Prises de paroles

 

Dimanche de la Trinité 18 mai 2008

« Tu feras de nous un peuple qui t’appartienne »

Lectures
• Livre de l’Exode (Ex 34,4b-6.8-9)
• 2ème lettre de saint Paul aux Corinthiens (2 Co 13,11-13)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 3,16-18))

Bonjour à vous tous, rassemblés aujourd’hui pour cette fête de la Trinité.

Les textes nous parlent de Dieu, un Dieu qui se dit lui-même, dans l’Exode, « Dieu de tendresse et de miséricorde, plein d’amour et de fidélité ».Tellement plein d’Amour pour nous qu’ils nous a fait don de son Fils,nous montrant le chemin de notre humanité, de notre liberté, par- delà la souffrance et la mort ;Mystère de Dieu : Père Fils et Esprit.
Ce dimanche est particulier puisque hier nous avions une assemblée générale. Le besoin s’était fait sentir, depuis quelques temps, d’une actualisation, d’une réappropriation de nos projets pastoraux et de notre fonctionnement.
Deux commissions ouvertes aux volontaires se sont réunies depuis janvier dernier, et ont présenté hier le résultat de leurs travaux. De nouvelles perspectives, porteuses de nos espérances, ont été formulées, commentées. Elles ont été enrichies hier par des échanges au sein de 4 sous- groupes, autour de cette question : en quoi la communauté se sent elle appelée pour manifester l’Amour de Dieu ,Père, Fils, Esprit. ; chaque sous-groupe vous fera part de ses réflexions, amorce de nos à-venir , ce sera le commentaire de l’Evangile

Je citerai Maurice Bellet dont le texte paru dans la revue Etudes de Mai résonne fortement avec notre recherche :
« Mais dehors, précisément dehors, où et comment agit-elle, la puissance de l’Esprit du Christ ?
C’est une question qui peut échapper, si l’on demeure à l’intérieur de la bulle écclésiale et théologique, y compris si l’on s’efforce de la dilater, d’y intégrer quelques idées modernes ou d’y faire entrer quelques contemporains. On risque de méconnaître ce qui est le lieu de l’Evangile : non le groupe clos des chrétiens, mais le monde, le monde que Dieu veut sauver ! Pas l’idée chrétienne de monde, mais le monde réel. »


En ce dimanche de la Trinité nous pouvons célébrer ensemble notre démarche : au nom du Père du Fils et du Saint Esprit.

Marie-José Ledru

 

Quel sens donner à l’Homme au-delà du « consensus de notre monde occidental » ?
Comment individuellement et collectivement porter la parole de Dieu et le message de l’Evangile au cœur de la mondialisation ?


Tout d’abord ne craignons pas d’exprimer nos peurs : peur de la diversité, de l’autre, de l’inconnu
J’ai peur de perdre mes privilèges
J’ai peur de la violence des banlieues
J’ai peur pour l’avenir de mes enfants

Peur des replis identitaires
J’ai peur de ne pas savoir quitter mes structures mentales
J’ai peur d’un système d’éducation incapable de s’adapter à ce nouveau public scolaire issu de la diversité
J’ai peur de ces dérèglements financiers, de ce monde dans lequel grossit la dévoration de l’autre

Saurons nous évacuer nos peurs ? Tentons au moins de les exorciser en reconnaissant nos propres fragilités et aussi en percevant les peurs et les fragilités de l’autre

Ne nous réfugions pas trop vite dans l’alibi d’une économie devenue folle qui nous dépasse, mais sachons discerner à partir de ce prétendu consensus du monde occidental ce qui est simple préservation de nos intérêts et ce qui est porteur de valeurs universelles.
L’Occident a favorisé l’émergence de la personne au risque maintenant d’un individualisme exacerbé et d’une recherche effrénée du bien être matériel
D’autres cultures privilégient le groupe et la solidarité dans la communauté au risque de réduire l’autonomie et la liberté, au détriment du respect dû en particulier aux femmes.

Face à cette irréversible situation de mondialisation, nous sommes appelés à nous laisser déplacer, à changer de regard, à construire avec l’autre du radicalement nouveau.

C’est ainsi que nous témoignerons de la présence de Dieu dans le monde

Et alors surgit la question essentielle

En quoi l’Evangile a t’il une portée universelle ? En quoi son message peut il enrichir et s’enrichir de la culture et du sacré de l’autre

Odile Guillaud

Formation et transmission de la foi


« Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique…pour que par lui le Monde soit sauvé. »

C’est l’essentiel de notre foi. Cela nous a été donné gratuitement :
- par notre famille,
- par les communautés dans lesquelles nous avons vécu, des catéchistes, des prêtres,
- par des personnes que nous avons admirées et aimées, en nous demandant ce qui les faisait vivre si pleinement !
- …et par tout ce qui fait que l’Eglise dure depuis des siècles.

Dans le monde pour qui Jésus est venu, envoyé par le Père, peu de gens vivent avec cette foi.
Notre communauté est-elle appelante pour ces gens qui cherchent ;;;ou qui ne cherchent même pas ?
Et pourtant nous croyons que le Christ est présent en eux comme en nous.
Loin de les « endoctriner », notre attitude n’est-elle pas de leur faire découvrir que l’envie de vivre qui est en eux, l’amour qui les lie à leurs proches ont une source qui est Dieu lui-même.

Peut-être, alors, auront-ils soif de connaître les sources de nos convictions. Nous aurons à leur faire découvrir l’Evangile et la Bible qui nourrissent et renouvellent notre foi et notre prière.

Claire Fournier

 

Les jeunes de l’éveil de la foi aux 18-20 ans

Dans notre groupe de réflexion à la fin de l’AG, nous devions nous interroger sur le thème des ‘nouvelles générations’. Nous sommes paris du constat que certains jeunes de la génération qui démarre dans la vie, beaucoup parmi nos enfants, partagent les valeurs inscrites au fronton du CPHB : générosité, volonté d’engagement dans le monde, en particulier dans le tiers-monde, souhait de cohérence entre ce qu’ils croient et ce qu’ils vivent… Beaucoup d’entre eux, peut être par la force des choses compte tenu du monde qu’on leur lègue, se focalisent sur le réchauffement de la planète, comment assurer un commerce plus équitable, comment construire un développement plus durable qui ne se fait pas aux dépends de la génération suivante ?

Mais force est de constater que bien peu de ces jeunes franchissent le seuil de nos églises. Pourquoi ? Nous avons constaté qu’ils ont une image très négative de l’église-institution, qu’ils n’en supportent pas ou plus le discours moralisateur, qu’ils ne sont pas à l’aise dans les célébrations traditionnelles, que notre langage codé, comme par exemple sur la gloire ou la puissance de Dieu, leur est incompréhensible et leur parait contraire à toute réalité…

Face à cette situation, notre interrogation hier soir a été la suivante : notre communauté n’est elle pas appelée à investir le terrain de l’écologie et du développement durable, lequel est par ailleurs largement délaissée par l’Eglise ? Pourquoi ne proposerions nous pas à ces jeunes que le CPHB soit un lieu de partage et de réflexions, peut être un jour de célébration autour de ces thèmes qui leur sont chers ? Ne faut-il pas envisager le développement durable comme un thème proprement évangélique : la promesse d’une terre promise qui n’est pas une terre saccagée, la foi en un homme co-créateur avec son Dieu, le refus de rapports de domination, la victoire de la vie sur la mort ?

Pour notre génération, la foi a été première et nous avons ensuite essayé de la traduire en actes. Peut être faut il proposer à cette nouvelle génération une démarche inverse : celle qui consiste à découvrir au travers de leurs engagements, non pas la gloire et la puissance de Dieu, mais un Dieu qui souffre avec l’homme, un Jésus qui nous révèle son amour, et un Esprit qui souffle où il veut, et pas seulement dans nos églises. Ce pourrait être un des axes de notre pastorale à venir !

Je vous propose ces paroles de Zundel sur le Credo chrétien qui valident une telle démarche : « ‘Je crois en Dieu’ peut n’engager à rien. C’est en prétendant défendre l’honneur de Dieu que les juges du Christ l’ont condamné au supplice de la croix ? Mais ‘je crois en l’homme’ engage tout. ‘Je crois en l’homme’ si nous allons au bout de cette affirmation, si, du moins nous essayons de la vivre, il n’y aura besoin de rien ajouter. Car si je crois vraiment en l’homme, je crois en Dieu va de soi puisque la grandeur humaine est toujours finalement une transparence à Dieu. »

Michel Bouvard

L’église du seuil, l’ouverture aux autres et au monde.

« Est-ce ce que, par ce que nous faisons au CPHB,
nous donnons à voir le visage du Christ ? »

d’abord formulée ainsi, la question à été déclinée autrement, à la fois vers une recherche de sens et vers des exemples ou des propositions concrètes.

Le « seuil » ? Ceux qui ne sont « ni dedans ni dehors », ceux qui passent la porte mais font un pas en arrière, ceux qui n’attendent rien ou qui demeurent méfiants ?

Accueillir ceux du seuil nous ramène à l’hospitalité c’est-à-dire à l'écoute de l’autre,
• soit l’autre proche, celui du CPHB à rencontrer, celui des Communautés voisines du Doyenné,
• soit l’autre venu d’ailleurs, le pèlerin, le touriste : comme la pastorale d’été, il nous faut une pastorale de toutes les saisons !

Mais ce terme d’hospitalité peut se déployer dans deux directions :

1/ la première manière accueille en proposant un message, des textes, des images sans oublier la lisibilité, la cohérence:
par exemple, l’église habitée, les panneaux et documents mis à disposition, avec la feuille du dimanche sur laquelle pourrait figurer le texte de l’évangile ou un autre texte de la liturgie du dimanche et en plusieurs langues ?
Portés par un projet commun à un groupe ou à plusieurs, nos événements permettent d’échanger, de réfléchir avec ceux qui passent comme des expositions de groupes ou de pôles

2/ la deuxième attitude est celle qui ne cherche pas proposer, mais qui est présence, témoignage :
apprivoiser, s’apprivoiser les uns les autres, comme dans le Café Rencontre,
être ce que nous sommes, le montrer, être témoins de ce qui nous fait vivre
et laisser l’Esprit travailler !
Faire confiance à l’Esprit pour qu’il fasse de nous des SIGNES, pour qu’il nous façonne à l’image de Dieu.

Céline Dumont

 

Père,

en cherchant à comprendre qui tu es
nous cherchons à nous comprendre nous-mêmes
pour éclairer notre chemin
pour éclairer notre vie

Dieu créateur tu fais de la création notre tâche
et quand le monde a faim ton fils nous demande :
« avez-vous quelque chose à manger ? »

Dieu silencieux nous avons à parler en ton nom
et quand le monde cherche un sens ton fils nous demande :
« de quoi parliez-vous tout en marchant ? »

Dieu lointain nous avons à aimer nos frères comme tu nous aimes
et quand le monde sombre dans la violence ou dans l’indifférence
ton fils nous demande :
« et toi, m’aimes-tu ?»

Ces questions si simples qu’il n’arrête jamais de nous les poser
elles sont pour nous la prévenance de son Esprit

Jacques Merienne

 

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