Samedi
15 août 2009
Commentaire Magnificat
Peut-être, à certains moments de la vie, faut-il se tenir immobile et laisser la foi venir à soi, comme on guette en forêt : « Écoute et tais-toi ».
Comme Marie, invitée à la découverte d'une autre présence secrète,
sans paroles et sans autres gestes que ceux de la vie quotidienne qu’accomplit normalement une femme de sa condition,
Sa solitude au cours des événements qu’elle traverse est apparente,
elle est accompagnée par l'attente de tous les inconnus qui tentent dans leur solitude à eux, de trouver les quelques mots qui pourraient traduire leur espérance.
Elle est comme eux au point d’être avec eux, et même de les représenter
Elle se tait mais pour elle comme pour les humbles il n'y a pas de pur silence
il n’y a pas de pure solitude
Dans ces moments-là il semble qu'en nous la foi perce une ouverture pour se faire entendre.
c’est le chant de Marie, reprenant celui Anne, la mère de Samuel
ou plutôt celui de son peuple tout entier
Cette foi exprime que Dieu est le Dieu des pauvres
Cette foi est légère et grave
Elle ne laisse pas saisir, il n'est pas possible d’en témoigner sur la place publique
elle ne peut s’afficher
Peut-être même elle n’a parfois aucun signe de reconnaissance.
Elle n'appartient à aucune religion, elle est au-delà de toute doctrine,
nous l’avons rencontrée chez des hommes et des femmes qui nous semblent loin de nous par leurs idées et leurs traditions
mais si proches par leur espérance
Cette foi est secrète.
elle est difficilement formulable avec nos propres mots
peut-être n'est-elle pas la foi, au sens où on l'entend communément :
elle ne se distingue pas de la personne même de celui ou celle qui l'invoque
elle est sa respiration, sa joie, son désir.
A certains jours elle se perçoit comme un vertige,
à d'autres comme le bonheur d'une surprise, un étonnement d'être vivant, un éveil, un réveil.
Cette foi rend heureux.
Ce n'est pas tant cette foi que nous partageons avec les autres que ce bonheur qui vient d'elle.
C'est dans ce bonheur, mais aussi quand cela se présente dans le partage du malheur et des douleurs, que la foi trouve sa fécondité.
Jacques Mérienne
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