Prises de paroles

 

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         Heureux sommes-nous d'être ici présents pour célébrer cette Eucharistie.
         Nous accueillons les habitués de la Communauté, et tout autant, sinon plus, ceux qui sont de passage ou viennent pour la 1ère fois : qu'ils soient les bien-venus.

          Nous entrons dans cette Célébration en lisant le début de l'Epître aux Galates de ce jour
          "Que la croix de Notre Seigneur Jésus Christ reste mon seul orgueil",
           Aussi marquons-nous ensemble du signe de la croix : "Au Nom du Père…"

          
          
            C'est par L'acceptation de la mort sur la croix de Jésus que nous accédons à la liberté,  la fierté d'être ressuscités avec Lui.
             Cela nous engage, ainsi qu'il est écrit sur le lutrin : à faire, à risquer, à agir et à dire, à annoncer une parole de joie à tout homme. C'est notre mission d'appartenance au Christ et c'est ce qui nous rassemble aujourd'hui.
                                                                 

                                                                  Catherine Martin Laprade

Faire et dire

Le geste et la parole, c’est le titre d’un livre dans lequel André Leroi-Gourhan, qui fut un éminent préhistorien, développe la thèse que ce n’est pas seulement la parole qui fait l’humanité, mais la rencontre de cette parole avec un geste. C’est cette réalité très humaine, faire et dire, que nous retrouvons dans les récits de mission que nous venons d’entendre. Sans la parole, le geste risque d’être machinal ; sans le geste, la parole risque d’être creuse.
Un geste : Après que Cyrus ait pris Babylone en 339, il permet aux juifs revenir à Jérusalem après un exil d’un demi siècle, mais le retour est plutôt morose. Le temple est à reconstruire. Il n’y a plus de roi. Le pays est occupé par ceux qui ne sont pas partis et par des étrangers. Le peuple a perdu son unité et sa foi vacille. Une parole : Isaïe, le 3ème Isaïe, a pour mission de redonner un peu de tonus à Israël. Il proclame la parole qui donne sens à ce mouvement de retour, il annonce une bonne nouvelle : Dieu aime toujours son peuple malgré ses infidélités.
Dans un contexte également difficile d’attente messianique et d’occupation romaine, Jésus envoie des disciples faire un geste et dire une parole. Il ne les envoie pas imposer quoi que ce soit ni contraindre qui que ce soit, mais proposer. Il les envoie se faire accueillir en disant « Paix à cette maison » Il les envoie être proches des gens, particulièrement de ceux qui souffrent, afin de leur dire l’amour de Dieu : «Guérissez des malades et dites que le règne de Dieu est proche»  Il les envoie poser des actes qui peuvent provoquer des questions, dire des paroles qui sont l’accomplissement de ces actes. Lorsqu’ils reviennent, ils sont tout joyeux. Ils ont été transformés par leur mission.
Cette transformation de l’accueillant par l’accueilli et vice versa n’est pas seulement un mécanisme humain, mais aussi un mécanisme chrétien toujours d’actualité. C’est ce que signifiait la «pastorale de l’engendrement» dont il a été question lors du 30ème anniversaire du CPHB. C’est peut-être se laisser accueillir par celui qui passe lorsque nous faisons l’accueil dans l’église. C’est ce que nous vivons pendant les quelques années que dure l’accompagnement d’un catéchumène... Chacun en connaît des réalisations variées. Cette attitude nous a rappelé une anecdote sur Michel Serrault : au cours d’une interwiew, on lui demande :  êtes-vous chrétien ? Oui, répond-il. Est-ce que vous le dites ?  Non, dit-il alors, je préfère qu’on le devine.
Nous pouvons comprendre que notre mission de disciples du Christ est de nous faire accueillir, de nous faire deviner comme chrétiens pour pouvoir dire l’amour de Dieu. Si cela peut, à juste titre, nous rendre joyeux, que notre joie soit toujours celle du serviteur et non celle de qui détient un quelconque pouvoir.

Hubert Lassus

Méditation  sur Is 66, 10-14 et Luc 10,1-20 à la manière d’une prière eucharistique.

Seigneur, notre Dieu et notre Père. Ensemble nous voulons te remercier en ce jour où nous célébrons la mort et la résurrection de Jésus, ton Fils, notre Christ. Te remercier car des voix se sont fait entendre peu à peu et elles commencent à devenir une véritable clameur, un tollé. Un cri pour que la terre, la création que tu as mise dans nos mains, soit et redevienne une terre vivante.
La foi au Christ tu nous l’as donnée.
Des témoins qui nous ont précédé nous l’ont proposé. C’est par ces rencontres, par leurs paroles et leurs actes que nous avons été interpellés et touchés. C’est dans leur vie toute entière que nous avons deviné une présence, ta Parole.
C’est par ces gens simples, poussés par toi,  que nous avons été mis au courant de la bonne nouvelle, c’est ces chargés de mission par toi qui nous ont annoncé le Royaume.
Pour tous ces témoins et ces rencontres nous te remercions.
Nous te rendons grâce parce que les consignes sont toujours claires : pas de bourse, pas de plan B. Parce que la simplicité et la sobriété sont de mise : prenez ce qu’on vous donne. Nous te remercions surtout parce que la mission est nette : guérissez et annoncez, faites et dites.
En définitive, nous te remercions par ton chargé de mission par excellence, par l’envoyé le plus juste qu’on ait pu imaginer, par ton icône la plus parfaite : ton Fils, Jésus, notre Christ. Par Lui et pour Lui nous te remercions et nous te chantons.

Des messagers et des émissaires, Tu sais  le nombre infini qui apparaît chaque jour. Et en ton Nom, bien entendu. Répondant à nos peurs et à nos inquiétudes. Proposant des remèdes et des  miracles, des lendemains heureux et le bonheur complet, comme le pain. Ton Fils, notre Seigneur, Lui il a agi et a parlé. Il a dit des choses et les a mis en pratique. Venant nous montrer le chemin de la vie, il nous a parlé de la mort. Et il en est mort. Il nous a parlé de la Vie et, par ton Esprit, il est Vivant.   Que ce même Esprit fasse de ce pain et de ce vin, humbles présents que nous t’offrons, le Corps et le Sang du Christ.

Ainsi nous faisons ce qu’il nous a dit de faire et de dire : sa vie, sa mort et sa résurrection. Son mémorial. Et en attendant son retour nous l’annonçons et nous le proclamons.
Engendrés à la foi que nous avons été par des témoins qui nous ont rencontré et parlé, par des disciples dont la vie nous interloque et nous questionne, nous voilà, à notre tour envoyés comme les soixante douze. Car, en effet, une fois que nous avons rencontré ta Parole, Ton Fils Jésus-Christ, comment ne pas être dans la joie contagieuse, comment cette vie qui nous est donnée ne se laisserait pas deviner et voir à travers nos actes et nos paroles, malgré ses maladresses et ses innombrables limites ? Oui, que nous tous, partageant le repas du Seigneur, envoyés en mission pour dire et faire nous soyons le Corps du Chris grâce à ton Esprit.
Que l’Eglise, le corps du Christ, ait autre chose à dire et à faire que la nostalgie rance d’une langue morte ou des rituels relevant d’un sacré glacé.
Nous te prions, Dieu notre Père, pour tous ceux qui croient au Christ, autant pour nous que pour ceux qui ne pensent pas comme nous.