Prises de paroles

 

10 février 1er dimanche deCarême

« Que l’esprit généreux me soutienne »


Lors de son baptême, Jésus a été reconnu Fils de Dieu par la voix venue du ciel. Il est le Messie attendu, annoncé par les prophètes.
Et voilà qu’après un passage au désert il est tenté par Satan : » si tu es le fils de Dieu ordonne que ces pierres soient changées en pain ». Jésus refuse la magie, il est venu pour vivre notre condition d’hommes, pleinement. Par deux fois il refusera encore la facilité, la toute puissance, l’idolâtrie proposées par Satan.
Du jardin d’Eden, au désert et jusqu’à aujourd’hui, le mécanisme de la tentation est le même, mais Dieu laisse toujours le choix, choix qui se fait au plus intime de nous-mêmes.
Ces tentations sont les nôtres, les miennes. Tentation de la méfiance de celui qui est différent de moi, tentation de la tiédeur, de l’indifférence, du chacun chez soi, tentation du refus de ce que je ne comprends pas ….Je suis confrontée à mes limites, je ne résiste pas toujours, l’inconnu peut me faire peur, la facilité est bien séduisante. Certaines épreuves ont pu me renforcer, mais d’autres m’ont appris à discerner l’essentiel, à m’alléger de l’inutile.
Ce que je sais, c’est que choisir la route de la vie, de la dignité,pour les autres et pour moi-même,me demande un effort, mais cela m’amène chaque fois à plus de liberté, à plus d’humanité.
Jésus nous montre le chemin sans tricher, jusqu’au bout il sera pleinement homme, libre, « debout » disons- nous souvent ici, avec nous. Pour lui, c’est la parole de Dieu, parole d’Amour, qui fait vivre et conduit à la plénitude de la Vie

Marie-José Ledru

Toute vie est décision -Genèse 2,7-9;3,1-7

Avant d’aborder ce texte, suggère Marie-Noëlle THABUT, « il faut se souvenir que son auteur n’a jamais prétendu faire oeuvre d’historien ! La Bible n’a été écrite ni par des scientifiques, ni par des historiens ; mais par des croyants pour des croyants. Le théologien qui écrit ces lignes, sans doute au temps de Salomon, au dixième siècle avant J.C., cherche à répondre aux questions que tout le monde se pose : pourquoi le mal ? Pourquoi la mort ? Pourquoi les mésententes dans les couples humains ? Pourquoi la difficulté de vivre ? Pourquoi le travail est-il pénible ? La nature parfois hostile ? » Autrement dit, injustices, mensonges, souffrances, catastrophes, le mal nous est présent sous toutes ses formes. D’où vient-il ? La Bible écarte les fausses réponses : il ne vient pas de Dieu, mais de l’erreur humaine. Même si ce récit reste le miroir de nos choix malheureux, c’est aussi et avant tout une grande invitation à être lucide sur notre nature humaine limitée. Cette lucidité, d’une part, nous met en face d’une histoire de mort dont nous héritons malgré nous. Et d’autre part, en face d’une histoire de vie pour qui s’attache au Christ.
De ce récit de genèse, nous ne doutons pas que toute vie est décision. Pas n’importe quelle décision, mais un choix qui nous ouvre à la liberté de ceux qui refusent une existence dispersée en courses, en possessions de tout pouvoir, de ceux qui ne laissent pas la joie de leur cœur étouffée sous le quotidien fardeau, de ceux qui embrassent le chemin du service, se livrant et se dépensant par amour pour leurs prochains. Alors, soyons libres durant ce carême pour prendre notre élan vers la vraie source.

Donatus Nduluo

En guise de prière méditative

Dieu notre Père, au désert ton Fils Jésus a déjoué les pièges du tentateur et il nous a montré le chemin de la fidélité à ta Parole. En faisant mémoire de sa mort et de sa résurrection, puisse ton Esprit généreux soutenir toute ton Eglise, à travers chaque chrétien. Vendredi dernier, à l’occasion de la campagne de « fraternité » de carême de l’Eglise brésilienne, le Pape Benoît XVI confiait à la conférence des évêques du Brésil qu’une « culture sans Dieu devient une culture contre l’être humain », les invitant ainsi à la fraternité, à la défense et au choix de la Vie. Qu’au cours de ce temps de conversion, temps de recherche d’une fidélité encore plus grande à Dieu créateur de la vie, que ton Eglise puise en toi sa force et sa lumière face au choix qu’elle a et aura à faire.
L’envie d’amasser et de posséder des biens peut brouiller le regard et dessécher le cœur. Toi qui n’avais pas où reposer la tête, rappelle-nous que l’homme ne vit pas seulement de pain et que Dieu aime faire sa demeure chez les pauvres de cœur. L’envie qu’à l’homme de maîtriser son destin l’expose à méconnaître les limites de sa condition. Toi qui faisais en tout la volonté du Père, accorde-nous la force de résister aux tentations de ce monde et donne-nous de découvrir le Père, source du vrai bonheur. L’envie de dominer et d’asservir les autres égare les puissants en humiliant les petits. Toi, le Serviteur obéissant et souffrant, apprends-nous la simplicité dans nos vies et l’exercice de toute autorité comme un service.

Seigneur, depuis notre naissance, chaque jour nous décidons de vivre. Manger, travailler, se reposer, se soigner, se défendre sont autant de décisions pour vivre plus, pour vivre mieux. La vie est décision. Ces quarante jours nous invitent à prendre un élan. Un élan pour être libres. Tant d’obstacles entravent notre liberté, puisse chaque effort fourni nous libérer pour être plus disponibles aux autres. Un élan pour partager. Ce carême est un temps favorable pour ouvrir les mains, ces mains si souvent crisper. Nous ne pouvons fermer les yeux sur ce qui se passe dans le monde : tant que nous saurons qu’un être humain, sur terre, vit en dessous du minimum vital, nous ne pourrons fermer les mains. Décider la solidarité est un acte de liberté pour prendre un élan vers la vraie source de la Vie qui abreuve tous nos défunts. A l’instar de la Vierge Marie, des Apôtres et des Saints, nous voulons te redire notre joie de nous mettre tous ensemble en route vers la Plénitude de la Vie, par Jésus-Christ, notre Seigneur…

Donatus Nduluo

 


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