Prises de paroles

 

13 MAI - 6ème dimanche de Pâques

« Son Esprit est à l’œuvre en nos mains »

Lectures : Lecture du livre des Actes des Apôtres - Ac 15, 1…29
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean - Ap 21, 10…23
Evangile de Jésus Christ selon saint Jean - Jn 14, 23-29

Paix de Dieu …Paix des Hommes

S’il convient de rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est Dieu, la parité entre la paix de Dieu et la paix du monde n’est pas aussi évidente qu’on peut le croire. Autrement dit, c’est toute la tension entre l’Esprit de Dieu et l’action selon nos Lois humaines que ces textes nous donnent à méditer. Pour Saint Jean, en écho à cette tension, il ne s’agit plus d’attendre un quelconque retour du ressuscité, il s’agit de s’ouvrir au fait que Dieu vient habiter chez nous, il vient habiter chez tous ceux et celles qui aiment, parce que pour ceux-là il n’y a plus de Temple où Dieu habite, mais il y a désormais ce lien très fort qui traverse toute l’humanité et que nous puisons à la source divine, le lien d’amour. Et le signe de ce lien très fort est la paix.
En fait, la consigne d’aimer le prochain n’était pas nouvelle, ni chez les philosophes, ni dans la Bible. La première Alliance en faisait un précepte, souvent étouffé, hélas, dans un maquis de prescriptions. Deux caractéristiques fondent la nouveauté du commandement de Jésus : il en fait un commandement semblable à celui d’aimer Dieu et il concerne tout homme considéré comme un frère, sans limites ou frontières. Mais la nouveauté la plus radicale ici est sans nul doute l’exigence d’aimer le prochain à la manière de Jésus, avec la même humilité, la même volonté du service et le même don de soi que lui. Cette nouveauté-là (Esprit du Christ) nous emmène plus loin que les frontières, plus loin que nos lois et nos temples, plus loin que nos assurances et nos justifications. Nous sommes loin d’un vague sentimentalisme. Il s’agit donc d’aimer l’autre différent, étranger à mes habitudes, à mes sentiers battus, l’autre qui a un nom, l’homme ou la femme qui se noie dans ses faiblesses et ses erreurs…Le « comme je vous ai aimés » ne nous conduit pas à mettre sur le même pied d’égalité la paix de Dieu et la paix de hommes. Parce qu’aujourd’hui, il y a des règles qui soutiennent, il y a des règles qui bloquent. En quoi nos règles nos lois soutiennent nos initiatives, nos vies, notre action, en quoi des règles bloquent ?
Voilà une question qui ouvre un label de qualité. « A ce signe, on vous reconnaîtra pour mes disciples. Nous présentons, il est vrai d’autres signes extérieurs juridiques, sacramentels ou liturgiques, de notre appartenance au Christ et à l’Eglise, mais ils sont authentifiés dans l’amour fraternel. Si, en Christ, tout homme est un frère, n’en oublions pas pour autant notre prochain le plus proche. Ce prochain-là est celui ou celle qui partage notre vie, celui ou celle que précisément nous avons le devoir d’accompagner, de faire vivre, de protéger et de rendre heureux : notre conjoint, nos enfants, nos parents, nos employés, nos voisins du pallier. Dès lors, nous ne pouvons pas ne pas risquer une parole féconde face à notre modernité où l’individualisme effréné avec l’augmentation de la mobilité et une certaine indifférence aux instances de solidarité, où la culture scientifique et technique valorise beaucoup plus le résultat, la performance que les valeurs humaines. Une parole proposée, engagée, au-delà de toutes nos divergences est un véritable service rendu à notre monde, au nom de l’amour du Christ.
Je crois qu’il est vital que les communautés chrétiennes témoignent de cela. On aimerait entendre ceux qui regardent l’Eglise de l’extérieur dire plus souvent ce que l’on affirmait des premiers chrétiens : « voyez comme ils s’aiment ! ». Alors, mettons-nous à l’écoute de l’Esprit Saint qui nous ouvrira au mystère de l’amour du Christ.
Donatus
Louons le Seigneur

Oui Seigneur, nous voulons te rendre grâce par ton Fils Jésus-Christ notre Seigneur. Par lui, signe de ton amour pour l’humanité toute entière, tu nous enseignes tes voies, tu nous fais connaître ta sagesse et la vérité d’amour qui nous sauve.
Dieu de l’alliance, nous te bénissons pour ta présence au milieu de nous et pour l’Esprit qui répand dans nos cœurs l’amour dont jésus nous a aimés. De proche en proche brûle cette flamme : qu’elle fasse de nous de vrais disciples du Christ, heureux de prier d’un même cœur et de rendre témoignage à son action.
En proclamant Seigneur que tes chemins sont amour et vérité pour qui est à l’écoute de ta parole, nous voulons redire notre action de grâce en Église, peuple de l’alliance, et joindre nos voix à celles des anges et de tous les saints pour chanter et proclamer.

Dieu notre Père, en faisant mémoire de ton Fils, de sa passion qui nous sauve et de sa glorieuse résurrection, donne-nous de savoir ouvrir nos cœurs à ton commandement d’amour. Qu’au travers de nos débats de fond sur les questions actuelles autour de la paix, de l’immigration, la mondialisation, l’avenir de notre univers, les communautés chrétiennes (au-delà de leur différence, de leur limite, de leur frontière) gardent, en toutes circonstances, la fécondité de leurs prises de parole forte, engagée, ouverte et fidèle au Oui du Christ à l’humanité toute entière et pour la paix véritable.

Aujourd’hui, Seigneur Jésus, tu confies à tes disciples une nouveauté radicale : « comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres ». Aimer son prochain, c’est jour après jour, le supporter, le respecter, lui pardonner, lui dire la vérité, partager ses joies et ses peines. A de tels signes, chacun reconnaîtra que nous appartenons à cette grande famille humaine. Apprends-nous, Seigneur, à mettre nos pas dans les tiens, à chercher, non à dominer, mais à servir, à donner non seulement de notre superflu, mais ce qui est important pour nous-même, à être acteurs et porteurs audacieux non seulement de l’espérance sans frontière, mais de charité active et de dialogue respectueux. Combles-nous de l’amour qui, de toute éternité t’unit au Père et à l’Esprit Saint.

Seigneur, tu nous appelles à aller au bout de nous-même, au-delà de tout frontière, et tu nous fais connaître tout ce que tu as appris de ton Père. Sur nous tous ici rassemblés en ton nom, sur tous ceux qui se dévouent corps et âme pour la civilisation de l’amour, dans la lutte pour la paix, dans leur engagement pour la reconnaissance de ta présence aux travers des visages des nos frères et sœurs, oui pour tous ces missionnaires de l’amour, nous implorons ta bonté vivifiante et confions à ta miséricorde tous nos défunts (communauté, ecclésiale, familiale). A l’instar de la Vierge Marie, des Apôtres et des Saints, ouvre-nous Seigneur à l’heureuse écoute de l’Esprit Saint pour cheminer de la méfiance à la confiance, de l’inquiétude à l’accueil, de l’indifférence à l’engagement, de l’intérêt à la gratuité de ton Amour qui nous invite à la Plénitude de la Vie.

Donatus