01 juillet
"Toi va annoncer le règne de Dieu"
Je reprends la dernière phrase de l’épître
aux Galates : « mais en nous laissant conduire par l’Esprit,
nous ne sommes plus des sujets de la loi ».
Si nous ne sommes plus des sujets de la loi, qui sommes-nous ? Qu’est
ce qui fait notre identité ?
En écho à ces questions, voici quelques extraits des échanges
que nous avons eus lors de l’atelier de samedi dernier sur le thème
de l’identité.
« L’identité, ça bouge au fil du temps,
en fonction des événements ».
« L’identité, ça se construit petit à
petit, par couches. Y a t il place pour Dieu à l’œuvre
dans ma vie ? Vais-je Lui laisser accomplir le plan qu’Il a pour
moi ? ».
« Mon identité m’échappe, mais elle m’est
renvoyée par les autres »
« L’identité est composite, avec des tensions
entre plusieurs composantes et c’est pour cela qu’elle est
évolutive. Ce sont ces tensions qui nous font bouger. ».
« Cette tension intérieure est bénéfique
quand elle n’écrase pas et qu’elle suscite un dialogue
intérieur qui ouvre à l’écoute, à la
compréhension de l’autre. »
« La vocation de l’homme, c’est de vivre avec les
autres. Le regard de l’autre, l’échange avec l’autre
nous interrogent, nous font bouger ».
Marie-Françoise Guérin
Celui qui met la main à la charrue...
Faut-il appuyer fermement sur la charrue et avancer, ou faut-il la brûler
?
L’utilisation contradictoire de la même image de la charrue
marque bien l’évolution, voire même la révolution
qu’il y a entre Elizée et Jésus.
Pour le premier l’appel à la mission suppose une rupture
totale avec sa vie, son travail, son clan.
Jésus appelle au contraire ses disciples à approfondir et
à affermir leur sillon.
Nous nous rassemblons ici, au cphb de St Merry, parce que nous sommes
convaincus que nous avons un sillon à tracer, individuellement
et ensemble.
L’Évangile est une parole qui s’adresse à la
société tout entière
et d’autant plus à une société comme la nôtre,
sécularisée, devenue complètement profane.
Il s’adresse à la société à travers
nous
Nous sommes responsables de cette parole : de son élaboration,
de son impact, de ses conséquences qui nous engagent.
On ne peut transmettre une parole sans la risquer
C’est quand on la transmet qu’on voit si elle est vivante,
libérante, fertile.
Notre acte de foi est souvent hérité de nos parents, surtout
si nous avons reçu une éducation chrétienne.
Mais même s’il est récent, l’avons-nous remis
en jeu ? L’avons-nous risqué ?
Remis en terre, au risque de le perdre s’il ne germe pas, pour qu’il
donne un nouvel arbre, vivace, fécond, fertile.
Ce qui nous permet de le vérifier ce sont nos liens avec les générations
qui nous suivent, celles de nos enfants.
Les pères et les mères ont à apprendre de leurs enfants.
Beaucoup sont surpris de ne pas retrouver chez leurs enfants ce qu’ils
avaient voulu et cru leur transmettre.
C’est ne pas admettre que ce qu’ils ont transmis ait été
réinvesti, à nouveaux frais, et que cela donne tout autre
chose chez les enfants que ce que cela donnait chez les parents. Il serait
intéressant de savoir ce que devient la foi : nous avons à
l’apprendre des nouvelles générations.
Parce que les différences qui apparaissent montrent combien nous
avons vécu ces dernières années une accélération
du changement de notre rapport au monde et aux autres.
Une communauté comme la nôtre, active, pas trop mais très
active, une vingtaine de groupes qui ne chôment pas,
Une communauté comme la nôtre, si elle baisse sa vigilance,
risque de dépasser peu à peu, sans s’en rendre compte,
le bord de la falaise et de se retrouver dans le vide sans rien comprendre
de ce qui lui arrive.
Je crois que le changement que nous vivons nous-mêmes puisque nous
ne sommes pas hors du monde,
n’est pas visible à travers nos activités, si nombreuses
et exposées soient-elles : Des pauvres, des exclus vous en aurez
toujours, dit Jésus, des enfants, des collègues de travail,
des communautés aussi, nous en aurons toujours.
Ça, ça ne change pas beaucoup, et ce que nous faisons avec
eux, pour eux, le nez dans le guidon, ne change pas beaucoup non plus,
même s’il convient de l’adapter toujours, ce que nous
faisons.
La question se pose davantage aux deux extrémités, au deux
bouts de la chaîne.
D’un côté : quelle est la source de ma foi, dans quelles
recherches suis-je engagé ?
De l’autre : dans quels travaux, dans quels labours, dans quels
combats dois-je l’investir ?
La source de ma foi :
Où vais-je trouver la Parole de Dieu sinon dans la parole des hommes
de mon temps ? Où vais-je trouver le Royaume sinon dans le monde
où je vis ? Si l’un et les autres changent — c’est
bien ce qui se passe en ce moment— c’est ma foi qui doit changer.
Il nous faut donc revenir aux sources de notre acte de foi.
Un moyen est d’interroger les générations nouvelles,
je l’ai déjà dit : comment croient-elles ?
Un autre moyen est de renouveler notre approche du monde et des relations
que nous avons avec lui et avec les autres : c’est le projet Art&Foi
qui vous est annoncé aujourd’hui pour l’an prochain,
et sur lequel nous reviendrons à la rentrée.
À l’autre bout il y a nos combats :
Ils risquent vite de devenir un duel contre des moulins à vent,
s’il ne sont pas constamment réactualisés et resituées
dans la réalité.
Nous sortons d’une campagne électorale qui nous a permis
de passer au crible bien des aspects de notre vie publique,
Auxquels nous réagissons, ou non, en tant que Chrétiens-citoyens.
Mais la vie est faite de bien d’autres choses, pour lesquelles nous
avons tout autant de responsabilités.
Lors de notre dernière Assemblée Générale
nous avons pu voir combien nous avons besoin de nous parler de tout ça,
besoin de nous parler tout court.
Il faut sans doute mettre en œuvre de nouveaux moyens pour répondre
à ce besoin, des propositions vont vous être faites l’an
prochain.
Même si nous allons la mettre remisée pour les vacances,
il n’est pas question de brûler la charrue, elle est plus
utile que jamais ! je résume :
— Poursuivre nos activités en les adaptant toujours plus
aux besoins.
— Approfondir notre acte de foi, comment est-ce que je crois aujourd’hui
?
— Rester en alerte, dans ce monde dont nous sommes responsables,
pour être prêts à nous engager dans les combats essentiels.
La liberté chrétienne telle que Paul la décrit,
spécialement dans sa lettre aux Galates, est une des formes les
plus élevées de la liberté pour les hommes et les
femmes de monde.
Père
Il y a en nous, comme en tout homme, en toute époque
une nostalgie religieuse :
pour nous en sortir, il suffit de faire un sacrifice au(x) dieu(x)
Nous mettons Dieu au singulier mais cela ne change rien :
nous offrons nos sacrifices
et lui doit se mettre au travail
Ton fils, Jésus récuse cette attitude :
Il l’a dit à ses disciples :
« les solutions dont vous avez besoin sont dans le monde,
Les solutions dont les hommes ont besoin, à vous de les trouver,
je vous y précède. »
il l’a dit, et il s’est mis en route
il tourné son visage vers Jérusalem et il est parti
pas vers la Jérusalem de la terre de Palestine, qu’ils connaissait
bien,
ville endormie et corrompue
mais derrière elle, vers celle où tu règne
où tu nous attends
où tu nous rassemble
celle qui est le but ultime de notre labour
Celle où la terre et le ciel t’acclament
En chantant…
Jacques Merienne
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