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Lectures
• Livre de l’Exode (Ex 19,2-6)
• 1ère lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (Rm
5,6-11)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 9,36-10,8)
Accueil par Thérèse
Bonjour,
Tout à l'heure, nous allons lire un passage de livre de l'Exode.
En voici la première phrase :
" Dans le 3° mois qui suivit la sortie d'Egypte, les fils d'Israël
arrivèrent dans le désert du Sinaï et ils établirent
leur camp juste en face de la montagne. "
" Ils établirent leur camp... "......... Savez-vous
que, chaque lundi, de 13h à 15h depuis une trentaine d’années,un
camp s'établit dans le claustra au fond de l’église.
Et, comme dans le camp du désert du Sinaï, s'y retrouvent
des hommes, des femmes, des vieux, des jeunes dont le visage a encore
les rondeurs de l'enfance,
des nantis, des éclopés de la vie......
des animaux aussi.
Y viennent des gens de tous horizons,
de France, bien sûr,
mais aussi d'Angleterre, de Russie, de Pologne, de Suède, de pays
d'Extrême-Orient,
et j'en oublie certainement.
Ce camp s'appelle " Le café-rencontre " et c'est au nom
de tous ses membres que je dis ce mot d'accueil.
Comme dans tous les camps, il se passe beaucoup de choses au " café-rencontre
".Il serait trop long d’en parler maintenant.
* Mais, l’essentiel, c’est l’amitié qu’on
y trouve, le « être bien », le « être heureux
» ensemble*...Peut-être en est-il ainsi parce que, comme au
camp du Sinaï, nous sommes " au pied de la montagne".
Témoignages : 1er par Denise, second par
Patrice, dernier par Denise.
« Homme fragile, sans Dieu, nous ne pouvons rien, et Dieu nous accorde
sa grâce » ;
Olivier survint, un jour au Café, « sur
la pointe des pieds », discret, silencieux,
Visiblement très interréssé par ce qui se passait
autour de lui ; il avait 20 ans. Il finit par nous apprendre qu’il
avait quitté la famille, laissé ses études d’architecte
en cours, pour vivre sa vie.
Il ne donne aucune explication ; il était calme, détendu
;
A plusieurs reprises, il participe à la préparation de la
célébration ; après l’une d’elle, un
dimanche, il nous rpésente sa famille au grand complet : parents,
sœurs, marraine, venus de bretagne pour nous rencontrer ; des gens
fort sympatiques et ouverts qui, depuis des mois, n’avaient pas
revu leur fils.
Au café du coin où le père de famille nous offrit
un pot, dans une atmosphère décontractée, celui-ci,
en apartée, me raconta qu’à l’âge de dix
ans, Olivier, sur la route de l’école, avait aperçu
un clochard ; demandant à descendre de voiture, il était
allé bavarder avec cet homme ;
Remontant dans la voiture, il avait dit fermement à son père
: « plus tard, je vivrai comme lui, dans la vie » !
Vœu accompli. Stupéfiante résignation des parents !
Pendant une année, nous ne revimes plus Olivier…
Il revint un jour, amaigri, triste, un peu confus dans son discours ;
il nous dit simplement qu’il se sentait mal. Il désirait
retrouver sa sœur mère de famille qui l’avait déjà
hébergé ; il était sans argent, toujours vêtu
de son beau pardessus..
Nous avons facilité tout naturellement son retour, et sommes restés
longtemps sans rien savoir de lui.
Et puis, une carte brève , mais amicale, m’est parvenue.
Olivier écrivait qu’il était aidé par une «
psy », qu’il avait trouvvé du travail chez un architecte,
et un studio indépendant, pour ne pas emcombrer sa sœur.
Il demandait des nouvelles de tous, au Café, mais avait oublié
de donner son adresse.
Nous attendons avec confiance, qu’il nous fasse signe de nouveau.
« Homme fragile, sans Dieu, nous ne pouvons rien, et Dieu nous accorde
sa grâce »
Mezziane :
Pendant quelques années, Mezziane, 50 ans, d’origine Kabyle,
nous a rendu visite régulièrement ; il avait vécu
10 ans en Suisse, en travaillant dans l’informatique ;
Après un divorce, il avait choisi la France ; il ne répondait
plus aux critères des accords franco-algériens, et il est
devenu SDF.
Mezziane était pertubé ; il donnait quelques cours d’informatique
chez Emmaüs, mais il était incapable de rentrer dans une structure
;
Il nous expliquait sa double religion ! il avait été élevé
par les pères blancs, et ensuite obligé d’embrasser
la religion mulsumanne.
Il prenait même le temps d’écrire un livre dont il
nous avait fait lire le manuscrit ;
Puis miracle, il accepté de devenir responsable dans un centre
Emmaüs du16ème.
« Homme fragile, sans Dieu, nous ne pouvons rien, et Dieu nous
accorde sa grâce »
Fabrice : 25 ans, en rupture de famille, de père
camerounais, de mère polonaise, a fréquenté assidument
notre café pendant plusieurs années, alors qu’il était
SDF intermitant.
Vif, exubérant, il se faisait remarquer en déclamant des
poèmes inspirés des Psaumes, écrits , disait-il,
dans la rue, et dont il affirmait être l’auteur. Sur ce point,
les auditeurs étaient très partagés ; mais la grande
passion de Fabrice, c’était la pratique d’un massage
africain qui soulage les corps, un don qu’il avait reçu sans
qu’il put encore le faire reconnaîtrre. Il en était
malheureux.
Dans sa longue galère, il avait connu une jeune fille qui, revenue
dans sa famille , lui demanda de le rejoindre ; ce qu’il fit du
jour au lendemain, car il l’aimait, nous affrma-t-il.
Ce départ nous semblait aventureux, et pourtant six mois plus tard,
Fabrice m’annonçait qu’il allait épouser la
fameuse Anne, le jour de la Pentecôte ; il me priait dêtre
son témoin à la mairie, et à l’église,
me recommandant avec autorité de porter un chapeau pour les cérémonies,
et de composer le bouquet de la marriée. J’accepte évidemment
sans réflexion.
Fabrice et Anne eurent une belle messe de mariage, trè sérieusement
préparée.ils étaient très entourrés
et les deux familles si differentes mystérieusement « accordées
».
Anne avait mis toutes se économies dans le dîner, où
étaient conviés des amis d’ATD Quart Monde et du Collectif
des Morts de la Rue pour qui Fabrice travailait bénvolement.
Nous savons aujourd’hui que les mariés ont chacun un emploi,
qu’ils sont indépendants des parents d’Anne, qui leur
ont laissé un appartement.
Fabrice téléphone réguliérement pour avoir
des nouvelles du Café, et surtout du docteur « Flacon »,
surnom donné , on ne sait pourquoi, à notre chère
Monique Bach
Ayant connu Fabrice dans l’errance, comment aurions nous pu imaginer
pareil destin ?
« Homme fragile, sans Dieu, nous ne pouvons rien faire, et Dieu
nous accorde sa grâce »
Commentaire de Matthieu 9/36-10/8
l’Eglise est « apostolique », c’est-à-dire
qu’elle est constituée d’apôtres, des personnes,
hommes et femmes appelées, non pas pour accomplir la mission confiée
à l’Eglise par le Christ,
mais pour être eux-mêmes l’Eglise accomplissant la mission
du Christ.
L’apôtre est le représentant du Christ : « qui
vous accueille m’accueille » et il doit donc se comporter
de manière à ce qu’à travers lui ce soit bien
le Christ que l’on découvre.
Il est des hommes, des femmes, que nous avons croisés, rencontrés,
approchés, et qui nous ont marqué pour la vie,
connus ou anonymes,
en bien ou en mal,
leur vie résonnait dans la nôtre.
Il est des hommes, des femmes, que nous avons croisés, rencontrés,
et dont l’expérience spirituelle a été décisive
pour nous.
Pourquoi ?
Sans doute parce que ce qu’ils ont vécu, ou ce qu’ils
vivent,
rejoint, réveille en nous quelque chose de profond que nous ne
pouvons exprimer simplement.
Ce qu’ils ont vécu, ou ce qu’ils vivent , éclaire
ce que nous sommes.
Un apôtre ce n’est pas autre chose.
Ce que l’on appelle la vie « apostolique » ce n’est
pas autre chose,
ou bien si c’est aussi autre chose, c’est d’abord cela
: cette rencontre avec un être qui nous provoque à donner
un sens à notre vie.
Autre chose c’est bien sûr la hiérarchie de l’Eglise
: les évêques successeurs des apôtres.
Aujourd’hui laissons cela de côté, même si parfois
il arrive que des évêques soient justement de ces hommes
qui marquent leurs frères : nous en ferons l’expérience
dimanche prochain en en recevant deux d’un coup, qui sont de ces
hommes-là.
Mais revenons à nous-mêmes, qui avons tant de mal à
dire la foi
parce que les mots qu’on nous a transmis pour la dire sont trop
loin de notre expérience.
Nous avons besoin de ces témoins, amis proches ou figures anonymes,
qui dans des instants essentiels,
nous ont permis, ou nous permettront,
de nous livrer à l’émotion inconnue qu’est la
foi :
venue d’une source dans laquelle ils puisent la force de leur vie
et que nous pouvons retrouver en nous-mêmes.
Apôtres.
Jacques Mérienne
Action de grâces
Père
tu appelles sans cesse les hommes à devenir des hommes
au-delà de toutes les défaites
au-delà de toutes les morts
émerveillés d’être encore vivants
fiers d’être contemporains de ce temps où tout progresse
si vite
effrayés d’être contemporains de ce temps où
tout progresse trop vite
nous avons du mal à accepter de n’être que nous
si impuissants
si déprimés parfois
alors tu nous appelles à repenser la vie comme un bonheur à
recevoir
et tu as placé Pierre sur notre route pour nous le dire
tu nous appelles à contredire la souffrance par l’amour
et tu as placé Jean sur notre route pour nous le dire
tu nous appelles à trouver l’étoffe neuve pour nous
vêtir et l’outre neuve pour recueillir le vin
et tu as placé André sur notre route pour nous le dire
tu nous appelles à rendre la parole aux muets et la lumière
aux aveugles
et tu as placé Madeleine sur notre route pour nous le dire
chacune de tes paroles, chacun de tes appels
est pour nous un homme, ou une femme que nous pouvons nommer
et que tu as placés sur notre route pour nous les dire
alors tu appelles chacun de nous à aller se placer sur la route
de ses frères
pour leur témoigner que tu les appelles sans cesse à devenir
des hommes
au-delà de toutes leurs défaites
au-delà de toutes nos morts
alors tu fais de ton Eglise une église d’apôtres
Pour cela, avec toute l’Eglise du Ciel et de la terre
nous voulons te bénir et te glorifier
en chantant
Jacques Mérienne
Intercession:
Les morts (Denise) Il est bon de prier poour
tous ceux qui ont partagé la vie de Café Rencontre, et qui
nous ont quitté, et que nous ne pouvons pas oublier :
Brigitte Paucot, si lucide ; si attentive à tous, dont la bonté
et le charisme illuminait le café, où elle était
attendue chaque lundi.
Marguerite Adjouri, notre amie raffinée qui se donnait tant de
peine pour communiquer avec certains d’entre nous.
Jeanne et son inséparable béret basque, toujours accompagnée
d’un savoureux gateau au chocolat, dont le « café »
ne faisait qu’une bouchée.
Monsieur Fabre, tour à tour proche , humble ou provocant, qui
dévoilait parfois un pan de sa vie passée d’artiste
et de poète ; il venait si souvent partager avec nous ses tourments,
rompre sa solitude.
Jean-Luc, l’homme au chien, et son inséparable lévrier
; Jean-Luc immature, tendre ou violent, au gré de ses états,
lui que la vie avait irrémédiablement cassé.
Jean-Baptiste, enfin, qui faisait des visites furtives au café
« un café Mamma » me disait-il et il s’esquivait
comme il était venu.
Les vivants (Patrice)
Nous te confions Seigneur, nos amis titulaires de ce Café Rencontre
:
D'abord Jean-Claude Richard dont nous avons appris de meilleurs nouvelles
, Monique Bach maintenant à Toulouse, , Denise Chotard, Xavier
Rimaud, en maison de retraite à Dôle.
Nos amis qui ont occupé le " petit camp" du Café
Rencontre pendant plusieurs années ;
Ils viennent encore épisodiquement ou ne viennent plus:
Mezziane le Kabyle, Olivier Le bourge, Fabrice le nouveau marrié,
Maurice le chansonnier poète, Alain le grand blessé de la
vie, Jacques le prodigue, Odile et sa si belle voix, Alex l'ex soudeur
russe, Chantal la comédienne, Jérôme et ses difficultés
motrices, Raymond, l'éternel étudiant à 82 ans, Bernard
l'écorché vif, Claude en mal de reconnaissance, Camil le
polonais que Denise et Jean-Claude ont mis dans le bus de Varsovie, enfin
Jean-Louis le comédien peintre,
Nous te prions Seigneur, pour "ces foules fatiguées et harassées
comme des brebis sans berger"
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