Prises de paroles

 

Dimanche 29 novembre 2009
1er dimanche de l'Avent

Profitons de ce temps de l’Avent pour célébrer les signes concrets de l’espérance qui nous permet de relever la tête. Tant de personnes ou d’associations mettent en œuvre leur foi dans des gestes qui aident ou renouvellent, des liens qui se tissent, des paroles qui réveillent ou apaisent. Nous en sommes témoins ou en prenons l’initiative, nous les recevons comme un don gratuit de la vie qui nous est promise. Confiants que Dieu nous prend au sérieux pour changer le monde.

"Je ferai naître un germe de justice"

Lectures
• Livre de Jérémie (Jr 33, 14-16)
• Le première lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens (1 Th 3, 12-4, 2)
• Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 21, 25-28.34-36

Est-ce que préparer Noël à Saint Merry ça va faire du bruit,
Est-ce que nous allons chanter suffisamment fort pour que notre joie soit entendue ?
Ou bien : Est-ce que nous serons suffisamment joyeux pour que notre chant soit fort et résonne ?
Chanter c’est naître !

Quand partout on nous parle de sécurité, de plan de sauvetage, de plan de vaccination, pouvons-nous préparer Noël sans prendre de risque ?
Sans prendre tout simplement le risque de la vie,
non pas maîtriser la vie, l’encadrer et la régenter,
mais la laisser surgir de toutes part, inconnue et bouillonnante.

On rayonne plus par ce qu’on rend possible que par ce qu’on interdit.
Jésus a rendu possible que les aveugles voient, que les paralysés marchent, que les prisonniers soient libérés, que les foules soient nourries.

Alors laissons venir la fête, ne la forçons pas de manière volontariste.
La fête est pour l’homme et non l’homme pour la fête.
Célébrer ce qu’on vit pour vivre ce que l’on célèbre.

Commençons par un aveux :
Nous sommes une communauté vieillissante,
riche de son expérience,
mais qui n’aime pas beaucoup les vagues,
qui ne raffole pas de la nouveauté.
Nous sommes encore de cette génération charnière qui ne s’imagine pas en dehors de la foi, en dehors du Christ.
Pour résumer cela de manière provocante, une communauté qui se méfie de l’enfance, de celle du cœur,
comme de celle de la génération qui vient qui va nous pousser dehors,
cette jeune génération pour qui la foi n’est pas encore dite,
pour qui la foi ne peut pas être un héritage du passé,
même du passé récent, même de nous…

Pourtant est-ce que notre communauté va une nouvelle fois surprendre,
comme elle a su souvent le faire,
est-ce qu’elle va se surprendre elle-même ?
Est-ce qu’elle va une nouvelle fois pouvoir s’émerveiller de ce dont elle est capable ?

Que Noël soit pour nous comme chaque année une occasion, en le voyant naître, de réinventer Jésus.
Il est pour nous un personnage multiple : Jésus de l’histoire, Jésus des Ecritures, Jésus de nos paroles échangées comme de nos silences, Jésus de notre prière.
Allons-nous pouvoir unifier ces multiples facettes et le voir s’incarner ?
Va-t-il pouvoir s’incarner dans notre communauté ?

Et dans le monde ? Allons-nous le voir s’incarner dans le monde ?
Car Noël est une fête que nous partageons volontiers avec les autres,
avec le monde profane.
C’est pas comme Pâques, qui est bien à nous : la résurrection qui d’autre que nous pourrait y croire ?
Mais une naissance… tout le monde y est sensible, tout le monde l’attend.
C’est pour tout le monde un mystère et une évidence.
Déjà dans l’évangile de Luc, Joseph et Marie la partage avec des païens, avec les mages.
Donc on ne prépare pas une fête qu’on partage comme une fête où on est entre nous (même si on reste ouverts).

Il nous faudra accepter de perdre le pouvoir : — on ne peut obliger quelqu’un à naître, il est si facile d’obliger les autres à mourir.
Il nous faudra accepter le temps, le travail du temps : — laisser germer, laisser grandir, laisser mûrir, et même laisser mourir ce qui doit finir pour qu’autre chose commence.
Il nous faudra accepter la chair : — pas de vie pour nous sans notre chair, sans nos joies et nos peines, sans nos blessures et nos enthousiasmes, sans notre jeunesse et notre vieillesse.

Profitons donc de ce temps de l’Avent pour célébrer les signes concrets de l’espérance qui nous permet de relever la tête.
Tant de personnes ou d’associations mettent en œuvre leur foi
dans des gestes qui aident ou renouvellent la vie,
des liens qui se tissent,
des paroles qui réveillent ou qui apaisent.
Nous en sommes témoins ou nous y participons
ou nous en prenons l’initiative,
nous les recevons comme un don gratuit de la vie qui nous est promise. Confiants que Dieu nous prend au sérieux pour changer le monde.

Pour préparer Noël nous avons donc un sérieux coup de main à demander à l’Esprit Saint.

Jacques Merienne

Introduction à Jérémie (Jr 33, 14-16)
Le passage de Jérémie qui nous est donné fait référence à une période très sombre de l'histoire d'Israël comme nous en avons connue au 20ème siècle, comme il y en a aujourd'hui dans le monde.

Marie-Thérèse Joudiou

Luc 21,25-28, 34-36

Nous allons entendre un texte que certains aimeraient « zapper » dans une lecture de l’Évangile de Luc tant ces mots nous parlent dans un langage apocalyptique et semblent d’un autre temps.
C’est facile de se dire qu’il s’agit d’images anciennes qui ne nous concernent plus vraiment.
Mais de quels temps parlons nous ?
Ne sommes nous pas dans le temps de la peur ?
Elle règne partout aujourd’hui et tout semble se lier pour nous la montrer à tous les coins de rues, pour nous mettre sur nos gardes en permanence : le principe de précaution, les assurance pour encadrer le moindre risque, les discours alarmistes sur la démographie, la réalité des populations du sud …

Et dans ce temps, nous nous préparons à fêter Noël…

- Peut-il y avoir encore aujourd’hui des lueurs d’espoir dans notre monde ?
- À quoi donc pouvons nous prêter attention aujourd’hui pour ne pas sombrer dans le pessimisme ou nous renfermer confortablement entre nous ?
- Qu’est-ce que nos oreilles de croyants peuvent discerner dans notre monde ?
Discerner pour en avoir peur ? ou pour nous aider à relever la tête ?

Mais, c’est bien là notre travail d’hommes de ce temps : REGARDER pour mieux saisir ce que notre monde a à nous dire pour
- VIVRE vraiment aujourd’hui,
dans le temps d’aujourd’hui
et non tourné toujours vers un passé que nous regrettons en pensant le connaître.
- Saisir ce que notre monde a à nous dire pour :
- VIVRE avec la joie de celui qui reçoit une parole venant d’un Autre, pour la faire sienne et s’en saisir.
- s’en saisir pour avoir les yeux et les oreilles grands ouverts pour oser changer le monde dès maintenant.

Florence Carillon

Lecture de l’Evangile de Luc.


Nous avons pensé, en préparant cette célébration à vous donner la parole, non pas à chacun au micro mais en vous retrouvant avec vos voisins de ce jour pour échanger autour de cette question :

« Quels sont nos peurs, quelles espérances nous font relever la tête ? »
florence carillon 29-12-09

florence carillon


Père
Quelle époque pourrions-nous, devrions-nous, rêver aujourd’hui pour demain ?
non pas dans l’irréalité du songe confié au sommeil
pas davantage dans la croyance en quelque Grand Soir,
ou quelque Apocalypse, qui ferait table rase du passé
Mais rêver comme on espère
Rêver comme on attend
Rêver comment on va prendre en main le cours des choses
pour les transformer
pour les mettre au service de l’homme, des hommes
pour les mettre au service de nos enfants,
des enfants de tous les hommes
Rêver sans pour autant renoncer à la « veille active » des artisans du monde
Rêver éveillé
à l’invitation de ton fils qui est né dans notre monde
en ton nom
en prenant la condition des hommes

C’est pourquoi unissant nos voix avec celles qui te chantent unanimes dans les cieux,
nous te chantons

il est la parole qui sauve les hommes
il est la main que tu tends au pécheur
il est le chemin de la paix
il est le chemin de la liberté

c’est lui ton propre fils…

Jacques Merienne

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