Prises de paroles

 

5ème dimanche de Pâques - 20 avril 2008

« Celui qui croit en moi accomplira les
mêmes œuvres que moi »

Lectures
• Livre des Actes des Apôtres (Ac 6, 1-7)
• 1ère lettre de saint Pierre Apôtre (1 P 2-4-9)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 14, 1-12)

Accueil

Bonjour à tous les amis, vous qui venez célébrer ce 5è dimanche du temps pascal, que vous soyiez des habitués, des nouveaux venus ou êtes de passage pour fêter ensemble Christ ressuscité, soyez les bienvenus.

Nous étions très peu nombreux lundi dernier pour préparer cette Eucharistie, mais chacun a eu son rôle et sa participation pour que l'Esprit agisse encore une fois !

Pour la lecture des textes, nous commencerons par l'Epître de Pierre. De même que le premier peuple de Dieu s'était rassemblé autour du Rocher du Sinaï, le nouveau peuple est réuni autour d'un nouveau Rocher , qui est le Christ, et que Pierre nous présente comme la "Pierre angulaire" qui fait tenir l'édifice, dont l'ensemble constitue l'Eglise, dont nous faisons partie.

L'Evangile de Jean ensuite, nous dit, selon la belle idée retenue pour le lutrin : "Celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi" ce qui implique de nous laisser traverser par le Christ.

Les Actes enfin, nous disent ce que fait l'Esprit en nous au sein de la communauté, de l'Eglise : prier, célébrer, servir.

Souhaitons que nous partions le cœur agrandi par cette Célébration !

Catherine Martin Laprade

« Celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi »


Après trois dimanches qui brossaient des portraits du Ressuscité (2ème ,3ème ,4ème ), voici trois dimanches (5ème ,6ème ,7ème) des adieux, avec chaque fois la même phrase au début de l’évangile : « A l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père ». Autrement dit en ce temps de Pâques, nous relisons les révélations que Jean a recueillies à partir de l’enseignement de Jésus, pour y découvrir nos liens avec le Ressuscité.

Le contexte est celui où Jésus venait annoncer son départ. On comprend le désarroi des disciples. Ils avaient vécu le début des promesses messianiques et l’envoyé du Père avait établi sa demeure avec eux. Tout cela allait-il brusquement s’arrêter ? Pour répondre à cette inquiétude Jésus ouvre à ses disciples, de jadis et d’aujourd’hui, de nouveaux horizons : « celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi »

Dans cette longue marche, où tout croyant rejoint le Christ sur la route de la foi, la question de Thomas retentit : « Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas ; comment pourrions-nous savoir le chemin ? » Dans un monde où souvent la logique du pouvoir étouffe toute initiative de liberté, où parfois la recherche effrénée des intérêts réduit l’homme au matériel, dans un univers où l’économique passe, dans maintes situations, avant l’éthique, la foi est un risque à prendre et la question de thomas revient en d’autres termes où es-tu seigneur !

Devant « nos pourquoi et nos comment », Pierre dans son épître applique au Christ les propos sur la pierre angulaire. De même que le premier peuple de Dieu s’était constitué autour du rocher de Sinaï, le nouveau peuple de Dieu est réuni autour d’un nouveau rocher qui est le Christ : le chemin, la vérité et la vie. Le mot rocher fait écho au sens biblique de la vérité : la solidité, la fidélité (le Christ est celui qui ne déçoit pas, Celui sur lequel on peut toujours compter). Le chemin reste la bonne route qui mène au but.

« Celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi ». Voilà une parole qui nous sort de nos peurs et nos doutes, car nous ne pourrons plus redouter même la mort, elle a été vaincue par le Christ. Celui qui croit, c’est celui qui se laisse traverser par le Christ, c’est celui qui garde la confiance dans chaque responsabilité ensemble avec les hommes ses frères, c’est celui qui, dans son rapport avec les autres, vit l’esprit de service, devient présence, accueille un autre regard que le sien pour mieux conjuguer son être-au-monde.
Telle est l’aventure de la foi. Comme disait le Père Albert Rouet, évêque de Poitiers, « la foi commence par les pieds ». Elle est une réponse et une démarche. C’est l’aventure des disciples qui, habités par la peur malgré tout, se sont lancés sur les routes de la Palestine et bien au-delà. Car ils ont confiance en LUI. C’est l’aventure de chaque croyant, de chacun de nous, invités à faire un pas et vers le Seigneur, et vers nos frères et sœurs. Oui, soyons des chrétiens convaincus en marche.

Donatus Nduluo

 


Actes des apôtres 6,1-7

« Voir, juger, agir ». Cette courte séquence des Actes des apôtres est riche d’enseignements pour nous aujourd’hui. Elle nous montre comment la première communauté des disciples du Ressuscité, qui n’est pas encore appelée chrétienne, a surmonté une difficulté majeure.

Revenons sur le texte en quelques images.
- A Jérusalem, les disciples de Jésus assurent chaque jour la distribution de secours à des veuves. Un service de base, évident pour ces Juifs qui fréquentent la synagogue, car conforme à la nécessité première dans la tradition hébraïque du droit et de la justice pour tous, en commençant par les plus faibles.
- S’y ajoute une revendication d’égalité de traitement, le refus d’une discrimination supposée ou réelle, mais susceptible de créer un clivage, une division entre frères. Deux groupes distincts, de langue différente mais surtout de culture différente, sont en effet bien présents. Les frères de langue grecque viennent des communautés juives de tout le bassin méditerranéen.
- Les Douze ne décident pas seuls. Ils convoquent l’assemblée des disciples pour présenter leur proposition, qui ne peut d’ailleurs être mise en œuvre sans eux : « Cherchez parmi vous… ». Relation de confiance, de confiance dans l’action de l’Esprit.
- Le choix des Douze de ne pas délaisser la prière et le service de la Parole n’est pas présenté comme celui de la meilleure part. Cela semble être une nécessité qui s’impose à eux.
- Le choix de sept hommes estimés de tous, remplis d’Esprit saint et de sagesse, pour le service des repas, montre l’importance de ce service, de ce témoignage. Leurs noms nous sont donnés ; ils sont grecs. Ceux qui se sentaient disciples de seconde zone trouvent ainsi pleinement leur place dans la communauté.
- Au final, la Parole de Dieu gagne du terrain, une grande foule de prêtres juifs accueille la foi transmise. L’action des Douze en est sans doute la cause mais nul ne peut s’approprier ce résultat car le texte montre l’importance de chaque service.

Les Actes des apôtres n’opposent pas ces deux services, par exemple en les qualifiant l’un de spirituel, l’autre de temporel. Ils concrétisent en effet l’un et l’autre, l’un par l’autre, l’exhortation de Jésus à ses premiers disciples « Donnez-leur vous-mêmes à manger ».

Les fonctions dans l’Eglise sont variées, nous dit l’Apôtre Paul dans sa lettre aux Corinthiens, mais c’est le même Esprit qui agit en tous. Il s’agit d’abord du service des frères. Le corps du Christ qui se construit, c’est la réalisation de cette solidarité de tous les hommes, de l’humanité entière, unie par un même esprit de fraternité. Servir, n’est-ce pas donner beaucoup de soi et même se donner totalement ?

Comment l’Esprit agit-il aujourd’hui dans les communautés qui le prient, dans la nôtre en particulier ? Les fonctions sont variées mais n’est-ce pas le même Esprit qui inspire nos décisions et nos actions, lorsque nous nous rassemblons pour chercher ensemble les risques à prendre, les services à proposer, pour permettre à la Parole de gagner du terrain, pour permettre à chacun de trouver sa place comme pierre vivante ?
Quels Actes avons-nous à vivre et à écrire ici et maintenant ?


Le service de la Parole se poursuit maintenant au chœur par le service du repas eucharistique.
Le Christ ressuscité se rend présent à chacun et à tous, pour nous donner la force et l’audace de donner nous-mêmes à manger à ceux qui ont faim d’exister, d’aimer et d’être aimé.

Eliane Brouard

En guise de prière méditative

Cette eucharistie qui nous rassemble, Seigneur, c’est notre joie de t’offrir le pain et le vin, à travers lesquels nous t’apportons notre propre vie et tout notre désir d’être des pierres diverses dans la construction de toute l’Eglise, dans la lumière de la Résurrection, par le Christ la Pierre angulaire de cette édifice.
C’est lui le chemin, la vérité, la vie. Il s’est fait proche de nous, c’est en lui que tu nous appelles des ténèbres à ton admirable lumière. Nous sommes désormais la nation sainte, ton peuple en marche, convaincu de la puissance de ta grâce débordante par laquelle ton Esprit Saint nous permet de te reconnaître et de demeurer en ta présence. En nous donnant de communier au mystère de ton Fils, nous voulons te redire notre joie pour ta force qui nous soutient dans le combat de chaque jour.

Rassemblés dans une église de pierre, nous sommes les pierres vivantes de l’Eglise de Dieu, nous formons le corps du Christ. Dimanche après dimanche, en ce temps pascal, ta Parole nous invite à nous rappeler ce qui fonde notre foi : notre relation au Christ vivant, vrai berger, Chemin qui nous conduit au Père, et notre vie en Eglise, peuple de baptisés et corps du Christ. En faisant mémoire de sa mort et de sa résurrection, nous voulons mettre nos pas sur tes pas pour mieux apprendre à ouvrir nos yeux sur les merveilles de ta création, à découvrir ta présence en ceux qui nous entourent. Seigneur, donne à chaque croyant, particulièrement à l’Eglise toute entière, de percevoir dans l’Evangile de Jésus l’écho de ton amour et d’y répondre avec joie .

Seigneur, Créateur et Père, ta maison ne se confond avec aucun des sanctuaires édifiés et consacrés par les hommes. Tu nous offres une demeure sans frontière ouverte à toute diversité, un foyer rayonnant, un abri sûr où chacun est accepté pour ce qu’il est. Dans ta maison, tous peuvent trouver une place pourvu qu’ils suivent le chemin de vie que tu leur indiques par la voix de ton Fils. A nous, il redit : « Je suis le Chemin. Personne ne va vers le Père sans passer par moi. Qui m’as vu a vu le Père ». Veille sur nous, Seigneur, garde-nous dans la fidélité au guide irremplaçable que tu nous as donné. Que sa Parole de vérité nous révèle ton visage et fasse de nous un peuple de frères à la louange de ta gloire.

Regarde avec bonté, Seigneur tout ton peuple, des pierres qui essaient de s’ajuster les unes avec les autres, en harmonie avec la Pierre d’angle. Avec Bernard Podvin, le Christ « ne propose rien d’autre que lui-même. Sa réponse est d’être chemin pour le voyageur brisé par la peine. Son seul désir est d’être reconnu par le pèlerin affamé d’absolu... À la quête désespérée de l’homme, Jésus, livré pour l’humanité, offre l’intensité de sa communion ». Nous décidons de prendre la route avec lui. C’est notre acte de liberté pour prendre un élan vers la vraie source de la Vie qui abreuve déjà tous nos défunts. A l’instar de la Vierge Marie, des Apôtres et des Saints, nous voulons te redire notre joie de nous mettre tous ensemble en route vers la Plénitude de la Vie, par Jésus-Christ, notre Seigneur…

Donatus Nduluo

 

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