Prises de paroles

 

Dimanche 30 décembre

"Par dessus tout qu'il y ait l'amour"

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Noël est aujourd’hui d’abord une fête de famille. Les sondages nous le disent !
Pas étonnant alors que l’Eglise nous invite à célébrer aujourd’hui la Sainte Famille ?

Les textes de cette liturgie portent cependant notre regard au-delà d’une belle histoire.
Ils nous rappellent que, si l’amour nous précède, il nous est confié,
dans un monde où le repli sur soi, l’égoïsme, la lutte pour le pouvoir et la violence
font régner leur loi, hier comme aujourd’hui.

Par dessus-tout qu’il y ait l’amour, nous dit Paul dans sa lettre aux chrétiens de Colosses.
Oui, dans toutes nos relations, un amour gratuit, désintéressé,
dans nos familles, dans nos communautés, dans notre pays et dans le monde,
pour que chacun puisse y trouver sa place.

C’est un vœu que nous pouvons former à l’aube de cette année nouvelle,
C’est surtout un chemin à prendre.
Nous y sommes invités ce matin, à la suite de Joseph.

Eliane Brouard

 

Lecture de Ben Sirac 3,2-6 12-14

Nous nous sommes interrogés : que pouvait bien nous dire Ben Sirac dans le contexte familial de 2008, après Saint Paul et la primauté, le règne de l'amour ?
Si j'ai plaidé pour lui, c'est d'abord pour les mots avec lesquels il sait parler de la vieillesse, et qui me renvoient, personnellement, à mon père et à moi, il y a 30 ans.
"Même si son esprit l'abandonne, sois indulgent… ne le méprise pas." Indulgente, je ne l'étais pas. J'en ai des souvenirs précis, et de sa peine.
Maintenant, c'est avec moi que Sirac me demande d'être indulgente, et avec d'autres autour de moi.
Et puis je suis sensible à la beauté, à la portée de ses termes : honore - glorifie.
Ce sont ceux que nous employons pour Dieu. Et voici que la Bible nous demande de les faire servir pour l'homme : le père, la mère, l'homme dans ce qu'il participe à l'œuvre même de Dieu, l'homme et la femme qui sont en charge de perpétuer la création.
Père, mère, dans quelque cadre qu'on le devienne, dans ce nouveau siècle…

Comment assumer, comment tenir la route, qui vient de si loin, et qui nous mène où nous ne savons pas.

Claire Danel

Colossiens 3.12-21

Paul nous invite à être les ministres de la réconciliation :
- avec nous-mêmes d'abord, avec le meilleur de nous-mêmes : quitter le vieil homme enclin à la colère, la malice, l'injure, pour revêtir des sentiments de tendresse, de douceur, de patience, pour commencer à l'égard de nous-mêmes
- et envers les autres, pour donner une autre ouverture à leurs actes, en les acceptant tels qu'ils sont, et en pardonnant s'ils nous ont fait du tort, pour ouvrir un autre chapitre de notre vie ensemble.
- Ainsi sommes nous conviés à croire que le royaume de Dieu vient à nous à tout instant, que l'amour de Dieu vient nous chercher à tout moment pour que nous participions au projet collectif d'humanisation.
Le salut, ainsi, n'est pas une menace mais une promesse :
- une invitation à la liberté, se libérer des peurs, des idoles, des passions
- un appel à l'amour, au dépassement de soi, à la participation à une communauté ouverte, en recherche de sagesse, non fermée sur elle-même.
Pour cela il nous est proposé d'accueillir l'Esprit, le Souffle de Dieu, sa Parole et de s'en laisser nourrir, inspirer, guider vers un chemin qui peut être tout à fait inattendu.
A chacun son chemin tracé par l'amour, éclairé par Dieu dans l'amour de l'autre. Car nous construisons notre identité par les autres, à travers les autres, et c'est ensemble que nous construisons l'unité d'une humanité où ce qui est essentiel à l'homme pour être un homme est sauvé.

Danielle Ballet

Mtt 2, 13-15,19-23

Voici le texte d’évangile qui nous est proposé pour la fête de la Sainte famille.
Vous parlez d’une Sainte Famille : un homme qui prend chez lui, envers et contre la loi, une femme enceinte d’un enfant dont il ne connaît pas le père !
Puis suivant la loi, cette fois, il part pour se faire recenser et sa femme se retrouve dans une étable pour accoucher !
Sur des paroles perçues en songe, le voilà , le joseph, reparti avec femme et enfant sur les routes de l’exil et rentré en terre étrangère,même pas chez lui mais en Galilée
À12 ans cet enfant, toujours ce Jésus, fugue ….
À sa première sortie publique en pleine noce, il ne trouve rien de mieux que de remettre sa mère à sa place … et de changer l’eau en vin !
Quel modèle de famille !
Nous voilà bien dans l’histoire d’une famille contemporaine avec ses aléas et ses contradictions apparentes !

Mais c’est aussi de bien autre chose qu’il s’agit ici
C’est une écoute fine et attentive qui a permis à Marie d’accepter de porter cet enfant
C’est une même écoute qui met Joseph sur la route de l’exil.
Cet exil c’est la suite de l’histoire de son peuple. Histoire évoquée ici dans l’évangile par de ces mots -si souvent difficiles à accepter aujourd’hui- : « pour que s’accomplisse les écritures»
Et pourtant ce n’est ni une prédiction, ni une fatalité mais une parole écoutée et ancrée dans une histoire. Une histoire qui donne des repères et qui permet de partir, en confiance.

Nous avons chacun nos repères, sur quoi les basons-nous aujourd’hui ?
S’agit-il de bornes solides et bien ancrées qu’aucune tempête ne pourra déraciner ?
S’agit-il d’un lieu chaleureux et confortable où il est bon s’asseoir pour réfléchir et méditer?
S’agit-il d’une parole de confiance, qui rejoignant notre foi, toujours nous fait avancer et se remettre à l’écoute ?

Dans ce texte d’évangile, voilà une famille ancrée dans son temps, dans son histoire, qui pourrait bien bousculer toutes nos assurances, toutes nos convictions et nos jugements sur ce qu’une famille doit, ou devrait être.
Une écoute fine, dans une famille, dans une communauté, c’est bien difficile et c’est pourtant la seule chose, réellement donnée et reçue qui peut me faire bouger et sortir de mes idées toutes faites et si confortables.
Aujourd’hui, il y a là de quoi regarder autrement nos familles, nos communautés cabossées, chahutées et bousculées par la vie.
Regarder autrement, avec confiance, laisser venir le nouveau, même si il faut changer de route et toujours entendre « par dessus tout, qu’il y ait l’amour »

En nous déplaçant maintenant vers le lieu du rassemblement : la table eucharistique, prenons le temps de marcher, de déambuler, de changer de route en méditant cette question

Comment puis-je entendre ce qui va me mettre en route ?

Florence Carillon

 

En guise d'introduction à la prière eucharistique

Père,

nous célébrons Jésus qui a ouvert les yeux dans une étable.

Jésus qui a ouvert les yeux sur les bancs de l’école, assoupi après avoir ébahi les scribes de sa toute jeune sagesse.

Jésus qui se réveillait les matins brumeux ou les matins clairs pour aller travailler dans l’atelier de son père ou celui d’un voisin.

Jésus réveillé par les vociférations de son cousin Jean qui l’appelaient au baptême dans l’eau du Jourdain, ou par les grondements d’un tonnerre qui prétendait être son Père.

Jésus réveillé au milieu du désert par Satan qui lui tirait la manche en lui proposant de le faire maître de l’univers, craignant qu’il ne le soit déjà mais d’une tout autre manière.

Jésus qui ouvre les yeux sur le coussin d’une barque prise dans la tempête et pleine d’amis morts de peur.

Jésus qui ferme les yeux pour ne pas voir que tous l’abandonnent.

Jésus qui ouvre les yeux au fond d’un tombeau prêté par un ami mais où personne ne le retrouvera.

Nous célébrons le chemin de Jésus notre frère,
qui a une meilleure vue que nous,
un meilleur sommeil
et un réveil plus définitif,
chemin lequel tu nous invites à le suivre
si nous savons ouvrir les yeux

c’est pourquoi avec l’Église du Ciel et de la Terre
nous voulons te bénir et t’acclamer en chantant…

Jacques Merienne

 

 

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