Prises de paroles

 

Dimanche 05 avril

"Par-delà ma détresse, fais-moi vivre, Seigneur ! "

Isaïe 50, 4-7

"Le Seigneur m'a donné le langage d'un homme qui se laisse instruire pour que je sache soulager..."
Alors que la Pâques du Christ approche, bien des gens, autour de nous, vivent leur vendredi saint. Peur, douleur, révolte, découragement, solitude. Bien des corps et des coeurs voudraient, comme au jardin des oliviers, crier au Seigneur : "éloigne de moi cette coupe !"

Et nous, avec Isaïe, supplions Dieu de nous donner "le langage d'un homme instruit" pour soulager, dire l'Espérance. "Dans le combat permanent qui oppose la peur et la foi (écrit Marcel Domergue, jésuite), c'est la foi qui doit avoir le dernier mot, la confiance absolue dans la volonté du Père, cette volonté dont le mot Amour est un autre nom".

"Et moi, je ne me suis pas révolté" dit Isaïe. Heureux Isaïe ! Dieu sait combien nous nous révoltons, combien je me révolte. Tous ceux qui, comme moi en ce moment, entourent quelqu'un dont la vie ne tient qu'à un fil, savent de quoi je parle : pourquoi lui ou elle ? pourquoi maintenant ? pourquoi comme ça ? Chez Isaïe, pas de révolte, et pourtant, il annonce la passion de Jésus, tout y est : crachats et outrages. Isaïe fait confiance. Je supplie le Seigneur de me donner cette foi là, car devant l'épreuve, plus d'une fois, j'ai eu deux mots à lui dire...

Faut-il que le Seigneur ouvre nos oreilles pour entendre sa promesse ! Aujourd'hui, c'est à nous que cette parole est adressée. Ecoutons la voix du Seigneur (chant).

Corinne Latscha-Vorms

« Hosanna » : sur le chemin d’espérance !

Rappelons-nous qu’en ce matin de vendredi avant la Pâque où Jésus était crucifié, nombreux étaient ceux qui assistaient en spectateurs : amis impuissants, simples badauds, passants, étrangers, s’apitoyant peut-être momentanément sur le sort des condamnés. Et, nous aujourd’hui, sommes -nous seulement des spectateurs, « regardant de loin » ? Jésus est l’acteur principal de la passion. Nous ne pouvons pas le regarder de loin, parce qu’il est en solidarité profonde avec nous. ‘Christ est mort pour nos péchés, selon les écritures’ (1Co 15,3). ‘Ce sont nos souffrances qu’il portait’ (Is 53,4).
Jésus souffrant sa passion représente tous ceux qui, dans notre humanité, sont crucifiés d’une manière ou d’une autre par l’épreuve, la maladie, la faiblesse, la brutalité, la solitude et l’injustice. Tous ceux qui ont été victimes de trahison, d’abandon, de calomnie ou de jugement inique, de torture physique ou morale, peuvent se reconnaître en lui… Le Christ est proche de nos chemins de croix. Les luttes que nous avons à mener nous aussi sont à l’image de son combat contre le mal et le péché.
Le comble, dans le récit de la Passion selon saint Marc, c’est la profession de foi finale, « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu », car elle est dite par un païen, le centurion chargé de l’exécution. Sa déclaration est l’aboutissement de tout l’évangile, car la proclamation des actes et des paroles de Jésus a pour fonction de susciter de telles professions de foi. Mais, de quoi le centurion avait-il donc été témoin ? De ce geste suprême dont il est dit : « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour les autres. »
Je crois que c’est à cet horizon du destin de l’humanité que nous ouvre ce dimanche des Rameaux. Les processions (cette tradition du mouvement des croyants à la suite du Christ) nous relient à toute l’histoire du Peuple de Dieu, qui est en marche depuis le temps d’Abraham, suite aux appels de Dieu. La croix du Christ ouvre la marche, pour bien signifier que nous suivons un guide et que c’est lui qui donne sens à nos processions : la vie de nos communautés est une marche à la suite de Jésus.
Il nous trace le chemin en se mettant au service des petits et des blessés de la vie, il nous révèle la profondeur de l’humanité dans le dépouillement de toute sa personne. Accueillons le don total de sa vie pour chacun de nous, et pour nos contemporains. Que sa Passion porte pour notre monde tous les fruits de Vie, et que tout homme se réjouisse de son Amour maintenant et pour les siècles et des siècles!

Donatus Nduluo