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Vendredi
15 aout 2008
Assomption
Traditionnellement, dans l’Église
nous avons trois approches de la personnalité de Marie. 1º
biblique : les mentions faites de Marie dans les Évangiles, très
discrètes et très significatives. 2º « théologique
» : c’est-à-dire la manière dont peu à
peu les premiers chrétiens, par les Pères de l’Église,
ont donné de l’importance à cette figure si proche
du Christ. 3º mystique : surtout depuis le 18º siècle,
avec les apparitions telle Lourdes (où le Pape va se rendre en
septembre) ; c’est l’approche qui a quasiment dominé
toutes les autres, on y adhère ou pas selon la vie spirituelle
à laquelle on est appelé.
Aujourd’hui je voudrais évoquer la seconde, Marie vue par
les Pères des premiers siècles. Ce sont eux qui en ont fait
non seulement l’image de l’Église, mais qui ont le
mieux compris son importance nécessaire à la source de l’Église.
Cette approche est très tonique pour notre communauté qui
veut être missionnaire dans le monde actuel.
1º Marie dit OUI
Dans l’incarnation, une mère biologique n’était
pas nécessaire, Dieu créateur aurait pu s’en passer
et placer les hommes devant le fait accompli. Le choix d’une mère
ajoute à l’incarnation une dimension HUMAINE : en Marie l’humanité
dit OUI à la venue du Fils de Dieu. Par Marie le Père associe
l’humanité au processus de l’incarnation. On l’oublie
souvent…
2º Marie « mère de l’Église ».
La disponibilité infinie de son attitude de foi (« qu’il
advienne selon ta parole » Lc1) fait que Marie devient le sein idéal/moral
et réel/physique de l’Eglise : par la foi, par l’amour
et par l’espérance, sa personne s’est faite si souple
dans la main du créateur qu’il peut ELARGIR SA CONSCIENCE
privée/individuelle de jeune fille de Palestine d’il y a
2000 ans, pour en faire une conscience ecclésiale accessible à
tous. (Dans leur jargon les théologiens vont appeler cela la «
communion des saints » : les chrétiens = les saints, partagent
une même conscience d’être habités par le Christ.
3º Marie ouvre le chemin.
Cette « conscience ecclésiale » est accessible à
tout homme qui est libéré de son existence naturelle privée
et de l’étroitesse encore plus grande de sa conscience de
pécheur aliéné, quand il est engendré à
nouveau dans l’Église par la mort de « vieil homme
» et doté de la conscience de l’homme nouveau.
Comme Marie, quand un croyant agit ou parle avec cette conscience d’être
habité par le Christ, agit ou parle par/pour/en Église,
c’est-à-dire comme membre du Corps du Christ. C’est
ce que nous appelons un « sacrement ».
4º« L’être nouveau » (mort avec le Christ
et re-né en lui) du croyant ne consiste pas en une diminution,
encore moins en un effacement de la conscience individuelle, mais, dans
son assomption, par la foi, dans la conscience du Christ « qui vit
en moi » (Ga 2/20). Il y a une EXTENSION DE L’HUMANITE dans
la conscience du Christ.
5º Cela nous donne les bases de la mission :
L’Église ne peut grandir que sur la base de cette «
extension de l’humanité ». Ce qui « devient Église
» ce n’est pas ce qu’elle aurait pris au monde pour
le transformer à sa manière (un sens que l’on donne
parfois à la conversion et qui ne peut que susciter une réaction
de défense), ce ne serait que prosélytisme ou racolage.
Ce qui devient Église c’est ce qui grandit dans l’humanité,
son extension, quand elle rencontre le Christ par l’Église,
notamment lorsque croyants et non-croyants agissent ensemble au service
de l’humanité, même dans des choses simples et limitées.
Jacques Mérienne
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