Prises de paroles

 

Dimanche 25 mai 2008

Le Corps et le Sang du Christ

« L’homme ne vit pas seulement de pain »

Lectures
• Livre du Deutéronome (Dt 8,2-3, 14-16)
• Lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens (1Co 12/31-13/8) (1Co 10/16-17)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 24/13-35)

Bonjour et bienvenue à tous, à tous les habitués et à tous ceux, de passage ou invités, qui sont venus célébrer avec nous cette fête de l’Eucharistie, Corps et Sang du Christ.
Les textes de ce jour, depuis le Deutéronome nous disant que l’homme se nourrit de toute parole qui sort de la bouche de Dieu, jusqu’à l’Evangile nous parlant de l’Eucharistie, nous invitent à former le corps du Christ. Alors nous allons fêter aujourd’hui trois évènements joyeux, trois manières de former le corps du Christ.
Première fête, première joie : Nous accueillons Pascal dans la communauté. C’est la première des quatre grandes étapes de son baptême. Il chemine avec le groupe catéchuménat depuis un peu plus d’un an et plus particulièrement avec Monique et Jean-Philippe.
Deuxième fête, deuxième joie : Martine et Juan vont se donner le sacrement de mariage devant Dieu et devant la communauté. Leur cheminement, commencé depuis longtemps, a commencé à se concrétiser lors de la confirmation de Martine ici à Sain Merri il y a une dizaine d’années.
Troisième fête, troisième joie : Aurore, Hugues, Lorène, Pablo et Yann vont communier pour la première fois. Ils se sont longuement préparés à cet évènement avec leurs parents et Catherine-Marie, Corinne et Patrick. Ils ont vécu ce parcours en suivant le chemin des pélerins d’Emmaüs pour rencontrer le Christ. C’est pourquoi c’est ce passage d’Evangile que nous avons choisi d’entendre aujourd’hui.
Enfin, cette triple joie, chacun pourra l’exprimer et la partager avec Pascal, Martine, Juan, Aurore, Hugues, Lorène, Pablo et Yann au cours du pot qui suivra notre célébration.

Ière étape de baptême de Pascal

Bonjour, Je m'appelle Pascal, j'ai 30 ans. Je dois vous avouer que je suis un peu ému en me présentant à vous aujourd'hui. Avant toute chose, je voudrais te remercier Jacques, ainsi que tout le groupe catechumenat qui m'a accueilli et m'entoure depuis maintenant 2 ans. Chacun de ses membres m'accompagne dans mon cheminement avec une passion et un dévouement exceptionnels. Je leur en suis infiniment reconnaissant. J'ai évidemment une pensée toute particulière pour Monique et Jean Philippe, mes accompagnateurs. J'ai cette même pensée affectueuse pour Danielle, ma (future?) marraine, et Frédéric mon parrain. Je suis très touché qu'ils aient pu venir pour partager ce moment avec nous ce matin. Mon arrivée au sein de la Communauté de Saint Merry ne doit rien au hasard. Son sens de l'accueil, son ouverture, qui font sa réputation, dépassent de loin ce quartier, et vont même jusqu'à Vincennes, où je réside. Je vous l'ai dit : c'est un moment émouvant pour moi. D'abord parce que ce n'est pas tous les jours que je m'exprime devant autant de personnes, surtout pour parler de ce qui a jusqu'alors relevé de l'intime. De façon générale, il me semble qu'il est devenu vraiment rare qu'on parle de sa foi en public. Et en même temps, je suis heureux de vous dire aujourd'hui que Dieu existe pour moi, qu'il m'aime et qu'il agit dans ma vie. De dire qu'Il m'a aidé et m'aide chaque jour à mieux me connaître, et à mieux aimer les autres. Et puis, c'est aussi un moment émouvant car il marque mon entrée au sein d'une nouvelle famille. Et ce moment, il compte dans la vie d'un croyant. En tous cas, je peux vous dire qu'il marquera la mienne. Je suis ému mais, en même temps, j'ai ce sentiment à la fois étrange et rassurant que ma place y était déjà prête, que c'est somme toute une chose naturelle. Alors, pourquoi à 30 ans demander le baptème ? Par dessus tout, je vis cette demande comme une réponse à la proposition d'alliance que Dieu m'a faite. Je l'ai toujours senti présent à mes côtés, et petit à petit j'ai senti grandir l'amour qu'il me porte. Demander le baptème est donc, pour moi, une manière de répondre à son appel, de sceller cette alliance et de dire : oui, j'y crois et je m'engage ! Il marque donc un temps fort de ma vie d'adulte. Et pourtant, à 30 ans, ce n'est pas toujours facile. Je ne sais pas si certains d'entre vous l'ont vécu, mais la démarche pour se faire baptiser lorsqu'on est adulte n'est pas des plus facile. On apprend à être patient car c'est un peu long...Au point que souvent, on finit par considérer... j'ai fini par considérer... le baptème comme un simple aboutissement d'une démarche de plusieurs années. Et puis, non. Certes, ce sera un événement majeur dans ma vie, un moment de joie que j'attends avec une vraie impatience. Mais cet engagement, il n'aura de sens que s'il se poursuit après la célébration, au quotidien, tout au long de ma vie. Ainsi, loin d'être un terme, mon baptème sera la première pierre d'une vie de chrétien qu'il me reste à construire. Je découvre grâce au catéchumenat à quel point les Evangiles sont pour cela un guide de vie étonnamment contemporain. Dans ce cheminement, je sais pouvoir compter sur l'affection et la présence à mes côtés de mon ami. Je sais aussi pouvoir compter sur l'engagement de mes accompagnateurs, de mon parrain et de ma marraine, pour m'éclairer. Enfin, je sais pouvoir compter sur vous tous... et du fond du coeur, je vous remercie de m'accueilir au sein de votre communauté.

Pascal

Martine et Juan vont se donner le sacrement de mariage
Pourquoi ? Pourquoi se marier ?.

A quatre ans je voulais épouser mon père.
A six, ayant admis que c’était impossible, sans toutefois avoir compris pourquoi, je décidai d’épouser … quelqu’un d’autre.
Gamine solitaire à l’enfance troublée, je ne vivais que de cet espoir. J’aurais un mari et des enfants.
A peu près à la même époque Dieu est entré dans ma vie. A moins que ce ne soit le contraire.
L’appel du mariage est devenu + fort encore. Peut-être était-ce une forme d’alliance que me proposait Notre Père. J’étais si jeune. Je n’ai pas poussé l’analyse. Je voulais me marier et avoir des enfants.
Certains ont de grandes espérances, moi, j’avais celle-là.

Plus tard, s’y sont ajoutées quelques ambitions supplémentaires : je serais avocate, juge pour enfants ou journaliste/écrivain.

Finalement, j’ai toujours le goût de défendre des causes, perdues de préférence, mais je ne suis pas avocate, j’ai écrit plus que je n’ai été publiée, quant au métier de juge pour enfants, si je ne l’exerce pas, le monde de l’enfance reste une de mes priorités.
Pour le reste, j’ai tenu parole, en bousculant légèrement les convenances : je voulais me marier, notamment dans le but avouable d’avoir des enfants, les choses se sont faites à l’envers. La vie nous a confié quatre enfants merveilleux. Qui nous ont surpris autant qu’ils nous ont comblés. Je conserve encore aujourd’hui la nostalgie de celui qui a arrêté sa course vers la vie. Celui que j’ai trop peu connu.

Pourquoi Juan ?

Il est arrivé le « tout autre ». De tout ailleurs. De cette terre de Castille, rouge et or. De cette terre de contrastes, où le soleil vous brûle, où le froid vous inflige sa morsure. De cette terre qui forge un peuple rude et chaleureux à la fois, un peuple plein de chants et de larmes, un peuple fier.

Il arrivait du tout ailleurs, avec une histoire aux antipodes de la mienne. Il passait par chez nous voulant découvrir cette France dont on lui avait tant vanté les charmes et perfectionner son français. Il ne faisait que passer. Ensuite, il se rendrait en Angleterre. Avec le même objectif. Puis il projetait de faire le tour du monde. Quelle drôle d’idée !
Nous rêvions bien différemment. Il y a plus de trente-six ans. Et nous continuons depuis.

Chacun son chemin, nous faisons route ensemble. Cheminant ainsi, nous nous rencontrons souvent et sommes toujours heureux de nous retrouver. Toujours étonnés d’encore se surprendre, de ne pas savoir grand chose l’un de l’autre au bout du compte et de mesurer ce qui nous reste à parcourir.

Ne vous abusez pas. Nous n’écrivons pas notre histoire en rose et bleu layette ! Il y a eu et il y aura encore à n’en pas douter, cris et grincements de dents. Comment pourrait-il en être autrement quand vous vous amusez à marier l’eau et le feu, le soleil et la lune, le ciel et la terre ?
Mais malgré nos différences et peut-être grâce à elles, nous avons fait alliance. Et c’est cette alliance que nous désirons affirmer devant vous aujourd’hui et que nous vous demandons de bénir.

Pourquoi maintenant ? Pourquoi St Merry ? Pourquoi durant une célébration dominicale ?

C’est tout simple. Nous avons estimé le moment venu. Nous souhaitions nous marier civilement à la fin de l’été parce que nous arrivons à la fin de notre été et nous marier à l’Eglise, près de Pâques, temps de printemps, de renouvellement, d’avenir.

Si le choix de St Merry était évident pour Juan et moi (trois de nos enfants y ont été baptisés et y ont fait leur Première Communion), il l’était encore plus pour moi. C’est à St Merry que notre fille aînée m’a entraînée il y a trente-trois ans et que j’ai commencé à pratiquer. C’est à St Merry que j’ai communié pour la première fois, il y douze ans et que j’ai reçu le Sacrement de Confirmation auquel m’avait préparée le Groupe Catéchuménat. C’est à St Merry que j’ai vu s’ouvrir devant mes yeux émerveillés des portes dont j’ignorais l’existence lors de préparation de célébrations, portes qui m’ont ouvert des horizons sans limites.
C’est, en particulier à St Merry que j’ai rencontré des êtres qui ont laissé dans ma vie leur empreinte : Xavier de Challendar , Joseph Pierron, Antoine Delzant, pour ne citer qu’eux, la liste est loin d’être exhaustive.

Nous avons fait le choix d’une messe dominicale parce que cette démarche d’église n’avait de sens que faite devant vous qui êtes ma Communauté, que Juan rejoint parfois. Que nous souhaitions, même si le moment reste solennel, que notre mariage s’inscrive simplement dans la vie de celle-ci. Nous apprécions tt particulièrement qu’aient également lieu ce jour une entrée en église et des communions d’enfants. Bien que cela complique quelque peu l’organisation, c’est à mon sens un signe fort d’alliance.

Martine

Celui de Juan que je te recopie pour + de facilité :

"Caminante son tus huellas
El camino y nada mas.
Caminante, no hay camino,
Se hace camino al andar.

Al andar se hace camino
Y al volver la vista atràs
Se ve la senda que nunca
Se ha de volver a pisar.

Caminante ! No hay camino
Sino estelas en la mar.

écrivit le poëte Antonio Machado.

"Voyageur, le chemin, ce sont les traces de tes pas.
C'est tout, voyageur.
Il n'y a pas de chemin,
Le chemin se fait en marchant".

En quittant ma ville natale d'Espagne, il y a trente-six ans, mon chemin, ma vie, mon avenir étaient-ils tracés ? Ma rencontre avec Martine était-elle programmée ?
Compagnon de Martine pendant de nombreuses années, père de ses enfants et grand-père de ses petits-enfants... et aujourd'hui son époux...?
Le chemin que nous avons parcouru, a-t-il été tracé à l'envers ? Ou bien est-ce nous qui l'avons construit en marchant ensemble ?

L'avenir nous le ferons ensemble, nous l'inventerons ensemble, engagés devant cette communauté et devant nos familles et amis.

"Caminante, no hay camino,
Se hace camino al andar".

"Voyageur, le chemin ce sont les traces de tes pas.
C'est tout voyageur !
Il n'y a pas de chemin.
Le chemin se fait en marchant.

Et quand tu regardes en arrière,
Tu vois le chemin que jamais
Tu ne dois à nouveau fouler.

Voyageur ! Il n'y a pas de chemin.
Rien que des sillages sur la mer".

Juan et Martine

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