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Vendredi
Saint 10 avril
"Entre tes mains je remets
mon souffle"
Introduction
Bon Soir ! Soyez les bienvenus à la célébration
du vendredi Saint en cette église de Saint Merri. Bienvenus aux
habitués de la paroisse, du centre Pastoral, de la prière
fêtez Dieu; et bienvenus à ceux qui sont de passage ou qui
viennent pour la première fois.
« Ayant aimé les siens, il les aima jusqu'au bout »,
nous dit l'évangéliste Jean.
Liturgie très particulière que celle d'aujourd'hui. Il n'y
a pas de messe. Notre célébration tournera autour de la
Parole, notamment la lecture méditée de la Passion, puis
la vénération de la croix, la prière universelle
et la communion.
Les groupes de partage du carême, pour un certain nombre d'entre
nous, nous ont permis de cheminer vers Pâques. On y est, presque.
Mais, pas si vite! Il nous faut avant traverser ce vendredi de ténèbres.
Les ténèbres qui ont couvert la face de la terre au moment
de la crucifixion. Les ténèbres qui ont inspiré les
répons des compositeurs, dont le lyrisme de certains a traversé
les siècles, et que nous pouvons écouter ces jours-ci dans
cette même église. Ténèbres qui menacent de
s'abattre sur nous comme un filet qui étrangle.
Ainsi, de même que Jésus sur la croix, nous allons prier
le Père avec les paroles du psaume 30: « Mes ennemis s'accordent
pour m'ôter la vie...délivre moi du filet qui me menace ».
Certes, les ténèbres n'auront pas le dernier mot, mais nous
allons les traverser en ce vendredi saint, jour de paradoxes
:
Paradoxe ! Devant l'impuissance du tout-puissant, devant le sauveur
de l'humanité déshumanisé, tout semble perdu. Cependant,
lorsque Dieu paraît vaincu, c'est là qu'il sauve!
Paradoxe ! Comme le serviteur soufrant d'Isaïe, dont nous
allons entendre la lecture, Jésus, défiguré par les
coups et les crachats, au comble de la déshumanisation , il devient
encore plus proche de notre humanité.
Paradoxe ! Pourquoi aujourd'hui, de manière particulière,
vénérons-nous la croix, cet instrument de mort? Parce que
le lieu de l'ignominie est devenu le lieu du salut et de la glorification.
Nous lisons dans Isaïe à propos du serviteur méprisé
et abandonné de tous, « mon serviteur réussira, il
s'élèvera, il sera exalté ».
C'est ainsi que le dépouillement total devient richesse, et que
la souffrance devient promesse.
Paradoxe ! Arrêté, torturé, entouré
de soldats et de toute sorte d'ennemis, Jésus reste pour autant
libre. Il garde sa liberté de parole, de répondre ou non
aux questions qui lui sont posées.
L'homme qu'il est souffre, hésite, mais accepte librement: «
Ma vie, c'est moi qui la donne, personne ne me la prend », avait-il
dit. Et lorsque tout sera consommé, il dira sur la croix: «
Entre tes mains je remets mon souffle ».
Paradoxe ! Lorsque Pilate questionne Jésus: « qu'est-ce
que la vérité, », Jésus ne réponds pas,
apparemment. Mais, dans les faits, il a déjà répondu
auparavant avec ses paroles, et il va répondre en brève
par ses actes: « Il n'y a pas de plus grande preuve d'amour que
de donner la vie pour ceux que l'on aime ».
C'est l'acte suprême le liberté et de vérité
de l'homme-Dieu !
Gerardo RAMOS
Commentaires sur le récit
de la passion selon Jean
Où est le Père Tout Puissant
à l’heure de la passion ? Dans l’impuissance du Fils
tout nu aux mains des soldats. Le Dieu Très Bas pris au piège
du filet de son amour.
Jésus Asurmendi
Quiconque est de la vérité
écoute ma voix
Pilate lui dit : « qu’est-ce que la vérité ?
»
Étrange dialogue. Au seuil de la mort, question fondamentale que
la croix semble résoudre par la béance du vide. Pourtant,
au-delà de ton dernier souffle, demeure l’Amour parce que
tu es la vie, parce que tu es la vérité.
Alain Cabantous
Prière universelle et adoration de la
croix
En écoutant le récit de la Passion du Seigneur,
en ces jours où nous faisons mémoire des fondamentaux de
notre foi, une prière enracinée dans les profondeurs du
réel surgit. Et un regard complice vers la croix qui, malgré
le filet de la mort qui l’habille, pointe déjà vers
l’espérance. C’est pour cela que nous pouvons la regarder
en face et prier.
Jésus Asurmendi
Prions pour que nous, chrétiens, soyons dans ce monde présent
des serviteurs modestes de la vérité.
Non des femmes et des hommes campés dans l’absolu de la vérité
mais des femmes et des hommes en recherche de la vérité
qui, sans relâche, témoignent de l’amour du Christ
pour chacun.
Seigneur, qu’au nom de cet Amour, nous participions activement à
la construction d’une humaine humanité
Alain Cabantous
Déshabillés dans nos commissariats policés
pour mieux leur dire qu’ils ne sont rien.
Dépouillés de leurs terres pour leur faire comprendre que
la loi c’est la force.
Dépossédés de leur travail et de leur 1500€
par mois par des hommes en costume Armani à 100.000 € par
mois.
Tous pris dans les filets des puissants.
Toi, le Dieu Très Bas qui te fait fort d’écouter le
cri des malheureux, tu n’as que l’embarras du choix.
A l’aide !!
Jésus Asurmendi
300, 500 on se le saura jamais…
300, 500 jeunes courageux qui ont quitté leur entourage pour tenter
de gagner quelque argent qui permettra à la famille de survivre…
300, 500 familles pleurent celui dont elles sont sans nouvelles avec toujours,
quelque part au fond du cœur, une petite lueur d'espoir.
Seigneur nous te prions d'abord pour ces jeunes qui n'ont eu comme ensevelissement
que la mer déchaînée,
Et pour tous ceux qui leur sont proches, pour tous ceux qui comptaient
sur eux pour continuer la vie au pays…
Mais, Seigneur, pardon aussi pour notre indifférence, pour les
mots que nous utilisons qui gomment la réalité : illégaux,
clandestins, sans-papiers…, c'est-à-dire, pas tout à
fait des hommes…
Pardon Seigneur, pour notre bonne conscience qui se cache derrière
les propos officiels d'aide ou de développement et qui ne sont
souvent que des contrats pilleurs qui détruisent les possibilités
de vie locale.
Pardon Seigneur, parce que notre désir de "toujours plus de
profit" tolère que l'Afrique notamment, soit notre poubelle,
de déchets ou de nourriture inutilisable pour nous…
Pardon enfin Seigneur, parce que nous nous laissons envahir par l'émotion
de faits divers, mais fermons notre cœur devant tant de comportements
inhumains inadmissibles censés nous protéger de l'autre,
du différent.
Marie-José Lecat-Deschamps
Communion.
Partager le repas du Seigneur, la réserve de ce repas unique, le
repas de l’amour. Nous en avons besoin pour traverser le vide, pour
garder la tête haute en attendant le Jour du Seigneur, celui qui
dégage nos pieds du filet.
Dernière prière
Dieu du silence, Dieu de l’Absence, garde tes serviteurs en paix.
Aide nous à traverser le vide et le non-sens. Remets nous sur pied,
donne-nous du large. Sois notre force, sois notre sens. Car nous croyons
que ton amour précède tout et aura raison de tout. Par Jésus,
le Christ crucifié.
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