bon moment évite
ce genre de problèmes.
Etre digne de confiance… c’est certainement être vigilant
sur l’essentiel et l’essentiel est bien évidemment
et par définition de l’ordre de l’être, de l’être
en relation, de l’être ensemble…et non pas de l’avoir….je
tâcherai de m’en souvenir !
Alain Clément
|