Prises de paroles

 

Dimanche 2 novembre 2008


"Heureux ceux qui veillent"

Lectures
• Livre de la Sagesse (Sg 2,1-4a.22-23; 3,1-9)
• 1ère lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (Rm 8,18-23)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 12,35-38.40)

Introduction à la lecture du livre de la Sagesse

La mort et après ?
Mystère permanent d’interrogations sans âge.

Aujourd’hui, nous Occidentaux, nous pouvons très aisément nous reconnaître à travers la figure de l’impie* que dessine le livre de la Sagesse rédigé au tournant de notre ère et pourtant résonnant d’actualité.

Au cours de notre existence, nous nous préoccupons généralement beaucoup moins de notre salut éternel
que de savoir comment mieux profiter de l’existence sans hésiter pour cela à exploiter la terre outrageusement,
sans craindre d’écraser le pauvre,
faisant de la force la norme du droit

puisque la mort n’est que l’anéantissement définitif de notre être,
et que le souffle de nos narines ne vaut pas plus qu’une fumée.

Sommes nous donc des humains « qui errons auprès des margelles dont on a ôté le puits » ? (René Char)
Faut-il même y penser, et s’encombrer de ces questionnements ?
Personne, en effet, n’est revenu de l’Hadès
et le paradis comme l’enfer ne semblent plus vraiment être ce qu’on nous en avait dit

Le livre de la Sagesse, influencé par la philosophie grecque, y répond à sa manière.
Mais nous aujourd’hui que répondons-nous si nous acceptons d’y être confrontés tant que nous sommes encore vivants ?

Juste un balbutiement et des esquisses modestes et personnelles pour un chemin d’espérance:
oui la prière crée un lien ininterrompu entre les vivants et les morts ;
oui nous sommes dans la main de Dieu, en confiance, en ferme amour ,
dans l’attente de sa miséricorde inépuisable ;
oui nous ne savons ni le jour ni l’heure de cette rencontre, une parmi d’autres mais décisive entre toutes, et dont l’incertitude même doit faire de notre veille un temps permanent pour l’accueil ;
oui le paradis, et non l’immortalité dont parle la Sagesse, c’est le bonheur qui ne finit pas,
c’est le royaume de Dieu totalement accompli et maintenant déjà commencé ;

oui, oui, non peut-être,… chacun complètera, amendera selon son expérience spirituelle…

La mort et après ?
C’est le grand mystère de la vie que Jésus le ressuscité, il me semble, nous aide aussi à déchiffrer.

Alain Cabantous

* en italique les références aux passages des chapitres 1 et 2 de Sagesse.

 

Méditation à la manière d’une prière eucharistique

Dieu et Seigneur de l’univers, père de tous les hommes. Nous voilà réunis en ce jour un peu particulier pour te louer et te remercier. Jour particulier parce qu’habituellement on est tourné vers la mort, vers nos morts, vers notre mort. Nés à l’improviste, souffle à peine perceptible, étincelle éphémère, brume et nuage disparus au soleil.
Et c’est vrai que nous sommes tout cela. Mais tu viens nous dire et nous rappeler que nous ne sommes pas que cela. Tu viens nous dire que le paraître et les apparences ne sont pas le dernier mot. Qu’il y a plus et mieux. Que le gling-gling ne mène nulle part. Que, contrairement à ce qui prédomine dans nos sociétés, et parfois aussi dans nos cœurs, « l’avarice n’est pas bonne ». Que le fric ne fait pas le sens. Que travailler plus pour gagner plus est un horizon pitoyable, minable.
Tu nous aides à ouvrir le rideau et voir, tu dévoiles le mystère de la vie et nous ouvres le chemin réduisant à poussière les faux semblants et les apparences trompeuses. Tu brises le mur de la mort physique pour nous proposer, déjà ici et maintenant, une vie bonne, une vie pleine de sens, une vie de communion qui met en relation les uns avec les autres et non pas les uns contre les autres.
Merci pour cet offre, exceptionnelle et unique. Merci aussi pour cet appel insistant à la vigilance, pour nous réveiller par ta Parole, ton Fils, notre Seigneur Jésus-Christ. Lui Le Veilleur, nous invite en ton nom à veiller, à cultiver la vie reçue en servant nos frères. Pour Lui et par Lui nous te remercions et nous te chantons.

A force de veiller, de démasquer les impostures et de servir ses frères, ton Fils, notre Seigneur a fini comme on le sait. Lui, le Juste qui prétendait avoir Dieu comme Père a été condamné à une mort honteuse. Mais voilà, tu es venu à son secours et Le Veilleur est devenu Le Vivant. Pour lui et pour tous. Que ton Esprit nous le rende encore présent.

Rappeler sa mort et sa résurrection, faire son mémorial, voilà ce que nous faisons, comme il nous l’a dit. Et nous attendons son retour.
Nous attendons ce retour en veillant, une veille permanente mais pas anxieuse. Une veille de tous les instants dans la confiance. Une veille de chacun et de la communauté toute entière.
Mais une fois encore que l’Esprit nous rende capables de veiller comme il faut. Une veille qui n’oublie pas nos morts, nos racines et nos sources d’hommes et de femmes ici et maintenant. Une veille qui se manifeste et se traduit par un service constant et joyeux des frères et des ennemis. Une veille qui traverse la mort de la haine et de l’avarice, de l’exclusion et de l’injustice et la change en vie harmonieuse, libre, juste et joyeuse. C’est pour cela que ton Esprit doit faire que tous ceux qui partagent le repas du Seigneur deviennent son Corps, le Corps du Christ, ton Eglise. Nous te le demandons.

Jésus Asurmendi

 

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