Prises de paroles

 

Dimanche 21 fevrier 2010

"La Parole est près de toi"

Lectures
• Livre du Deutéronome (Dt 26, 4-10)
• Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (Rm 10,8-13)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Luc (4c 4,1-13)

Notre monde vit des soubresauts. Les plus sereins considèrent que les crises sont dans l’ordre des choses et appellent à la raison et au courage. Certains y voient une impasse, d’autres la fin d’un modèle de société, peut-être l’émergence d’un nouveau. La plupart sont désorientés et cherchent du sens.
Dans ce fracas, nous sentons bien que nos comportements, nos valeurs, nos espérances sont en cause. Ce temps attend manifestement autre chose qu’une réponse économique ou politique. Mais là le plus souvent c’est le silence, le doute et l’absence.
Pâques approche, le temps du renouveau, de l’émergence du nouvel homme grâce au Christ, son expérience de la mort et de la vie nouvelle. Jésus vit la fragilité de l’homme avec sa mort, et montre la tendresse de Dieu pour l’homme avec Pâques.
Ce monde qui hésite, cherche et souffre, est apparemment étranger à la bonne nouvelle, alors que notre expérience de cette tendresse de Dieu interroge ou façonne nos vies. Nous vous proposons en ce temps de carême de partager nos attentes, nos questions et nos convictions sur ce thème.
Pour nous chrétiens, comment rendre compte de cette vie nouvelle, dans nos vies, notre entourage ? S’il est possible, comment donner au monde, le témoignage de notre expérience avec Dieu ? Qu’avons à dire, à être et à apporter, en tant que chrétiens et selon notre expérience spirituelle, dans ce monde sans soif de Dieu, ou qui cache si bien cette soif ? Quelle bonne nouvelle avons-nous envie et sommes nous capables de dire ?

Jacques DEBOUVERIE

lecture de Rom. 10, 8-13
Avez-vous bien entendu ce que Paul nous dit ? « Aucun de ceux qui croient en Lui n’aura à le regretter ». Même si je ne sais pas bien proclamer ma foi, j’ai entendu ces mots « la Parole est près de moi, en moi, dans ma bouche, dans mon cœur ».
Le texte de Paul qui nous est proposé par la liturgie de ce jour m’invite à la confiance : si la Parole est en moi, cela veut dire que le Christ lui-même est en moi. La question que je me pose est donc : est-ce que je sais accueillir Celui qui veut être présent au quotidien, est-ce que je sais Lui laisser la place, pour que la Parole, sa Parole, malgré tout ce qui l’arrête, passe un peu à travers moi, pour que je sois messagère, témoin de Celui en qui je crois ?
Tout le Psaume que nous avons chanté en début de célébration conforte ce sentiment de confiance que j’évoquais. « Il donne mission à ses anges de te garder sur tous tes chemins », ou bien « Je suis avec lui dans l’épreuve ». Un Dieu présent, attentif, qui accompagne.
J’espère arriver à prendre plus de temps pour lire la Parole et écouter ce qu’elle murmure en moi. Oui, je suis en confiance pour cette marche qui m’emmène vers Pâques. Nous marchons ensemble, vous et moi, avec cette Parole qui est en nous.

Hélène Perrin

TENTATION
Le Christ n’est ni le riche, ni l’empereur, ni le grand prêtre,
il est le pauvre qui se met au service de la parole de son Père.
Les tentations expriment l´échec de la mission du peuple de Dieu qui ne parvient pas à vivre de la promesse faite à Abraham, à Moïse, à David.
C’est la parole même de Dieu, citée par Jésus en réponse au diable qui connaît la parole de Dieu sur le bout du doigt, qui évalue et critique la manière dont le Peuple assume ou non, et répond ou non à la promesse.

La promesse n’est pas abolie, le peuple conserve sa vocation, son élection, jusqu’à aujourd’hui, mais elle va être réalisée et accomplie par le Messie.
Le messie arrive et il doit tout reprendre, non pas à zéro parce que la loi demeure, mais d’une autre manière, dans l’Esprit qui revivifie la Loi.
Jésus ne va pas utiliser la Loi, il va l’accomplir.

N’est-ce pas le sens premier du Carême, comme de ce texte de Luc ?
Le carême n’est pas d’abord un challenge de perfection morale et de sainteté individuelle, il est d’abord un geste d’Église, le ressourcement de la communauté ecclésiale dans sa mission, dans l’Esprit. Mais dans l’Esprit qui nous remets en cause.

Il faut oublier un peu l’habitude qu’ont les chrétiens d’en référer à l’Esprit pour combler les manques ou expliquer les euphories, et qui risque de faire oublier qu’à la fois il nous donne et nous prend ce que nous faisons pour le rendre gratuit. Dans le Carême l’Esprit nous reprend tout ce que nous avons fait pour le rendre gratuit comme un alléluia. L’Esprit qui nous a donné la mission nous la reprend pour nous la redonner renouvelée, débarrassée de tout ce qui s’est figé, de tout ce qui n’est plus vivant, de tout ce qui n’est plus fidèle.

Le Carême est le temps du lâcher prise pour renouveler la mission, renouveler la communauté, refonder notre vivre ensemble. Débarrassée de ce qu’en ont fait notre tendance au pouvoir, à la suffisance, à l’idéologie ou au repli sur soi. Pour Aller plus simplement vers plus d’évangile.

Et pour chacun de nous ?
L’Église vit par ses membres, par chacun d’entre nous. Frères et sœurs, nous sommes responsables les uns des autres, et l’Église ne vivra pas si chacun de nous ne l’accueille pas dans son propre cheminement. Reprenons l’introduction aux groupes de Carême :

Ce monde qui hésite, cherche et souffre, est apparemment étranger à la bonne nouvelle, alors que notre expérience de cette tendresse de Dieu interroge ou façonne nos vies
Pour nous chrétiens, comment rendre compte de cette vie nouvelle, dans nos vies, notre entourage ? S’il est possible, comment donner au monde, le témoignage de notre expérience avec Dieu ? Qu’avons à dire, à être et à apporter, en tant que chrétiens, dans ce monde sans soif de Dieu, ou qui cache si bien cette soif ?

Jacques Mérienne


Père,

L’Évangile nous décrit ton fils au désert surmontant la tentation dans un face à face avec le démon.

La tentation pour nous est plus souvent est un face à face avec nous-mêmes qui nous isole et rend notre vie désertique

Nous nous retrouvons dans le désert avec nos envies et nos cupidités,
avec notre pouvoir et nos lâchetés, avec nos vérités et nos certitudes

Mais Par son Esprit ton fils s’interpose entre nous et nous-mêmes
il nous nourrit au-delà de notre faim
il nous libère de l’emprise du monde au-delà de nos servitudes
il nous éclaire de sa parole au-delà de nos ténèbres

En pénétrant dans nos cœurs et dans nos vies
il nous brise et nous recolle
il nous vide et nous remplit
il nous chasse et nous rappelle

Il est notre épreuve et notre victoire
dans ce combat avec lui contre tout ce qui n’est pas lui
et tout ce qui n’est pas nous

Jacques Mérienne

 

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