Prises de paroles

 

16 mars dimanche des Rameaux

« Qui est cet homme ? »

Lectures
• Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 21,1-11)
• Lecture du livre d’Isaïe (Is 50,4-7)
• Psaume 21
• Lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens (Ph 2,6-11)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 26, 14-27,66)

Qui est cet homme ?

La question agite toute la ville de Jérusalem.
Cette question nous habite aussi ce matin.
Qui est cet homme qui va vers sa mise à mort sans un cri de protestation et de révolte ?
Cette question a taraudé l’esprit de ceux qui ont suivi Jésus depuis les débuts de sa vie publique en Galilée. Ils n’ont rien voulu perdre des traces qu’il a laissées - regards, paroles, gestes - jusqu’à son dernier souffle.

Quatre Evangiles. Quatre récits de la Passion.
L’Evangile de Mathieu met l’accent sur la façon dont les chefs religieux verrouillent l’accès à Dieu. Dans l’épreuve qu’il traverse en homme véritable, Jésus révèle le vrai visage de Dieu.
Tout homme, à la suite du centurion romain pourra le reconnaître. Le rideau du Temple s’est déchiré. Cette déchirure, ce dévoilement s’opèrent dans le cœur des hommes et des femmes, en renversant les perspectives, en bouleversant leur vie, hier comme aujourd’hui.

Alors que la violence et la guerre semblent encore enterrer l’humanité sous la cendre, des hommes et des femmes croient que la haine, le mépris, le mensonge, la lâcheté ne peuvent avoir le dernier mot. Comme l’archevêque chaldéen de Mossoul, comme nombre de journalistes tués en Irak et dans d’autres pays, comme les moines boudhistes au Tibet, qui ne se dérobent pas à leur mission, ils construisent une réalité encore invisible aux yeux du monde.


Eliane Brouard


Interventions pendant la lecture de la Passion

…….
Après le reniement de Pierre :

Trahison de l’ami, du fidèle et courageux disciple, qui venait d’affirmer
« Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas »
Faiblesse du courage, quand la peur nous submerge et nous fait oublier nos propres engagements. Expérience crucifiante qui bouleverse une vie.

…..
Après la démission de Pilate :

Foule versatile et manipulée, celle-là même qui venait d’acclamer Jésus comme roi.
Bonne conscience du pouvoir religieux. Lâcheté du pouvoir romain qui se décharge de sa responsabilité. Une histoire unique et pourtant tristement répétée au long des siècles.
Hier comme aujourd’hui, « mieux vaut une injustice qu’un désordre ».


Eliane Brouard

Méditation pour le dimanche des Rameaux à la manière d’une prière eucharistique


Nous voulons te rendre grâce Dieu notre Père en ce dimanche des Rameaux, entrée dans ce temps particulier, cette semaine singulière, ces jours saints. Semaine sainte parce que nous allons re-présenter les événements qui fondent et réalisent notre libération, notre salut. Evénements qui dégagent notre chemin et ouvrent notre espérance. Une semaine qui est une traversée de nos difficultés et de nos différences, petites et grandes, celles qui relèvent de la surface et celles qui nous façonnent en profondeur. Découvrir les différences, se poser des questions : qui est cet homme ? Qui est mon voisin ? Qui est l’autre ? Vivre des renversements pour se connaître et se trouver soi-même et rencontrer l’autre.
Nous te remercions parce que tu nous indiques ces chemins renversants.
Nous te remercions surtout parce que le Christ, ton Fils, le maître des renversements, nous a montré le chemin de la désappropriation, du renoncement à la mainmise, de l’ouverture au renoncement. Oui, lui qui est Dieu comme Toi et en Toi ne s’est pas cramponné compulsivement à sa dignité, à sa son grade, à sa position, à son statut. Il s’en est dépouillé, dévêtu, détaché et est devenu l’un des nous.
Pour ce magnifique itinéraire qui nous entraîne avec lui, pour ce Fils devenu serviteur et établi Seigneur, par Lui et pour lui nous te remercions en chantant.

Cette traversée de la réalité pleine de pièges et riche de différences, remplie de surprises et de divergences, et débordant d’altérité que ton Fils a réalisé l’a conduit à la mort. Lui le Fils qui est descendu auprès de nous a été élevée…sur une croix. Lui qui a reçu un nom au-dessus de tout nom, est jeté et exécuté dehors, tel le criminel abjecte et méprisable. Quel admirable échange, quel époustouflant renversement. Renversement suprême : de la mort infamante surgit, par ton Esprit, la vie pour toujours. Que ce même Esprit, Père, nous te demandons, fasse de ce pain et ce vin la nourriture de nos vies. Qu’il fasse de ces simples dons de toi reçus, le Corps et le Sang du Christ.

Question de vie et de mort, ce mémorial que notre Seigneur nous a demandé de faire. C’est pourquoi nous rappelons sa mort, nous proclamons sa résurrection et nous attendons son retour.

La transformation est en cours, l’itinéraire est en train de se dérouler, les renversements et les traversées auxquels nous sommes invités ont déjà commencé. Et il faut poursuivre. Mais seuls…
Que ton esprit fasse d’abord de tous ceux qui partagent le repas du Seigneur, le Corps du Christ, la communauté de ceux qui vivent du Christ.
Que l’on en voit ensuite les conséquences. Une Eglise ouverte et dynamique, qui prend les différences et les altérités, comme des signes de ta présence parmi nous. Qu’elle invite les uns et les autres à la traversée et à la confiance dans les autres. Qu’elle accompagne tous ceux qui le veulent, dans le plus grand respect, dans ce voyage de la rencontre et de la communion.

Jesus Asurmendi

r