Prises de paroles

 

Dimanche 14 octobre 2007

« N’y-a-t-il qu’un étranger pour remercier ? » Luc 17,18

Mot d’accueil

Hier, devant le parvis des droits de l’homme, au Trocadéro, à quelques jours de la journée mondiale du refus de la misère, des hommes et femmes ont exprimé leur honte qu’une loi de la république stigmatise des étrangers qui participent à la vie économique et sociale de notre pays. Les évêques de France se sont exprimés à ce sujet.

Cette actualité n’est pas si éloignée des textes que nous propose la liturgie de ce dimanche.
Le second livre des Rois puis l’évangile de Luc nous présentent des hommes lépreux et étrangers. Des lois, établies pour protéger la vie d’une communauté, d’un peuple, les mettent à distance.

Il en va souvent de même avec les rites des religions, qui dressent des barrières entre les hommes et les femmes, au lieu de les réunir dans la reconnaissance de leur commune humanité.

La Parole de Dieu ne se laisse pas enchaîner par les lois et les rites.
Offerte gratuitement, elle nous ouvre un chemin de liberté.
Nous nous mettons ce matin à son écoute.
Et, sans taire nos appels et nos cris, nous prendrons aussi le temps d’exprimer notre reconnaissance, nos mercis.

Eliane Brouard


Lors de la préparation, nous avons été frappés par les résonances de ces textes avec l’actualité. Je vous les évoque, pour qu’à votre tour, vous puissiez en faire votre miel…

Quand aujourd’hui il est question de tester, de normaliser et de faire acquérir un maximum de connaissances aux enfants, cette petite fille au service de la femme de Naaman - qui réagit selon son cœur - ne nous interroge-t-elle pas sur notre attention à préserver la fraîche spontanéité des enfants ? « Si vous ne devenez pas comme l’un de ces petits, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux.. »

L’individualisme, théorie tout à fait d’actualité, se trouve mis à mal : c’est en effet grâce à l’intervention d’une jeune esclave prisonnière que l’histoire est déclanchée, ce sont ensuite les serviteurs de Naaman qui l’incitent à écouter Elisée. Des petits, ignorés et insignifiants, ont été solidaires.

Je note, au passage, une égratignure envers les hommes de pouvoir,habitués à beaucoup de révérence à leur égard alors que, pour le prophète, « Dieu renverse les puissants et élève les humbles ». Est-il besoin de grandes choses, d’actions d’éclat pour être guéri ? Ou, seules la foi et les convictions sont-elles nécessaires ? Je remarque que, si ce qui est demandé à Naaman lui paraît humiliant, il reste libre : il est responsable de sa guérison, il peut accepter ou refuser d’écouter Elisée.

Autre idée, dans ces 2 histoires, l’étranger est central. Actuellement, chez nous, l’étranger est omniprésent, qu’il soit choisi ou soumis au quota, qu’il soit en situation régulière ou pas, confronté au regroupement familial avec ou sans test ADN, sans oublier l’ouverture de la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration.
Quelle interpellation, j’entends aujourd’hui ?

Devant l’attitude et le raisonnement de Guéhazi, le présent, encore une fois, résonne fort : si, dans notre pays, nous avons la chance que dons d’organes ou de sang soient gratuits, nous savons bien qu’il n’en est pas de même partout et que le trafic du vivant se développe allègrement. Aurons-nous assez de vigilance pour que ne se justifie pas la petite phrase insidieuse ‘beaucoup de pays le font’ ?... La vie n’est pas une marchandise !...et pour les croyants, c’est un don de Dieu !Enfin, dans l’Evangile, les juifs sont dociles, ils obéissent à la loi qui exige que ce soit les prêtres qui les autorisent à réintégrer la société, leur soumission rigoureuse à l’autorité occulte tout esprit critique, toute attitude humaine normale : dire merci.
Qui n’a pas été confronté à une situation ubuesque où des personnes appliquaient aveuglément la réglementation ?
Seul, celui qui était - de par sa situation - libre vis-à-vis de la loi, réagit d’après ses propres critères : il ne se coule pas dans un moule, il n’attend pas que l’on réfléchisse pour lui !

Nous vous proposons un temps de silence pour se demander « De quoi ai-je envie de remercier Dieu aujourd’hui ? » - Nous pourrons partager nos mercis lors de la prière eucharistique.

Marie-José Lecat-Deschamps


A la veille d’une rencontre Merry Chansons, nous reprenons ce matin un Alléluia chanté il y a quelque temps déjà par Nana Mouskouri.
Merci pour l’enfant qui rit, pour le ciel qui pleure quelques larmes,
Merci pour le vent du soir, pour le chant d’espoir d’une femme.Allé-Alléluia (bis)
Merci pour l’ami d’un jour qui habite encore ma mémoire,
Et pour ces millions d’amours dont ne parlera pas l’histoire.
Allé-Alléluia (bis)
Merci pour cet univers qui va de travers mais qui tourne,
Merci pour la vie qui vaut le détour jusqu’au dernier souffle.
Allé-Alléluia (bis)

Prière de remerciement pendant la préface

Quand l’enfant paraît, c’est l’émerveillement. Nous le vivons dans nos familles, avec nos collègues de travail et nos amis. Il y a un avant et un après. Le quotidien, avec ses pesanteurs, ses difficultés à affronter, est relativisé, un instant mis à distance.
Merci, Seigneur, pour ces temps d’émerveillement.
En te disant merci, nous pensons aussi à ces femmes qui vivent ce temps de la naissance, de l’accouchement ,dans une grande solitude et une grande détresse.
Entends leur cri, Seigneur, et mets sur leur chemin des hommes et des femmes qui les soutiennent.

partage libre de remerciements à Dieu

Méditation à la manière d’une prière eucharistique.

Dieu notre Père, merci. Nous sommes réunis autour de l’Ecriture et de la table pour te remercier. Et nous aurions l’air fin, surtout aujourd’hui après les textes entendus et écoutés, si nous ne te remercions pas. Nous voulons faire partie de ceux qui se retournent pour te remercier car nous réalisons tout ce que nous avons reçu de toi et des autres. Ainsi nous pourrons aller de l’avant. Nous reconnaissons que tout ce qui nous fait vivre est un don reçu, gratuitement, sans mesure. Nous te remercions pour la vie que tu nous donnes car elle ne s’achète pas, elle se reçoit. Nous te disons merci aujourd’hui pour ta création, pour la nature. Oui il n’y a que de mauvaises nouvelles en ce domaine. Des paroles fortes se font entendre, elles sont reconnues publiquement. Ce n’est pas le Pérou, mais les choses avancent, peu à peu. Espérons que nous arriverons à sauver ce monde de vie que tu nous as donné.
Dans cette action de grâce nous voulons dire combien nous te remercions pour des gestes, des faits, des paroles vus, entendus et expérimentés qui nous ont réconforté dans notre posture d’hommes et de femmes reconnaissants. Car remercier c’est vivre, et vivre, remercier.

Ces faits, ces paroles et ces personnes nous les incluons ainsi dans notre action de grâce qui donne sens à tout : oui nous te remercions par et pour Jésus, ton Fils, notre Seigneur. Et pour ce faire nous te chantons.

Te remercier par et pour Jésus, notre Seigneur ; se rappeler que ses fréquentations étaient assez problématiques aux yeux des conventions dites ou cachées de la société bien pensante. Côtoyant prostituées et étrangers de tout poil, il cassait les frontières et libérait la parole, car, « on enchaîne pas la parole ». Et dans un premier temps il a été exclu, lui-même ayant été jeté « hors de la ville » comme un malfrat indésirable. Mais voilà, tes chemins ne sont pas nos chemins et ce pour cela que nous te remercions. Cette exclusion est devenue source de vie, la vraie, celle qu’on n’achète pas, celle qu’on reçoit. Que ton Esprit, expert en distribution de vraie vie, fasse de ce pain et de ce vin le signe de la réelle présence de ton Fils parmi nous, le Corps et le sang du Christ.

Oui, nous faisons le mémorial de cette vie donnée, de cette mort assumée et de cette résurrection reçue. Et nous attendons notre rencontre définitive avec Lui.

Dans les limites de notre nature humaine, on expérimente chaque jour les forces de rétrécissement, de stérilisation qui poussent notre humanité à s’appauvrir et à en mourir. Que ton esprit fasse de tous ceux qui partagent le Corps du Christ, pain donné et vin offert pour la vie du monde, de tous, noirs, jaunes, blancs et rouges, une communauté de partage, une Eglise ouverte à la découverte et à l’impromptu, une communauté sachant reconnaître la vie reçue. Une communauté qui rende grâces, qui sache dire merci.

Jésus Asurmendi


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