Prises de paroles

 

Dimanche14 septembre 2008

« Par ta Croix, Seigneur, Tu nous rends la Vie »

• Livre des Nombres (Nb 21,4-9)
• Lettre de saint Paul aux Philippiens (Ph 2,6-11)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 3,13-17)

Mot d’accueil.


La cloche s’arrête doucement de sonner, nous sommes en communion avec ceux qui sont en prière à Lourdes…

Bienvenue à tous, aux personnes de passage ou qui viennent ici pour la première fois, c’est avec plaisir que nous nous accueillons.

Nous étions assez nombreux lundi autour de Donatus, pour préparer cette célébration. Pourtant nous n’entendrons pas beaucoup de paroles autour du texte de l’Evangile et de l’Epître de Paul aux Philippiens : c’est l’orgue, le silence et le chant qui vont rythmer le temps que nous allons passer ensemble, ici au Lutrin, avant de monter au Chœur pour l’Eucharistie.

Nous n’entendrons pas non plus parler du personnage principal du premier texte de l’Ancien testament. Nous n’avons pas choisi de le lire ; c’est un texte du livre des nombres et le peuple récrimine une fois de plus contre Moïse et contre Dieu.
Ce texte parle du serpent, le malin qui tue et empêche l’homme d’aller vers Dieu. La croix a vaincu le mal, mais la question reste posée à l’homme : n’avons-nous pas nous aussi un travail à faire pour que ce serpent qui semble toujours présent laisse enfin la place au monde que nous cherchons, un monde d’Amour ?

Denis Caillet

Fêtons la Croix glorieuse

Devant la Croix, nous sommes en face d’un signe profondément interpellant tant pour les incroyants que pour les croyants. « S'il est une chose difficilement assimilable dans nos cultures, c'est l'idée d'un Dieu crucifié, pour reprendre l'expression du théologien allemand Jürgen Moltmann. Nous sommes si habitués à penser Dieu en lien avec sa toute-puissance et son éternité, avec la conviction qu'il lui revient de nous assurer la sécurité ici et après la mort, qu'il devient difficile de l'imaginer vulnérable », affirme le Père Bede Ukwuije (spiritain nigérian). Pour lui, cette peur peut être justifiée, d'une certaine manière, par la facilité avec laquelle on évacue la gravité de la souffrance. Je pense à un homme d'une quarantaine d'années qui souffrait d'un cancer et qui disait souvent à sa fille : « C'est la croix que Dieu m'a donnée. Dieu châtie bien ceux qu’ il aime. » Cela poussait sa fille à une révolte profonde contre Dieu.

En face d’un tel mystère de la croix, je partage la conviction du Père Joseph Moingt pour qui, « sur la croix, la révélation de Dieu est humble en cela même qu’elle n’est pas contraignante. C’est un acte de gratuité de Dieu, de pauvreté. Sur la croix, dit-il, Dieu ne nous menace pas. Il laisse la liberté de croire ou de ne pas croire. La Croix nous délivre de toutes les raisons nécessaires de croire en Dieu. Dieu s’y révèle comme un Dieu d’amour, un Dieu qui se donne, qui est pour nous. »

Il faudra méditer ce mystère en lien avec la fébrilité de notre société, trop souvent soucieuse d'efficacité et de rentabilité, société qui génère une compétition de plus en plus féroce où les plus petits trouvent difficilement leur place. Lorsqu'on voit des événements et des conflits en lien avec des stratégies politiques et économiques, on ne peut que souhaiter que les êtres humains se laissent interroger par la manière de Dieu d'être Dieu en Croix : un Dieu pour nous. Voilà pourquoi de cette croix jaillit la présence d’une force discrète qui donne vie à partir d’un dépouillement total. Nous y découvrons le désir d’enter en relation avec l’autre, avec Dieu dans la lumière de l’autre homme et avec l’autre homme dans la lumière de Dieu. Cette fête de la Croix nous donne l’occasion de revivifier le geste simple et spécifiquement chrétien qui est le signe de la croix, sceau du Christ.

Donatus

En guise de Prière méditative

Oui Seigneur, nous voulons te rendre grâce par ton Fils Jésus-Christ notre Seigneur. Par sa croix, signe de ton amour pour l’humanité toute entière, tu nous enseignes tes voies, tu nous fais connaître ta sagesse et la vérité de ton amour qui nous sauve.
Nous voulons aujourd’hui te redire la joie du psalmiste : « Nous avons entendu et nous savons ce que nos pères nous ont raconté : et nous redirons à l’âge qui vient les titres de gloires du Seigneur. Quand Dieu les frappait, ils le cherchaient, ils revenaient et se tournaient vers lui. Ils se souvenaient que Dieu est leur rocher, et le Dieu Très-haut, leur rédempteur. En lui, miséricordieux, au lieu de détruire, il pardonnait. Il se rappelait : ils ne sont que chair, un souffle qui s’en va sans retour. »
En proclamant Seigneur que par ta croix tu nous donnes la vie, nous voulons redire notre action de grâce en Église, peuple de l’alliance.

Dieu notre Père, donne-nous de savoir ouvrir nos cœurs à la « folie » de la croix, célébrée par Saint Paul, une folie qui n'est ni un mépris de Dieu ni un abaissement de l'homme. Au contraire, elle dit la profondeur de l'être de Dieu et la dignité de l'être humain, révélées en Jésus-Christ. En contemplant, en communauté des croyants, la croix de Jésus-Christ, nous découvrons un homme libre à l'égard de la violence. Libre, il a choisi de briser les chaînes de la violence en menant un combat rude contre la haine. Il l'a fait, non par simple stoïcisme, ni par volontarisme égoïste, mais par confiance en Dieu et par amour pour ses frères. Puisse l’Eglise, toute entière, être revigorée par cette confiance inébranlable du Christ en Toi.

Aujourd’hui, Seigneur, tu confies ta Parole. Les Évangiles témoignent que la folie de la croix est la folie de Dieu lui-même, qui n'a pas gardé son fils pour lui-même mais l'a livré pour nous. C'est à partir de la croix que ton amour discrètement présent, profondément humble et simplement fort nous donne vie. La résurrection de Christ est définitivement porteuse de ta fidélité pour toute humanité. C'est en ressuscitant Jésus d'entre les morts que Dieu s'est montré comme le Dieu vivant, le Père de la vie. Un Dieu qui ne s'enferme pas dans l'impassibilité : au contraire, c'est un Dieu passionné qui porte nos souffrances avec nous. Dieu s'engage totalement dans notre combat contre la mort, jusqu'à priver cette dernière de sa prétention à avoir le dernier mort sur la vie. Fais de nous des signes porteurs de la Croix.

Sur les chemins de nos vies, nous avons une multitude de missionnaires, morts pour la foi. Ils ont choisi la sagesse de la croix contre le mal, la haine et la violence. Ils nous montrent que l'amour est une valeur sur laquelle nous pouvons miser notre vie jusqu'à mourir. Tant d'hommes et de femmes vivants maintiennent discrètement l'histoire du monde en éveil en incarnant la folie de la croix. En déposant nos soucis et nos souffrances au pied de la croix de Jésus, nous lui demandons de nous contaminer de sa folie, qui seule peut garantir un avenir à l'humanité. A la suite de la Vierge-Marie, des Apôtres et de tous les saints, nous te confions tous nos défunts. Enracine en nos cœurs cette dynamique d’amour, resserre nos liens avec toi, pour développer ce qui est bon en nous, veille sur nous avec sollicitude sur le chemin ouvert devant nous, sur lequel nous allons plus loin dans notre recherche de devenir nous- même, avec le Christ notre Seigneur.

Donatus

 

 

POUR INVENTER D'AUTRES ESPACES

Pour inventer d'autres espaces
Où se relèveront les corps
Il étendit les bras :
Tout homme est libéré
Le mur s'est écroulé
Où l'on avait gravé
Que Dieu est mort !
Pourquoi vous désoler encore ?
Depuis le jour du sang versé
Vous savez bien que tout est grâce.

Pour vous tenir hors des impasses
Et vous guider aux lieux déserts
Il étendit les bras :
Les flots se sont dressés
Son peuple a traversé
Au merveilleux sentier
Qu'il a rouvert
Pourquoi ne pas franchir la mer ?
Depuis le jour du sang versé
Vous savez bien que tout est grâce.

Pour embrasser toutes les races
Dans sa bénédiction de feu,
Il étendit les bras :
Le monde est attiré
Au centre du foyer
Où l'on peut voir brûler
Le cœur de Dieu.
Pourquoi ne pas lever les yeux ?
Depuis le jour du sang versé
Vous savez bien que tout est grâce.


Pour vous garder près de sa face
Et vous transfigurer d'Esprit,
Il étendit les bras :
Le voile est déchiré,
Le livre, descellé,
Qui retenaient caché
Le Dieu de vie.
Pourquoi ne pas courir à Lui ?
Depuis le jour du sang versé.
Vous savez bien que tout est grâce.


SI TU SAVAIS LE DON DE DIEU

Si tu savais le don de Dieu,
Tu puiserais aux sources vives (bis)
Et tu n'aurais d'autres paroles
Que Jésus Fils de Dieu
Marchant sur nos chemins
Si tu savais le don de Dieu.

Si tu savais le don de Dieu,
Tu puiserais aux sources vives (bis)
Et tu n'aurais d'autre partage
Que la table du pain
Donné jusqu'à la mort.
Si tu savais le don de Dieu.

Si tu savais le don de Dieu,
Tu puiserais aux sources vives (bis)
Et tu n'aurais d'autre fontaine
Que le sang et que l'eau
Jaillis de l'homme en croix.
Si tu savais le don de Dieu.

Si tu savais le don de Dieu,
Tu puiserais aux sources vives (bis)
Et tu n'aurais d'autres lumières
Que l'éclat du matin
Pointant hors du tombeau.
Si tu savais le don de Dieu.


 

 

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