Prises de paroles

 

Dimanche 11 novembre 2007

Il n'est pas le Dieu des morts mais des vivants

 

Aujourd’hui encore, Jésus est engagé dans une rencontre : la semaine dernière il rencontrait Zachée descendu de son arbre, cette fois-ci c’est autre chose, un autre climat.

Ici à partir de la loi de Moïse, les Sadducéens posent une question sur la règle, en imaginant une histoire terrible, invraisemblable, cette veuve 7 fois, toujours sans descendance… Quelle question tordue ! On voit bien que les Sadducéens n’y croient pas, à cette résurrection…
Essayer de piéger l’autre, mais aussi poser les questions de règle, de loi, de règlement ; on peut jongler, on a l’air compétent, on tente de marquer son pouvoir sur l’autre… Comme dans le Petit Prince : je suis un homme sérieux, moi ! Souvent, derrière ce genre de question, il y a une grande violence. Ainsi va la cohorte des raisonneurs

Inquiétude de la mort - notre propre mort - mais aussi (et surtout) la mort de ceux qui nous sont/ nous étaient très proches.
Ce dimanche, jour du 11 novembre, dans de nombreux villages de France, j’en suis témoin, c’est encore la cérémonie au Monument aux morts, avec la lecture de tous les noms inscrits sur le monument, et à cette litanie les enfants des écoles répondent : « Mort pour la France ».

C’est vrai que quand on parle de résurrection, beaucoup de questions sortent sur le comment : comment se fera la résurrection ? comment ça va se passer, qui va ressusciter, quand va-t-on ressusciter ? et pendant ce temps-là où sera-t-on ? On essaie d’imaginer un autre monde à partir de notre monde…

Est-ce qu’on pose les vraies questions ? Est-ce qu’on est dans la confiance ?
Questions de mort ou question de vie ? Question qui ouvre les portes, ou qui les ferme ?

Deux registres comme souvent : le registre de la règle, le registre de la foi.
Face aux Sadducéens qui se situent dans l’attente d’une règle, Jésus, comme toujours, marque le changement de registre. Il ouvre une réponse de foi : Dieu ressuscite les patriarches, mais aussi tous sont vivants sous son regard, pour lui.
Espérance dans le Dieu des vivants La vie est transformée : « Je suis la résurrection ET la vie. Celui qui croit en moi ne meurt pas. Laissez les morts enterrer leurs morts » Et vous, allez de l’avant !

Le registre de la vie jusque dans la mort ! C’est une parole que notre amie Gina, la femme de Dominique, nous livre il y a quelques semaines. Quelques jours avant sa mort, Dominique lui dit : « On raconte dans le quartier que Dominique va mal, très mal. Ce n’est pas vrai, dites-le à tous : DOMINIQUE VA BIEN… Dominique va vers la vie »

Christine Singer (Les derniers fragments d’un long voyage) : Par un sombre ravin, j’ai passé de la vie à la vie… Une vie dont chaque seconde pose son entier mystère…

Cette vie-là elle est d’abord relation, vie d’amour
Qu’est qui nous rend assez vivant pour être proche du Christ ? pour traverser la mort ? Oser vivre, oser aimer, oser parler. Accueillir la vie, et donner la vie. Le chemin de résurrection : c’est un chemin de chaque jour : on ne peut pas attendre la dernière minute.

On rencontre parfois autour de soi des gens très vivants, très haut, très loin, très vibrants. Sur ce chemin de vie, je me sens très pesante. Je sens cette lourdeur, ce poids. Je me sens très humble, avec ma petite logique et mon activisme un peu ménager…

Dans mes obscurités, j’accepte ce mystère. Le mystère, ce n’est pas quelque chose à comprendre, c’est quelque chose à creuser. Il y a une vie plus grande que moi, qui me pousse à aller plus loin, à prendre la parole. On est poussé par d’autres vers la vie. J’ai été poussée par d’autres pour être là ce matin. Je parle pour vous ; grâce à vous, je me parle.

L’art aussi nous aide à creuser, comme le Vendredi Saint célébré ici, traversé par une Croix de lumière

Comment notre communauté peut - elle être vivante, être un chemin de vie largement ouvert sur ce qui vient, avec ceux d’ici, avec ceux d’ailleurs ? Témoigner de ce qui vient de bien au delà d’elle ?

Quelques phrases à méditer :
Le psaume : « Au réveil, je me rassasierai de ton visage »
Saint Paul : « Dieu nous a pour toujours donné réconfort et joyeuse espérance »
Ce que nous allons chanter tout à l’heure : « Dans nos obscurités, allume le feu qui ne s’éteint jamais… »


Anne René-Bazin


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