Prises de paroles

 

3ème dimanche de Pâques - 06 avril 2008

Lectures
• 1ère lettre de saint Pierre Apôtre (1 P 1,17-21)
• Evangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 24, 13-35)

LE TEMPS DE FAIRE EGLISE.

" Il disparut à leurs regards"! il s'est retiré.
Alors que faisons nous ? Nous faisons Eglise. Voici que commence le temps de l'Eglise. Le temps de notre communauté du CPHB qui est communauté d'Eglise. D'une communauté, qui avec bien d'autres a la mission de révéler Celui qui s'est retiré.

Notre vie en communauté est riche du plaisir que nous avons à être ensemble. Cela fait partie de toute vie commune. Mais cela n'est pas spécifique à la vie en Eglise .La chaleur émotionnelle n'est pas le seul but d'une communauté d'Eglise. Bien des groupes attirent aujourd'hui par la seule chaleur conviviale. Cela ne justifie pas de vivre en Eglise.
Le récit d'Emmaus précise quelques caractéristiques que pourrait avoir notre vie au CPHB.

1/ Décider de vivre en Eglise c'est recevoir, individuellement et communautairement, le don gratuit que Jésus nous fait de sa présence."Jésus lui même s'approcha et il marchait avec eux".Oui, en étant ici ensemble, nous acceptons ce don. il ne s'agit pas d'abord de faire quelque chose, d'agir. Nous sommes en Eglise pour recevoir et célébrer le don que Jésus nous fait de sa présence.Cela devrait nous entrainer à un certain dépouillement personnel,pour laisser un peu de place à celui qui vient cheminer avec nous. A ne pas réduire la vie de la communauté à la satisfaction de nos envies personnelles, ni aux seuls problèmes d'organisation.
Ensemble pour recevoir gratuitement le don que Jésus nous fait de sa présence.

2/ Décider de vivre en Eglise c'est entendre Jésus nous dire :"de quoi parliez vous en chemin?"
De quoi nos échanges,nos conversations,nos tiraillements nos projets sont il faits ?Une communauté d'Eglise doit régulièrement s' interroger : de quoi parlons ici au CPHB ?
Ensemble pour nous laisser interpeller sur ce qui occupe le principal de notre vie.

3/ Décider de vivre en Eglise c'est confier à cette communauté la tache de nous ouvrir les yeux."Il leur expliqua dans toute l'Ecriture, ce qui le concernait".Nous ouvrir les yeux non pas sur les cieux où il n'y a rien ni personne. Nous ouvrir les yeux sur le lien à faire entre les évènements que vit notre monde, que nous vivons, et la présence de Jésus ressuscité.
Ensemble pour révéler les signes de résurrection et de relèvement, à travers les appels des hommes, leurs actions et leurs espoirs. Ensemble pour réveler ce qui rend nos coeurs brulants .

4/ Décider en vivre en Eglise c'est ,à notre tour, nous asseoir à la même table que Jésus et partager le pain."Il rompit le pain et le leur donna". Partager sa vie qu'il donne pour que chacun, chacune vive et vive pleinement.Il y a tant d'affamés du pain pour vivre !
Le partage à la table eucharistique nous invite au partage de notre propre vie , dans le quotidien de la vie du monde
Ensemble pour apprendre à partager ,chacun à sa manière, le pain reçu à la table.

5/ Décider de vivre en Eglise, c'est accepter de témoigner." Ils se levèrent... Ils racontaient".
La rencontre sur le chemin d'Emmaus a des suites, malgré, grace au retrait de Jésus. Chacun de nous et toute notre communauté sont invités à relire les projets, les initiatives ,les choix à la lumière de ces deux démarches : Ils se levèrent.Ils racontaient comment ils l'avaient reconnu.
Ensemble pour vivre le temps de l'Eglise. Le temps du témoignage.

Guy Aurenche

Donc ils ne croient plus à rien, ils sont sceptiques,
ces deux pèlerins tristes.
ou plutôt ils croient, mais ne croient plus qu’aux faits,
rien qu’à la vérité des faits, à la dureté des faits
en cela ils sont bien modernes ces deux disciples
ils nous ressemblent, nous sommes leurs frères.
ils ne pensent plus que la vérité puisse venir du ciel,
représentée par la Loi et les Prophètes
ni de cet homme qu’ils ont suivi,
qu’ils ont abandonné, et finalement qu’ils ont perdu.

Ce qui leur arrive, les événements qu’ils ont vécus
qu’ils vivent encore car ils sont encore en plein dedans
sont plus fort que leur catéchisme, que leur idéologie, que leurs projets.
Moi ça me rassure plutôt qu’on se fonde sur les faits, sur la vie
plutôt que sur le catéchisme ou l’idéologie.

Mais pour eux c’est douloureux
c’est leur heure de vérité
quand tous les discours se taisent, quand tout s’arrête et qu’on reste seul avec soi-même.
Ils ont échoué dans leur projet d’être des juifs vainqueurs
d’être des hommes chevauchant une vérité divine
d’être les leaders d’un peuple libre
ils ont perdu « l’élection »
ils ont échoué aussi dans leur amitié leur amour pour Jésus,
pour leurs compagnons
au point qu’ils pensent peut-être eux-mêmes n’avoir jamais été aimés
Leur échec, ils le font endosser à Jésus.
Jésus c’était la parole,
sa vie était devenu leur vie
la mort a anéanti pour eux ce bonheur-là
ils ne s’en remettent pas.
ils ne croient pas qu’on puisse aller vers Dieu sans Dieu,
alors ils renoncent.
Ils rentrent chez eux libres mais déprimés

Ont-ils oublié que si Jésus priait à la synagogue et au Temple,
pour annoncer la Bonne Nouvelle il a quitté le Temple et la synagogue,
il est parti sur les routes
que peut-il bien y avoir sur les routes
à part les mendiants, les malades, les blessés à ramasser sur le bord du chemin… sur les routes on s’égare, on se perd.

Justement ils ne se sont pas perdus, ils rentrent chez eux.
On ne sait pas ce qu’ils se disent mais on sait ce qu’ils ne se disent pas :
que dans l’échec il importe non pas d’être soumis, mais d’être créateur
que le courage d’être soi-même implique le courage des ruptures
que tous les croyants ont besoin de la vitalité créatrice qui leur permet de vivre la vie et de la vivre en abondance.

Père,
puisse chacune de nos messes être pour nous une heure de vérité
L’heure où nous ne cherchons plus à nous raccrocher à des vérités habituelles
l’heure où la vérité elle-même nous échappe pour nous entraîner
nous sommes-nous donnés quand il était temps de se donner ?
avons-nous parlé quand il était temps de parler ?
avons-nous su créer quand il était temps de créer ?
nous sommes-nous battus quand il était temps de se battre ?

quand vient l’heure de vérité il est trop tard pour se poser la question
non pas parce que la question est vaine et qu’on ne peut plus rien
mais parce que tu anticipes la réponse
tu nous donnes la réponse là où nous ne l’attendons pas
tu donnes - tu parles- tu crées - tu te bats
non pas à notre place
mais avec nous, en nous, par nous
en nous donnant ton fils qui nous parle qui nous crée qui se bat
nous trouvons une main qui nous partage le pain
et qui nous tend la coupe
ton fils nous rejoint pèlerins isolés sur la route
il nous transporte d’un coup au cœur de l’humanité rassemblée,
libre et solidaire
en rupture avec toutes les servitudes
en communion au-delà de toutes les exclusions

C’est pourquoi nous devons toujours te bénir et te rendre grâce en unissant nos voix à celles qui te chantent unanimes dans les cieux…

Jacques Merienne


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