Prises de paroles

 

22 Avril - 3ème dimanche de Pâques

« Que notre cœur soit en fête ! »

Lectures : Lecture du livre des Actes des Apôtres - Ac 5,27…41
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean - Ap 5,11-14
Evangile de Jésus Christ selon saint Jean - Jn 21, 1-19

Accueil
Bonjour à tous, les amis d’ici, et puis les amis de juste à côté.
C’est aujourd’hui le 3ème dimanche de Pâques, et nous continuons le chemin des premiers pas de cette église qui est la nôtre, et qui se cherche dans la présence-absence de Jésus.
Dimanche dernier, c’est en tant qu’individu que nous avons dit notre foi - pour nous, qui es tu Jésus ?
Aujourd’hui, nous vous proposons de poursuivre cette question de façon collective : quelle est notre inscription à nous, CPHB, dans ce projet d’église qui s’invente, hier à ses tout débuts, aujourd’hui parmi nos multiples interrogations, et puis demain ?…

Valérie le Peltier

Commentaire à partir de Jn21

Ce chapitre XXI de l’évangile de Jean est comme un partage d’évangile (nous les faisons les lundi à 19h 30 ou les mardis à 20h30 pour préparer ces célébrations)
Lire et déchiffrer une page d’évangile et la confronter à notre vie : notre vie en communauté, en église, avec nos frères, avec ceux qui nous entourent.

L’auteur reprend le récit de la pêche miraculeuse au début de l’évangile de Luc. On l’a lu cette année : après leur avoir fait ramener une quantité énorme de poissons, Jésus déclare à ses amis « je ferai de vous des pécheurs d’hommes ».

Comment fait-il des disciples des « pécheurs d’hommes » ?
En leur donnant l’Eglise !
Quand l’auteur relit ce texte de Saint Luc, il a déjà l’expérience des débuts de l’Eglise et il peut proposer une réponse.

Dans cet épisode, toute la jeune Église est mise en scène.
Il y a le « prophète » (le disciple que Jésus aimait) qui sait reconnaître le Christ n’importe où, même dans les situations les plus étranges, même la nuit au loin. C’est lui qui raconte l’histoire. Il annonce sa découverte, sa sincérité emporte la conviction.
Et il y a le disciple qui revêt le vêtement de fête, Pierre revêt la robe du baptisé que l’on porte pour le festin du Royaume.
Pierre qui plonge dans la mort avec le Christ pour son baptême,
et qui reçoit la nourriture : Corps du christ pour devenir corps du christ, en assumer la responsabilité, en recevoir le pouvoir au nom de toute l’Église.
Et l’auteur reprend la conclusion qu’avait déjà donnée à cette scène Luc dans son évangile : Jésus appelle : « suis-moi ! »

Pourquoi lui ? Il est la figure de l’Église, mais ce n’est pas une réponse. Difficile de répondre. Pas plus qu’il est facile de répondre chacun pour soi : « pourquoi moi ? », car chacun de nous est appelé.
La foi commune qui nous rassemble ce matin est aussi la foi singulière de chacun. Chacun la vit et la formule à sa manière, comme nous l’avons fait dimanche dernier en répondant à tour de rôle à la question : « qui est Jésus pour moi ? ». Il est important pour tous que chacun ait une réponse personnelle : nous ne sommes pas rassemblés par des slogans communs.
Question que l’on se pose toujours et réponse qu’il faut toujours reformuler.
Réponse toujours à répéter au risque de devenir une routine, le danger de croire que ce qu’on a cru un jour, on le croira toujours.
Ou bien réponse toujours à répéter qui peut devenir exaspérante, comme pour Pierre qui finit par refuser de répondre : « si je t’aime tu le sais bien toi-même puisque tu sais tout ».
En refusant de répondre il cesse de s’appuyer sur sa propre certitude, «je t’aime », pour s’en remettre à la certitude de l’autre, à la certitude du Christ : « Tu sais que je t’aime ».

Du coup sa propre foi cesse d’être visible pour lui-même : c’est toi qui sais, pas moi…
On est là au cœur de ce qui est le plus étrange dans la foi chrétienne : celui qui croit ne sait même pas si il croit vraiment.
C’est facile à comprendre quand on a été amoureux : on demande toujours à l’autre, pour être sûr, « dis-moi que tu m’aimes, dis-moi que tu m’aimes, dis-moi que tu m’aimes ! », alors qu’on ne peut vraiment s’en sortir qu’en lui demandant : « dis-moi si je t’aime, dis-moi si je t’aime, dis-moi si je t’aime ! ».
Il faut accepter le perpétuel porte-à-faux : croire ce n’est pas s’asseoir sur une certitude, c’est, comme le dit Paul, « courir en avant pour saisir celui qui m’a déjà saisi. »

Cette approche de la foi comme invisible à celui qui croit est souvent niée, parce que c’est un déséquilibre inconfortable, une faiblesse. Cette approche est négligée tout comme sont négligées par les cathos la foi en l’Esprit Saint et en la Trinité… C’est d’ailleurs lié ! On nie facilement ce qui bouge, ce qui déplace, ce qui s’échappe.

Portant on retrouve cela quand on vit en Église : le phénomène s’amplifie. Quand la foi singulière de chacun devient la foi commune, elle ne devient pas plus explicite. Mais ensemble nous croyons, c’est l’amour que nous avons les uns pour les autres qui nous permet de l’affirmer : « à l’amour que vous aurez les uns pour les autres , on reconnaîtra que vous êtes mes disciples (Jn13/34)», on reconnaîtra que vous croyez.

Pour les croyants que nous sommes, rassemblés dans une communauté conviviale, fraternelle, active, et donc visible de l’extérieur, où est l’église ? Sommes-nous l’Église ? Avons-nous une parole d’Église ?
Question que l’on se pose toujours et réponse qu’il faut toujours reformuler.
COMMENT, RESSENTONS-NOUS NOTRE APPARTENANCE A L’EGLISE ?
Réponse toujours à répéter au risque de devenir une routine, le danger de croire que ce qu’on a été un jour, on le sera toujours.
Réponse toujours à répéter qui peut devenir exaspérante… Car l’Église devient vite invisible vue de l’intérieur.
Vouloir expliciter ce qu’on vit en communauté peut paraître du nombrilisme, alors que c’est au contraire accepter de recevoir notre Église de l’Esprit Saint.
« Quand j’étais avec eux, dis Jésus à son Père, je les protégeais, maintenant je vais vers Toi et je leur parle pour qu’ils soient replis de Joie. »

Jacques Mérienne.

Revenons à l’évangile d’aujourd’hui qui, comme Jacques nous l’a dit, n’est pas un récit historique, si vivant soit-il.
Il nous rappelle comment l’église a démarré :
- une poignée d’hommes,
- témoins de la résurrection,
- habités par l’Esprit Saint, l’Esprit Saint qui leur permet d’obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes.

Cet évangile nous permet de discerner comment le Christ organise son église, comment il la confie à Pierre,
comment elle va être réellement sa présence dans le monde.

Et nous ? Comment, ressentons-nous notre appartenance à l’église ?
C’est en petits groupes que nous vous proposons maintenant d’en discuter. Quels liens, nous, communauté de Saint-Merry, avons-nous avec elle ?

Marie-Odile Barbier-Bouvet


Prière universelle

Aujourd’hui, notre pays entre dans une période d’élection : deux semaines intenses qui appellent au débat politique.
Pour tout ce qui se joue en chacun de nous, entre nous, entre les pays d’Europe et du monde, Seigneur, nous te prions.

- Chrétiens/ citoyens, nous sommes pleinement engagés dans ces débats :
Chrétiens, réunis en église, corps du Christ, nous proclamons la Justice et l’Amour de Dieu.
Ouvrons-nous nos oreilles pour entendre ce que l’Esprit nous dit ?
Ouvrons-nous notre bouche et notre courage pour le répéter ?

Citoyens, appelés au vote démocratique, tentons-nous de faire advenir la Justice et l’Amour que la Parole met dans nos coeurs?
Sommes-nous guidés par le désir profond de participer à l'amélioration de la vie commune ?
Seigneur, nous te prions.

- Que notre vote ne soit pas celui du « chacun pour soi » : en effet, chacun de nous engage tous ceux qui forment avec lui un peuple, pour un avenir qui est commun, quels que soient les choix exprimés.
C’est pourquoi, il est légitime d’apprécier, dans les projets en concurrence, la part accordée aux notions
de service, de respect, d’écoute et d’attention aux plus pauvres.
Seigneur, nous te prions.

- Le vote, acte politique qui donne à l’homme sa dignité, acte de raison et non d’émotion, permet :
• de rechercher les orientations sociales, économiques favorisant le vivre ensemble pour aujourd’hui, préparant l’environnement pour demain,
• de tendre vers la justice qui permet la cohésion de la société, l’équilibre et la paix entre les peuples,
• d’exprimer la fraternité car celui qui oublie la fraternité blesse sa propre humanité.
« Sans la fraternité, la liberté et l’égalité meurent de froid ».

Aujourd’hui, nous, chrétiens- citoyens,
ne craignons pas d’ouvrir des débats avec notre entourage !
Ne craignons pas d’écouter encore le prophète Michée (6, 3-8) :

« On t'a fait savoir, ô homme, ce qui est bien,
ce que Yahvé réclame de toi :
rien d'autre que d'accomplir la justice,
d'aimer avec tendresse,
de marcher humblement avec ton Dieu ».

Céline Dumont et Anne René-Bazin