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3 juin
Fête de la Sainte Trinité.
Bonjour……
C’est aujourd’hui la fête de la TRINITE !
Et je nous dis, à tous, « Bonne fête », car la
fête de la Trinité,
c’est la fête de l’Homme, être humain créé
par Dieu « à son image ».
( En montrant la phrase du lutrin)
« Qu’est-ce que l’Homme pour que tu penses à
lui ? »
Les textes que nous allons écouter et méditer sont très
beaux mais peut-être un peu difficiles, ils nous tirent vers une
théologie qui nous dépasse et nous déplace.
Il est vrai que ces textes ont été écrits AVANT
la mise en place du dogme de la Trinité, disons plutôt du
« mystère de la Trinité » qui est, nous le savons,
l'un des trois principaux mystères des chrétiens, avec celui
de l’Incarnation et celui de la Rédemption.
Le mystère de la Trinité a été élaboré
peu à peu, il a fallu 2 ou 3 siècles de vie de l’église
et deux ou trois conciles pour lui donner forme et langage :
• Forme ?
L’idée même de Trinité essaie de traduire l’expérience
que l’homme a de sa relation à Dieu, une expérience
vraiment humaine de dépassement de soi-même. Ce qui compte
encore aujourd’hui dans le mystère de la Trinité,
ce n’est pas une vérité abstraite à imaginer,
mais cette relation à soi-même, aux autres nos prochains,
et à Dieu :
Dieu Père, tellement Amour qu’il engendre un Fils,
Dieu Fils, donné pour les Hommes et qui lui-même répond
librement à son Père, animé par le Souffle de l’Esprit,
Esprit d’amour, de relation, de connaissance.
• Langage ?
Déjà Augustin, l’évêque d’Hippone,
disait l'inadéquation, l’impuissance du langage pour définir
la Trinité : un seul Dieu, trois personnes ?
« … une personne divine ? Soudain toute parole humaine devient
impuissante. Aussi disons-nous trois personnes, moins pour dire quelque
chose que pour ne pas garder un silence absolu. » (Trin. V, 9, 10).
C’est pourquoi il est bon que les textes que l’Eglise nous
donne ce dimanche (texte des Proverbes, évangile de Jean, lettre
de Paul) apparaissent comme décalés : car s’ils nomment
le Père, Jésus le Fils et l’Esprit, ils parlent
de l’Homme,
de l’amour,
de la parole vivante incarnée aujourd’hui dans notre monde.
Céline Dumont
Lecture de la lettre de Paul aux Romains chapitre
5
"Dieu nous a sauvés par la foi ;
nous sommes ainsi en paix avec Dieu par Jésus le Christ,
qui nous a donné, par la foi, l'accès au Royaume dans lequel
nous sommes accueillis ;
et notre fierté à nous, c'est d'espérer avoir part
à l’éclat de Dieu.
Mais ce n'est pas tout :
toute oppression subie fait notre fierté, puisque l’oppression,
nous le savons, forge la résistance ;
la résistance procure la force dans l’épreuve,
la force dans l’épreuve produit l'espérance ;
et l'espérance ne trompe pas,
puisque l'amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs
par l'Esprit Saint qui nous a été donné."
Cette traduction de la lettre de Paul que je viens de vous lire nous
est proposée par Jacques, dans un langage plus proche du nôtre
que les traductions habituelles. Jacques, je t’en remercie : en
effet, quand nous nous sommes retrouvés pour préparer la
célébration mardi soir, des expressions telles que «
la persévérance produit la valeur éprouvée
» ou « la détresse fait notre orgueil » nous
laissaient songeurs…
Mais si la forme du discours doit évoluer pour rester audible,
il reste que son message reste celui de l’évangile : un message
toujours d’actualité, l’espérance. Je l’ai
vécu encore cette semaine. Nous accompagnons depuis des mois, dans
le cadre du Réseau chrétiens immigrés et de Solidarités
nouvelles face au chômage, une jeune femme sans papier et sans contrat
de travail. Nous avions exploré pour elle piste sur piste, noué
contact après contact, aplani la difficulté de l’épreuve
d’embauche quand, finalement, elle manqua sa chance. C’est
peu dire que nous avons été consternés … Quel
échec quel dommage ! Et puis j’ai senti - très vite
- au fond du cœur - un élan qui me portait vers elle.
J’ai repensé à tout ce qu’elle supportait depuis
12 ans, et à notre accompagnement qui, nous avait-elle dit, avait
changé sa vie. J’ai alors prié pour que cet esprit
de Dieu - toujours invisible mais toujours présent - nous donne
la force de l’espérance, la force de rebondir, de transformer
notre lassitude et notre inquiétude en courage et en optimisme.
Dans le journal La Croix d’hier, Henri Madelin parle de l’Esprit
comme d’une lampe intérieure qui maintient la flamme de l’espérance
à travers la succession des jours
et des nuits. C’est lui qui permet de donner à situation
désespérante à la lumière de la solidarité,
et la chaleur de l’amitié. C’est bien là la
Sagesse de Dieu.
Une phrase du film « Le scaphandre et le papillon » m’a
fait repenser à la lettre de St Paul. Vous le savez peut-être,
le personnage principal est totalement paralysé et incapable de
communiquer autrement que par le clignement d’un œil. A un
moment un de ses amis qui a été otage au Liban pendant 4
ans lui dit « il faut s’accrocher à ce qu’il
y a d’humain en nous ». « S’accrocher à
ce qu’il y a d’humain en nous ». N’est-on pas
dans le sacré de l’Homme, cette flamme intérieure,
déjà éclat de Dieu ?
Marie-Odile Barbier-Bouvet
Évangile : Jean 16/12-15
Quand il écrit Jean n’a pas l’idée de «
la Trinité »,(elle viendra plus tard, confirmée par
les premiers conciles) il en a l’intuition, on peut dire l’expérience.
Dieu fait entrer l’homme dans son intimité. L’homme
découvre Dieu en sa demeure.
Le Père donne au Fils sa parole, le fils la donne à l’homme
par l’Esprit. C’est comme une chaîne dont l’unité
des trois premiers maillons, le Père, le Fils et l’Esprit,
fait que le quatrième, l’homme, peut être accroché,
être pris dans cette unité, dans cette indivisibilité.
L’unité des trois permet la solidité du lien avec
le quatrième maillon: l'homme. Une trinité à quatre!
La Notion théologique de Trinité, les premiers chrétiens
vont l’aborder notamment par deux voies : D’abord la prière.
Prier c’est faire l’expérience d’une impossible
coïncidence avec soi, je n’arrive pas à trouver les
mots pour dire ma vie et pourtant c’est moi qui prie et qui vit.
je suis plusieurs et tente de retrouver mon unité dans la prière.
Trouver les mots pour me trouver.
Prier c’est faire l’expérience de notre naissance au
langage
Comme un nouveau-né qui trouve sa première syllabe, puis
un enfant qui trouve son premier mot, puis un homme qui ne parle pas pour
ne rien dire .
On en en a des choses à dire, à se dire de ce qui se passe
ici dans ce monde!
comment on y vit,
comment on y souffre,
comment on y est heureux
Quand je fais l’effort de dire qui je suis, je le deviens, je deviens
davantage moi-même
quand je fais l’effort de dire que je l’aime à celui
ou celle que j’aime, je l’aime davantage, car, comme disait
le poète, il n’y a pas de preuve d’amour, il n’y
a que des mots d’amour
il n’y a pas de plus belle preuve d’amour que de donner sa
vie pour ceux qu’on aime,
car paradoxalement ce qu’on laisse à ceux qu’on aime,
ce sont les mots qu’ils ont recueillis dans la mémoire et
dans le cœur,
et que ce lien dans le langage traverse la mort.
Depuis que le verbe s’est fait chair : saveur, sève, souffle
Aucune phrase au monde ne peut se réduire à son sens :
il faut un langage pour que le sens existe, se transmette, il faut des
mots pour prononcer des paroles, il faut des bouches pour articuler les
mots.
C’est la deuxième voie d’approche : la chair
Au moment de l’Empire Romain, à l’époque du
Christ et de la première communauté chrétienne, les
juifs s’interrogeaient pour savoir, non comment on devient juif
: c’est par la naissance ! Mais par QUI on devient juif : par le
père ou par la mère ?
La mère prouve la filiation par son ventre, par sa chair.
Le père ne peut que reconnaître : c’est par sa parole,
par son témoignage que passe la filiation. (ce que l'ont cherche
à contourner par l'ADN)
La majorité des juifs ont opté pour la filiation par la
mère, peut-être par besoin de preuve charnelle.
Les chrétiens ont rassemblé les deux filiations en prononçant
le verbe fait chair :
Dieu est Père par sa parole et son témoignage : celui-ci
est mon Fils bien aimé!
Mais Dieu est aussi « Mère » par le don de la vie,
de SA vie. Il vous faut renaître de l’eau et de l’Esprit,
l’expérience de la naissance À la parole devient naissance
PAR la parole.
Aujourd’hui nous vivons ces deux voies dans « l’engagement
» :
S’engager c’est mettre en rapport ce que l’on dit et
ce que l’on fait
L’engagement c’est unir les deux : la chair et sens
La trinité c’est dieu engagé dans le monde
L’engagement c’est une incarnation.
Jacques Mérienne
Prière universelle
Qu’est-ce que l’homme ?
L'homme, c'est un immigrant coincé dans un filet à thons,
repêché en Méditerranée
un être bafoué, ou à la rue, ou sans papiers, ou sans
travail, mais
Un homme qui t'espère
L'homme, c'est une femme qui met en terre son fils unique, là-bas,
ici,
cette femme qui se baisse, en rentrant, pour soutenir un voisin qui trébuche
Une femme qui t'espère
Qu’est-ce que l’homme ?
Un homme malade, souffrant, ou dans la peine,
un homme, avec toutes ses questions et tous ses doutes, mais
Un homme qui t'espère
Un homme agissant, plein de projets de rencontres, un homme qui va de
l'avant
un homme qui écoute, qui partage, qui participe d'une Eglise ouverte
sur le monde,
Un homme qui t'espère
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