Prises de paroles

 

24 février 3ème dimanche deCarême

« Donne-moi à boire »


Lectures de Ex 17, 3-7 et de Jn 4, 5-15

« Donne moi à boire »
Nous venons d’entendre deux fois cette phrase : la protestation du peuple d’Israël qui meurt de soif dans le désert, est reprise par Jésus s’adressant à la Samaritaine. Si nous interrompons un instant la lecture de l’Evangile d’aujourd’hui, c’est pour réfléchir au sens de cette double sollicitation et à ce qu’elle nous apprend de la relation entre Dieu et l’homme.

Dans l’Ancien Testament, le peuple se rebelle collectivement contre le messager de son Dieu- et il a raison : l’épreuve du désert devient insupportable et la libération d’Egypte, symbole de toutes nos libérations, risque de perdre tous son sens si elle aboutit à la mort.

Le Seigneur répond au défi qui dresse son Peuple contre lui en écoutant son cri : du Rocher qu’il a toujours été pour Israël, va sortir de l’eau. J’aime ces histoires où l’on voit l’Homme qui se prend en main, qui ne fait pas aveuglément confiance, qui crie et où le Père ne s’offusque pas mais entend l’accusation et donne la vie.

La demande de Jésus à la femme de Samarie est la même, homme parmi les hommes dans le même contexte de désert. Et pourtant il me semble que sa portée est très différente : elle évoque d’autres passages de l’Ancien Testament où l’on voit les patriarches rencontrer leur fiancée au puits. Alors que le Dieu de Moïse est le Tout puissant qui reconnaît à son peuple le droit à la parole, Jésus se fait lui-même demandeur. Et c’est à la plus faible des créatures qu’il s’adresse: une femme toute seule, étrangère au Peuple élu et, qui plus est, pécheresse. Il entame le dialogue en la mettant en position de faire quelque chose pour lui.
C’est à partir du geste qu’elle fait de lui donner à boire que va se construire leur relation.

Les juifs ont bu l’eau du Rocher et ils sont morts, l’eau spirituelle que Jésus peut donner deviendra source jaillissante. La femme, qui nous représente tous, est amenée à la réclamer à son tour, même si elle ne comprend pas bien encore la portée de sa demande.

La semaine dernière dans St Matthieu, nous avons vu Jésus proclamé Fils dans la crainte et l’éblouissement de la Transfiguration, cette fois St Jean nous le montre se révélant lui-même dans l’intimité d’un dialogue interpersonnel.

Martine Roger-Machart

Suite de l’Evangile Jn 4,16-42

 

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