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Dimanche
24 aout 2008
A propos des lectures de Paul
et Matthieu
Imaginez le malaise provoqué si, dans cette assemblée,
on se posait cette question les uns aux autres : pour vous, qui suis-je
? A condition que l’on réponde sincèrement, sans langue
de bois et fausses politesses. La question qui est au centre de cette
eucharistie revient une fois par an dans la liturgie : pour vous, dit
Jésus, qui suis-je ?
On la connaît.
Question et réponse sont relationnelles et personnelles. Il ne
s’agit pas d’un savoir froid et impersonnel. Il ne s’agit
pas de sortir, pour y répondre, le credo, par exemple. La langue
de bois ne marche pas. Celui qui pose la question connaît «
le credo ». Il ne s’agit pas d’une réponse conformément
à la doctrine du parti, et au politiquement correct. C’est
une réponse qui se situe dans le jeu des rapports je/tu : pour
toi qui suis-je, moi ? Quel rôle, quelle place, quel horizon suis-je
pour toi
Si elle est personnelle, comme on nous le demande, elle ne sera pas parfaite
et complète ; elle sera limitée, provisoire, circonstanciée…
Tout cela fait que la réponse, comme la question, sont et seront
engageantes.
Celui qui pose la question et celui qui répond clarifient la situation.
C’est une mise au point qui permet de constater la rupture, de préciser
la relation, de mettre les pendules à l’heure, d’approfondir
les liens et les projets, de dynamiser la communion.
On peut dire que tout cela c’est de la psy bon marché.
N’oublions pas que celui qui nous pose aujourd’hui la question
c’est Dieu, certes, mais un homme comme nous et que toute relation
spirituelle se fait toujours par et dans notre corps. Alors « Pour
vous, qui suis-je » ?
Méditation à la manière d’une
prière eucharistique
Même si les retours commencent à s’amorcer, on est
encore, Dieu notre Père assez dispersés par monts et par
vaux. Et pourtant enrichis par les rencontres et les trouvailles, nous
avons besoin de nous retrouver autour de ton invitation, de ta Parole
et de ta table pour te remercier et te louer.
Paul nous parle de la richesse et de la profondeur de ta sagesse. Nous
en sommes convaincus à tel point que, très souvent, nous
avons du mal à suivre tes projets, à comprendre ton agir
et ta parole. Cependant tu nous donnes une clé de lecture irrésistible
: Jésus de Nazareth, ton Fils, notre Seigneur : En lui et par lui
nous pouvons te suivre. En le voyant et en l’entendant, sans toujours
tout saisir, nous avons largement de quoi voir et comprendre pour vivre,
pour que la communion et l’amour donnent sens à nos vies
d’hommes et de femmes. Pour cette lumière dans la nuit ou
dans le clair/obscur de nos vies, nous te remercions et nous te louons.
Nous te remercions aussi parce que tu nous prends au sérieux. Tu
ne nous jettes pas un catalogue de « vérités »
à croire, un chapelet de faits incontournables et irréfutables,
anonymes et froids.
Tu nous poses des questions, en et par Jésus, ton Fils, notre Seigneur.
En lui et par Lui tu nous poses la question : pour vous, qui suis-je ?
Ainsi tu nous établis partenaires, interlocuteurs. Pour cette dignité
de « vis-à-vis » que tu nous donnes, en Jésus-Christ,
par Lui et pour Lui nous te remercions et nous te chantons.
Ce frère que tu nous as donné, Jésus de Nazareth,
notre Seigneur a des bonnes réponses, Lui. A la foule des questions
qui nous assaillent toujours le concernant il ne répond pas toujours
avec une autre question, comme souvent dans les évangiles. Il a
une réponse qui prime sur toutes les autres : venez et voyez. Ou,
avec d’autres mots, si vous restez incrédules par rapport
à mes paroles, voyez ce que je fais. Et là, évidemment…
il gagne à tous les coups : il a rompu le pain, il a donné
son corps, il a versé son sang, il a dépensé sa vie,
il a offert sa mort. Et c’est ainsi que l’Esprit peut aujourd’hui
encore nous en faire cadeau. Pour vivre et être ses partenaires,
pour pouvoir répondre à sa question. Que l’Esprit
donc fasse de ce pain et de ce vin les signes de sa réelle présence
parmi nous, le corps et le sang du Christ.
Fidèles à sa parole nous faisons aujourd’hui encore
le mémorial de sa vie, de sa mort et de sa résurrection.
Et nous l’attendons jusque à ce qu’il revienne.
Jeu de questions/réponses. Jeu qui engage. Et même si nous
ne savons jamais où cet engagement va nous mener, nous n’en
sommes par dupes. C’est pourquoi ton aide, Dieu notre Père,
nous est indispensable. Que ton esprit fasse de tous ceux qui partagent
le Repas du Seigneur un seul corps et un seul Esprit, la véritable
Communauté, que tu veux. Une Eglise où toutes les questions
aient droit de cité et où les réponses ne soient
pas fixées et figées, mais personnelles et engageantes dans
la communion de tous.
Algérie et Afghanistan.
Géorgie, Ossétie et autres Tchétchènes.
Accidents d’avion et autres bus.
Ghettos de Gaza et de Territoires palestiniens occupés.
Tous nos morts et nos vivants.
Jésus Asurmendi
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